« Nous sommes tombés de notre chaise devant l’appel à “participer à la marche pour l’Ukraine” » (IO.fr-1/03/24)

Kévin CREPIN

Intervention de Kevin Crépin au comité confédéral national (CCN) de la CGT (20 février), transmise par l’UD CGT de la Somme à ses syndicats.

« Je partirais de la question de la guerre, et de la guerre en Ukraine. Bien évidemment nous sommes solidaires du peuple ukrainien sous les bombes, solidaire des Ukrainiens envoyés à la boucherie par Zelinsky dans une guerre par procuration entre les oligarques russes et les capitalistes américains, qui n’en ont strictement rien à fiche du devenir du peuple ukrainien.

Nous sommes solidaires du peuple russe qui subit aussi la guerre, la conscription forcée.

Et c’est précisément pour ça que nous sommes tombés de notre chaise devant cet appel unitaire au 24 février, qui ne nous semble pas du tout en accord avec les revendications et les traditions CGT en matière de défense de la paix.

D’abord, l’Ukrainian World Congress, qui organise la manifestation du 24, soutient le dirigeant collaborateur du IIIe Reich, Stepan Bandera. On va fermer les yeux sur le fait de manifester avec des partisans du IIIe Reich ?

Bouter les Russes hors de Crimée, où vivent depuis toujours 98 % de Russes, comme le veut Zelinsky comme préalable à toute négociation, c’est à nous de fixer ça dans un appel syndical, comme condition du retour à la paix ?

Mais le plus grave, à nos yeux encore, est que la revendication du cessez-le-feu immédiat disparaît. Ce n’est pas acceptable. Ouvrons les yeux, les camarades ! Un vaste plan de réarmement de l’Europe et de la France est dicté par les grands impérialismes. On parle chez nos voisins de rétablir le service militaire prétendument pour se préparer à un affrontement avec les Russes !

Il est urgent qu’on réaffirme clairement que notre position est cessez-le-feu, l’arrêt des livraisons d’armes, l’arrêt de l’augmentation des budgets militaires !

J’en viens à Gaza. Il a fallu quelques jours pour sortir un communiqué unitaire des confédérations contre l’extrême droite en Argentine. On a sorti ce communiqué unitaire sur l’Ukraine dont on se serait bien passé. Mais toujours pas de communiqué unitaire des confédérations sur le cessez-le-feu à Gaza !

Nul doute pourtant qu’un communiqué de ce type serait un levier pour conforter les militants, les travailleurs qui se bouffent la pression, le chantage le plus odieux que décrivait Mathieu (Bolle-Reddat–Ndlr) avant moi. Il serait temps qu’on trouve l’adresse de l’ambassade d’Israël qu’on a réussi à trouver sur l’Argentine.

« Nous serions inspirés de regarder ce que font les syndicats américains »

À un précédent CCN, Sophie (Binet–Ndlr)  nous a dit qu’il fallait arrêter la litanie des manifestations qui baissent le samedi, pour construire une initiative d’ampleur.

Les camarades, je crois que nous serions inspirés de regarder ce que font les syndicats américains, qui ont lancé une coordination pour le cessez-le-feu à Gaza. Il y a des manifestations massives qui se poursuivent partout en Europe semaine après semaine. Et nous, il faut parfois chercher longtemps pour trouver les appels à manifester !

L’impulsion que nous donnons n’est pas du tout à la hauteur : le génocide s’intensifie, les gosses meurent de faim, de froid, de maladie !

Sur la suite : j’ai lu comme vous tous les documents de la fédé des organismes sociaux envoyés hier et je m’interroge. Le gouvernement a remis un document comme base de discussion sur le pacte de la vie au travail.

« On a intérêt à retirer très vite le doigt de cet engrenage et à dire non ! »

L’objectif de la négo donnée par ce document est d’accompagner l’allongement de la durée d’activité. Accompagner l’allongement de la durée d’activité. Accompagner le passage à 64 ans, accompagner la réforme des retraites contre laquelle des millions de travailleurs se sont dressés.

C’est notre objectif ça camarades ?

À la lecture de ce que la CGT écrit, j’ai l’impression, les camarades, que nous cherchons vraiment un accord pour ne pas laisser les mains libres au gouvernement.

Je lis dans la déclaration de presse que nous sommes pour l’ouverture des droits à 60 ans… tout en continuant à travailler à mi-temps jusqu’à 64 ! D’où sort cette revendication ? Qui l’a décidée ?

Je n’ai pas souvenir que le travail à mi-temps jusqu’à 64 ans soit dans nos repères revendicatifs, et encore moins nos décisions de congrès.

On est sérieux, là, les camarades ? Pour notre part, il en est hors de question. Il faut qu’on reste sur nos revendications, les camarades.

J’ai un désaccord avec la formule du rapport quand on dit que Macron ne cherche pas d’accord. Oh si : il cherche avec cette négociation à faire de nous une courroie de transmission de sa politique.

Idem sur le CETU (compte épargne temps universel–Ndlr) : les camarades de la FNIC ont raison, il faut dire non ! L’objectif du CETU est de porter atteinte au droit à congés payés des salariés, de le différer. On sait que tout ça va conduire à plus de pression patronale, plus de déréglementation. On n’est plus pour le droit au repos ?

Les camarades, on a intérêt à retirer très vite le doigt de cet engrenage et à dire non, à réaffirmer que notre position, c’est la retraite à 60 ans, c’est la défense des périodes assimilées pour la retraite !

Le point de départ, c’est de réaffirmer au gouvernement que sur toutes ses attaques, on ne marche pas.

Sinon, les camarades, à ce rythme-là, on va finir par négocier le poids des chaînes.

Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/03/01/nous-sommes-tombes-de-notre-chaise-devant-lappel-a-participer-a-la-marche-pour-lukraine/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/nous-sommes-tombes-de-notre-chaise-devant-lappel-a-participer-a-la-marche-pour-lukraine-io-fr-1-03-24/

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