Le plan de « sauvegarde de l’emploi » prévu par le géant du pétrole sur son site de Gravenchon, en Normandie, a été confirmé par les signatures de la CFE-CGC, puis de la CFDT lundi 30 septembre.
Par Pauline ACHARD.
Le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de la major pétrolière ExxonMobil pour le site de Port-Jérôme-sur-Seine, près du Havre (Seine-Maritime), a été entériné après que la CFDT l’a approuvé à contrecœur, ce lundi 30 septembre. « C’est avec un sentiment d’échec et après des mois de prise en otage psychologique que la CFDT a donné son aval à un plan qu’elle ne défend pas », explique, amer, le coordinateur Alan Droniou. Cette signature fait suite à celle de la CFE-CGC, qui s’est positionnée vendredi, à la surprise des trois autres organisations.
L’accord, présenté le 11 avril par le géant américain, prévoit l’arrêt du vapocraqueur du site normand, impliquant la suppression de 623 postes localement, sur les 2 400 personnes actuellement employées en France. Selon l’estimation des organisations syndicales, plus de 200 licenciements secs pourraient même en découler, « sans parler des milliers de travailleurs de la sous-traitance, dont d’emploi serait également menacé », enrage le représentant de la CGT chimie Christophe Aubert.
Chantage malhonnête
À la suite des négociations, les quatre organisations avaient annoncé le 6 août qu’elles ne signeraient pas l’accord sur le PSE. La direction d’ExxonMobil avait donc présenté deux semaines plus tard son plan unilatéral à la direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Drieets), en vue d’une homologation.
Celle-ci n’ayant pas encore été délivrée, la CFE-CGC a préféré lui couper l’herbe sous le pied, invoquant un « choix de responsabilité ». S’il est acté que l’accord entrera en application dès l’année prochaine, la CGT assure que, de son côté, elle ne souhaite pas s’y joindre. Le syndicat majoritaire Force ouvrière (FO) se prononcera, lui, mercredi matin.
Selon le délégué syndical de la CFDT Alan Droniou, sans accord, « les salariés auraient été en proie à un chantage malhonnête de la part de leur direction », tandis que depuis six mois, « déjà une vingtaine de démissions et une trentaine de départs en préretraite ont été enregistrés ».
« Notre employeur préfère mettre plus d’argent sur la table pour licencier que pour investir »
Ce « plan social » intervient alors que la multinationale se désengage depuis déjà quelques années du marché européen. En effet, ExxonMobil a déjà cédé son site de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), d’une capacité de raffinage de 7 millions de tonnes, à un nouveau consortium suisse, Rhône Énergies.
Le groupe aurait d’ailleurs, selon des rumeurs persistantes, la priorité d’achat sur le site de Gravenchon, pour trois ans, dès lors qu’il récupérera les clés de sa nouvelle acquisition, le 1er novembre. « Un tel projet dans le contexte actuel laisse présager un avenir très sombre pour notre branche », soupire Christophe Aubert, de la CGT.
Selon lui, « la mise en œuvre du PSE coûtera 400 millions d’euros, alors que les investissements nécessaires pour sauver l’emploi se mesurent à 250 millions. Notre employeur préfère mettre plus d’argent sur la table pour licencier que d’investir ».
De même que les trois autres organisations syndicales, la CFDT en appelle, dans un communiqué, « au nouveau gouvernement pour intervenir auprès de la direction afin de défendre l’emploi, les salariés et les sous-traitants du groupe ExxonMobil en France ».
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