« Je suis Charlie » partout, c’était il y a dix ans. Des mobilisations intenses à Quimper dont l’une, historique, a rassemblé jusqu’à 25 000 personnes, le 11 janvier 2015 au nom de la liberté. Retour sur une semaine d’union.
Par Steeven PELLAN.
Mercredi 7 janvier 2015 en fin de matinée, l’horreur frappe la rédaction de Charlie Hebdo, à Paris. Des rassemblements sont spontanément lancés en France le soir même. À Quimper, 1 500 Charlie, citoyens, élus sont venus dire leur dégoût face à la barbarie et cette attaque contre la liberté d’expression, crayons levés, sur la place Saint-Corentin. Une personne, puis une dizaine d’autres et la foule s’est mise à scander « Je suis Charlie ». Parmi elles, l’ancien député Jean-Jacques Urvoas : « À nous de rester unis », voulait-il.
Liberté chérie
Le lendemain, jeudi, vers 11 h 30, suite à l’appel du maire Ludovic Jolivet, la foule grandit. Plus de 3 000 personnes sont réunies, au même endroit. Un soutien fort, une émotion collective pour ne pas se séparer. De nombreux lycéens brandissent des pancartes avec toujours le mot : « Je suis Charlie ». Sur d’autres, est écrit : « Ils ne tueront pas la liberté », crayon en main. Symbole de la liberté d’expression. À cet instant, on est tous Charlie. De la foule, une voix ferme s’élève. C’est celle du chef de chœur Bernard Kalonn. Il entonne « Je chante avec toi liberté » avec ces paroles : « Quand tu chantes, je chante avec toi liberté. Quand tu pleures, je pleure aussi ta peine. Quand tu trembles, je prie pour toi liberté. Moi je crois que tu es la seule vérité. La noblesse de notre humanité. Je comprends qu’on meurt pour te défendre… ».
Des paroles que le choriste a suivies sur le téléphone d’une lycéenne qui s’est présentée à lui, n’ayant plus de batterie sur le sien. Un joli symbole de fraternité. La Marseillaise est ensuite entonnée une première fois. À midi, les cloches de la cathédrale sonnent. Silence. La Marseillaise improvisée reprend.
Ces jeunes et moins jeunes sont bouleversés. « Je suis venu avec mes copains pour protester contre un acte de terrorisme contre un symbole de la liberté d’expression. Nous avons été touchés par toutes ces vies gâchées », disait Gaétan, alors élève en seconde au Likès.
Au même moment, la présidente du Tribunal de grande instance a invité juges, avocats et auxiliaires de justice pour respecter une minute de silence à la mémoire des douze victimes de l’attentat, au sein de la salle des pas perdus. « La liberté d’opinion et d’expression sont nos valeurs communes, inaliénables et inaltérables. Soyons unis pour les défendre avec force. Vive la liberté, vive l’égalité, vive la fraternité », avait-elle énoncé.
Jusqu’à 25 000 personnes « pour Charlie »
Samedi midi, 10 janvier, la mobilisation se poursuit à Quimper, comme ailleurs. Ils sont toujours 1 500 à 2 000 dans les rues. Symbole d’unité, la foule reprend cette fois avec Bernard Kalonn « Je chante avec toi liberté ».
Un collectif quimpérois propose dans le même temps, en apportant un soutien à sa manière, de réaliser des broderies contre le terrorisme et pour Charlie. « Je ne sais pas dessiner, mais je sais broder pour Charlie », peut-on voir sur l’une de ces coutures, avec tous les « Je suis Charlie », de Chantal, Geneviève, Emily…
Les rassemblements continuent encore et encore en cette semaine particulière. Le plus massif sera celui du dimanche 11 janvier. Inédit. Historique. Près de 25 000 personnes émues et indignées ont déambulé dans les rues de Quimper contre la barbarie. Un long défilé sur les quais de l’Odet depuis la place Saint-Corentin dont on ne distinguait ni le début ni la fin.
Chantal, Elliantaise, confiait alors dans le cortège : « Il me paraissait important d’être là parce que les valeurs de la République sont en danger. Il nous faut défendre la liberté, la solidarité, la fraternité, qui sont bien mises à mal ». Fabien, faisait aussi partie de ceux présents. « Ça retourne les tripes cette histoire. T’es perdu mais pas tout seul. Ça fait chaud au cœur de voir tout ce monde marcher dans le même sens de la fraternité. On ne doit pas lâcher ». Dix ans après, on n’oublie pas. L’esprit Charlie doit perdurer. Ensemble.
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