Le quotidien britannique The Times vient de consacrer un long article à la grève des sardinières de Douarnenez en 1924 et 1925. Une nouvelle preuve de la place majeure occupée par le mouvement douarneniste dans l’histoire des luttes sociales internationales.
Par Dimitri L’HOURS
Totem incontournable de Douarnenez à l’international, le kouign amann a trouvé un sérieux concurrent cette année. En l’occurrence, la grève des sardinières de 1924 et en 1925, dont le centenaire devrait être largement honoré dans les prochains mois à Douarnenez, à l’initiative d’un vaste collectif local réunissant des associations, des entreprises et des particuliers. Preuve de la fascination exercée par la lutte sociale initiée par des ouvrières de conserveries douarnenistes, le quotidien britannique The Times (plutôt classé au centre-droit) vient d’y consacrer un large article, publié sur le site du journal le 8 mars.
Anthony Peregrine, l’auteur, présente dans les grandes lignes les revendications des ouvrières. Il y expose les différents événements qui ont jalonné le mouvement de son point de départ, le 21 novembre 1924, à son terme, 6 janvier 1925, date à laquelle les patrons de conserverie douarnenistes accèdent en grande partie aux demandes des plus de 2 000 grévistes, dont trois quarts de femmes. Mesure la plus emblématique adoptée à l’issue de cette grève : l’augmentation de 20 % du salaire journalier des ouvrières, qui passe de 0,80 à un franc, ce qui reste un niveau de salaire très bas par rapport aux moyennes nationales.
Un mouvement scruté à Moscou
A l’époque déjà, le mouvement fait les gros titres de la presse, non seulement en France (en particulier « L’Humanité », organe de presse du Parti communiste français) mais aussi à l’international. « Depuis Moscou, l’Internationale communiste s’intéresse au conflit et demande au Parti communiste d’être tenue informée », illustre l’historienne Fanny Bugnon, spécialiste du sujet, et l’une des sources sur lesquelles le journaliste britannique s’est appuyé (avec, entre autres, la Douarneniste Françoise Pencalet).
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Pour Anthony Peregrine, ces différents éléments mis bout à bout font de la grève des Penn Sardin « l’un des événements les plus importants de l’histoire du travail des femmes en Europe ». « Cela me semble un peu exagéré. Il y a eu d’autres grèves de femmes très importantes au cours du XXe siècle, le mouvement des Midinettes par exemple. Mais la grève a eu un retentissement important parce que c’est une grève de femmes, victorieuse et au cours de laquelle le maire de Douarnenez, Daniel Le Flanchec, a failli perdre la vie », tempère Fanny Bugnon.
« Pas un combat féministe »
« Je ne suis pas surprise de voir le mouvement trouver un aussi large écho encore aujourd’hui. C’est la conséquence du travail de mémorialisation lancé dans les années 1970 à l’initiative de personnalités politiques douarnenistes comme Michel Mazéas ou Jean Peuziat », poursuit-elle. « Le mouvement apparaît désormais comme un symbole de la lutte des femmes dans le monde du travail, même s’il faut rappeler qu’il n’était pas un combat féministe dans la mesure où il n’y avait aucune revendication égalitaire », rappelle l’historienne.
Des précisions qui n’enlèvent rien au travail effectué par le journal britannique et au coup de projecteur apporté sur la ville de Douarnenez et son histoire. D’autant que l’endroit, « superbe à visiter », a manifestement séduit Anthony Peregrine. Et même si « Douarnenez ne ressemble plus vraiment à un endroit propice aux révoltes ouvrières », différents tags et graffitis sur les murs de la ville témoignent, selon lui, « d’un activisme persistant ».
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