
Tendance Conso. C’est une contribution qui fait bondir les artisans boulangers. Depuis le 1er janvier 2025, ils sont taxés sur les emballages papier et carton : 0,0079 € par passage en caisse. L’objectif : financer leur recyclage, et limiter leur utilisation. À Lorient, les boulangeries vont devoir s’adapter.
Par Lucie QUELLARD.
Servir le client, l’encaisser, et glisser soigneusement la baguette dans un sachet kraft : dans la boulangerie La Fournée, boulevard Svob à Lorient (Morbihan), c’est une gymnastique que maîtrise parfaitement Murielle Brenner, gérante des lieux. Mais ce rituel aura désormais un coût. Depuis le 1er janvier 2025, les artisans boulangers sont taxés sur les emballages papiers et cartons de leurs produits. Murielle Brenner discute avec un client habituel de la boutique. « Tout a augmenté dernièrement », souffle la responsable. Pour elle, cette nouvelle sème l’incompréhension.
Une charge de plus
Alors qu’ils payent déjà une écotaxe à l’achat des emballages, ils devront maintenant s’acquitter d’un impôt à la revente. Bien qu’elle comprenne l’intérêt écologique de cette mesure, la patronne reste perplexe. « On aurait davantage compris une augmentation de l’écotaxe », explique-t-elle. Ici, cette nouvelle charge leur coûtera 1 000 € par an. « Pour l’instant, nous ne l’avons pas répercuté sur le prix de vente, poursuit Camille Cointe, employée des lieux. Mais on va y être obligé. »
Alors que les prix de l’électricité et des matières premières ont flambé, cette contribution vient encore fragiliser leur trésorerie. « Nous ne pourrons plus faire certains produits », regrette la boulangère. Comme les brownies au chocolat.
À chaque début d’année, les boulangers devront remplir une déclaration sur Internet, pour indiquer la quantité d’emballages utilisés. Un casse-tête administratif supplémentaire. « Nous l’avons fait en début d’année, et ce n’est vraiment pas intuitif », observe Camille Cointe.
Macrine Remlinger, gérante de la boulangerie Le Goff, n’a, elle, pas encore rempli cette déclaration. « C’est encore du temps à investir dans un calcul complexe », confie-t-elle, amère. Pour elle, faire payer les emballages « serait faire fuir la clientèle »
De « nouvelles habitudes à prendre »
Dans la boulangerie Simon, Jean-Baptiste Simon, boulanger et gérant des trois boutiques de Lorient, vient de recevoir ce document par courriel. Sur sa tablette, il découvre les deux méthodes de calcul possibles. La première consiste à déclarer le nombre d’emballages utilisés en 2024. La seconde repose sur une multiplication : 0,0079 € par passage en caisse, multiplié par le nombre clients par jour, multiplié par le nombre de jours ouverts dans l’année. « Ça n’a pas de sens. Certains clients repartent avec plusieurs emballages, d’autres sans », s’agace l’artisan.
Morgane Piété, à la vente ce matin-là, sert une cliente qui a pris le réflexe d’amener son propre sac. « La boîte en plastique pour les pâtisseries, le sac pour sa baguette… Ce sont de nouvelles habitudes à prendre », déclare-t-elle, en glissant son pain dans son cabas.
Dans la boulangerie La Fournée, on a décidé de vendre des sacs à pain (20 €). Une façon d’inviter le consommateur à revoir ses habitudes en faveur de l’écologie, et du porte-monnaie de son boulanger.
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