Le gouvernement ouvre la porte à un projet de loi contre le droit de grève (IO.fr-22/02/24)

La grève des contrôleurs, du 16 au 18 février, a été l’occasion d’un déchaînement de prises de position pour légiférer contre le droit de grève.

Par Gabriel CARUANA

C’est Laurent Wauquiez, pour LR, qui a ouvert le bal : « Les Républicains vont assumer leur responsabilité en déposant une proposition de loi destinée à interdire les grèves sur les périodes scolaires ».

Le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), annonce faire inscrire à l’ordre du jour du Sénat une proposition de loi sur le sujet déposée le 14 février qui prévoit d’octroyer au gouvernement un capital annuel de 60 jours d’interdiction de grève. L’auteur, le sénateur Hervé Marseille (UDI, centristes), ajoute : « Trop, c’est trop, si on avait affaire à des gens responsables, on ne serait pas obligé d’imaginer des dispositifs de cette nature mais il faut bien protéger les Français.  »

Attal : « Travailler est un devoir »

Gabriel Attal quant à lui déplore « une forme d’habitude, à chaque vacances qui arrivent, d’avoir l’annonce d’un mouvement de grève » des cheminots. « Les Français savent que la grève est un droit », mais « aussi que travailler est un devoir », a-t-il dit. En déplacement jeudi 15 février dans la Marne, il a encouragé le Parlement à s’emparer de ce débat. Et le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, déclare sur Sud Radio : « La question n’est pas le droit de grève, mais de savoir jusqu’où on n’en abuse pas.  »

Et le président des sénateurs macronistes François Patriat, annonce qu’il réfléchira à « toutes les évolutions » qui permettraient d’encadrer « ces grèves intempestives ». Il y a donc bien une volonté du gouvernement de légiférer s’appuyant sur LR et les centristes. C’est pour cela que nombre d’unions départementales syndicales, de fédérations ont immédiatement réagi, alliant soutien aux contrôleurs en grève et défense du droit de grève. Citons parmi les dizaines de prises de position reçues à notre rédaction.

« Nous ne nous laisserons pas faire »

« Attaque du droit de grève, nous ne laisserons pas faire », titre l’union départementale CGT de Seine-Maritime. « L’UD CGT se tient aux côtés et en appui de tous les syndicats CGT, de tous les salariés qui usent du droit de grève, parfois avec reprises de l’outil de travail, piquets, assemblées générales dans les services ou autre forme de vie démocratique, afin que leurs revendications soient satisfaites (…). C’est par la grève, à Revima et à Walor, que des augmentations salariales ont été obtenues ».

L’union départementale CGT-Force ouvrière de Loire-Atlantique « soutient pleinement l’action des cheminots et en particulier des contrôleurs. Elle condamne les propos d’Attal et de tous ceux qui autour de lui, veulent limiter et même détruire le droit de grève. Elle invite tous les syndicats de base à prendre position contre cette attaque inouïe.  »

« La campagne effrénée contre la grève des cheminots a une signification : partout il faudrait se taire (…)  », affirme l’UD CGT de la Somme. « Il ne faudrait surtout pas que la puissance de la grève des contrôleurs ne donne envie aux travailleurs de tous les secteurs de faire la même chose. A l’UD CGT, nous affirmons : pas touche au droit de grève ! Ils ont raison ! C’est par la grève qu’il nous faudra imposer les augmentations de salaire, l’augmentation du point d’indice.  »

Même tonalité du côté de la FNEC-FP FO : « Remettre en cause le droit de grève est une provocation ! Soutien total à la grève des contrôleurs de train ! Aujourd’hui le gouvernement Macron-Attal a décidé d’amplifier sa politique antisociale avec des mesures d’une rare brutalité : contre le Code du travail, contre le statut général (rémunération au mérite), contre les travailleurs et étudiants étrangers, contre la Sécurité sociale, contre l’Ecole publique… N’est ce pas pour mener à bien cette politique de destruction de nos droits collectifs qu’ils s’attaquent aujourd’hui au droit de grève ?  »

Toute ressemblance est fortuite…
Extraits d’un discours de Pétain en octobre 1940 « Tous les Français, ouvriers, cultivateurs, fonctionnaires, techniciens, patrons, ont d’abord le devoir de travailler . Ceux qui méconnaîtraient ce devoir ne mériteraient plus leur qualité de citoyen (…). Les organisations professionnelles (…) assureront, sous l’autorité de l’Etat, la rédaction et l’exécution des conventions du travail. Elles éviteront les conflits par l’interdiction absolue des “lock-out” et des grèves  (…). »

Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/02/22/le-gouvernement-ouvre-la-porte-a-un-projet-de-loi-contre-le-droit-de-greve/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/le-gouvernement-ouvre-la-porte-a-un-projet-de-loi-contre-le-droit-de-greve-io-fr-22-02-24/

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