Pour les postes, les moyens, contre le « choc des savoirs », profs et parents s’organisent (IO.fr-7/03/24)

Dès la rentrée des congés d’hiver, grèves, manifestations, assemblées générales se sont multipliées dans les établissements, nous rapportent nos correspondants de Seine-Saint-Denis, du Val-d’Oise, de Paris, de l’Aude et du Rhône.

SEINE-SAINT-DENIS

Les assemblées générales reconduisent la grève

Depuis lundi 26 février, jour de la rentrée, la grève est reconduite dans de nombreux établissements de Seine-Saint-Denis. Tout part des assemblées générales, qu’elles soient d’établissements ou de ville. Elles ont décidé des piquets de grève, des blocages d’établissements, des opérations « collège désert ».

Les grévistes recherchent l’efficacité mais aussi la jonction avec les écoles et les parents d’élèves. Des brigades de grévistes se déplacent sur les établissements ou les écoles non-grévistes pour discuter avec les collègues.

Jeudi 29 février, l’Assemblée générale réunie à la Bourse du travail de Saint-Denis pour « un plan d’urgence pour l’école publique » et contre la réforme du « choc des savoirs » (groupes de niveaux) a décidé de poursuivre et amplifier la grève reconductible jusqu’au 7 mars.

Le 7 mars, une manifestation est organisée en direction du ministère de l’Éducation nationale, à 12 heures (place de la Sorbonne). La FCPE de Seine-Saint-Denis appelle tous les parents à une journée « établissements déserts » et à manifester en direction du ministère avec les grévistes à Paris.

« Soutien à la grève des enseignants » Extraits du communiqué des députés LFI du 93 « Soutien total à la grève du personnel éducatif de la Seine-Saint-Denis. Pour la troisième journée consécutive, les professeurs de la Seine-Saint-Denis sont mobilisés, en grève avec leurs syndicats. (…) Ils exigent un plan d’urgence sur les besoins que les personnels eux-mêmes ont établis et chiffrés. Ils ont raison. Nous les soutenons inconditionnellement. (…) Nous saluons cette mobilisation qui fait écho à la situation d’extrême urgence de la Seine-Saint-Denis et dont la portée a valeur nationale. Le gouvernement n’ignore rien d’une situation dont il est directement responsable. (…) Nadège Abomangoli, Clémentine Autain, Éric Coquerel, Alexis Corbière, Raquel Garrido, Bastien Lachaud, Jérôme Legavre, Thomas Portes, Aurélie Trouvé »
VAL-D’OISE

« On a bloqué le rectorat de Versailles pour pouvoir être entendus »

Interview de Thibaut, professeur au lycée Simone-de-Beauvoir de Garges-lès-Gonesse

Comment s’est organisée votre grève le jour de la rentrée sur ton lycée ?

Sur notre lycée, les conditions se dégradent depuis des années. Il y a huit ans on n’avait aucune classe à plus de trente élèves et des demi-groupes dans toutes les disciplines, on est maintenant à trente-cinq élèves par classe et il n’y a plus de demi-groupes. On a été de nombreuses fois à l’inspection académique, on a fait plusieurs fois grève. On avait posé un préavis de grève et lundi 26 février (jour de la rentrée), on était en grève à 80 %.

On s’est réunis et on a discuté d’un blocage, on a finalement décidé d’aller au rectorat, plus loin en distance mais avec une portée politique différente. On s’est dit qu’on voulait faire une action coup de poing, pas seulement une manifestation. Ça a motivé tout le monde. On était près de vingt collègues le lendemain matin à 7 heures devant le rectorat à Versailles, à presque 1 h 30 de route de notre lycée.

Que s’est-il passé mardi matin devant le rectorat ?

On a vu une camarade de FO qui nous a dit qu’avait lieu le matin même une instance importante avec le recteur et les organisations syndicales (CSA), ça tombait très bien. Sur place, au moment où les premiers personnels du rectorat rentrent, on a repéré les quatre entrées et on a fermé les accès avec des cadenas et des poubelles et on s’est répartis dans différents endroits.

À vingt, on a bloqué tout le rectorat. On a croisé la DRH qui voulait absolument rentrer, elle nous dit « si je ne vais pas travailler, vous n’aurez pas vos payes. » Ça n’a eu aucun effet, on lui a dit : « De toute façon on n’est pas payés aujourd’hui on fait grève. Nous aussi on aimerait travailler mais avec trente-cinq élèves par classe on ne peut pas travailler. » Au bout de 45 minutes, on est reçu par le secrétaire général du rectorat. Ils voulaient qu’on vienne à cinq, on a refusé, on a dit qu’on voulait être reçu tous, et ils ont lâché, on a tous été reçu. Mais on n’a pas eu de réponses. L’inspecteur d’académie du Val-d’Oise nous a transmis un courrier le soir sans répondre à nos revendications.

Et maintenant ?

Hier, mercredi, on a organisé une AG et on a invité les autres établissements du secteur, elle a réuni 46 profs issus de 3 lycées, 2 collèges et une école, des représentants parents d’élèves, des élèves, des représentants syndicaux FO et Sud. Le point de rupture a été atteint. On a décidé sur notre lycée de faire « lycée mort » jeudi et vendredi. Ça a marché car 90 % des élèves ne sont pas venus en cours. Une délégation de collègues fait le tour des établissements et écoles de Garges pour les rallier à notre combat.

Interview accordée à Informations ouvrières, le 29 février

RHÔNE

Grève dès la rentrée

Lundi 4 mars, la rentrée scolaire n’a pas eu lieu dans plusieurs établissements du Rhône. La colère spontanée, qui s’était déjà exprimée avant les vacances de février pour exiger des postes à hauteur des besoins ainsi que l’abandon du tri social qui serait mis en place avec les groupes de niveaux du « choc des savoirs », est loin d’être retombée.

Les personnels du collège Les Iris à Villeurbanne ont décidé la grève en affichant sur leur établissement une banderole faisant écho à la grève de leurs collègues de Seine-Saint-Denis : « Pas de moyens, pas de rentrée ! » vingt enseignants se sont rassemblés dès 7 h 45 devant leur collège, rejoints par les parents d’élèves. Ils ont décidé en AG une journée « collège mort » la semaine prochaine. Au collège Maria-Casarès à Rillieux-la-Pape, 25 personnels étaient en grève ce lundi 4 mars.

Le lendemain, mardi 5 mars, 99 % des personnels du collège Théodore-Monod à Bron, collège qui perdrait 33 heures d’enseignement à la rentrée 2024, étaient à leur tour en grève et rassemblés devant leur établissement.

Les grévistes ont décidé de contacter les autres collèges de Bron pour leur proposer une action commune au rectorat jeudi 14, au moment de la tenue du CSA examinant les fermetures/ouvertures de postes.

De nombreuses heures d’informations syndicales sont prévues dans les collèges et lycées en cette semaine de rentrée. Au collège Gilbert-Dru, à Lyon, une AG est organisée jeudi 7 mars avec les parents pour préparer la grève et une opération « collège mort » la semaine prochaine. Correspondant.

AUDE

Manifestation contre 19 fermetures de classes

Au total 130 parents, enseignants grévistes, maires et élus de 10 écoles, avec des représentants de la Fnec FP-FO et de la FSU, se sont regroupés dès 8 h 30 devant le lycée de Narbonne où se déroulait le CDEN contre la fermeture annoncée de 19 classes dans l’Aude.

Un rassemblement déterminé, avec banderoles, pancartes, musiques et aux cris d’« annulation des fermetures de classes ! », « on est là, on est là ! ». Les manifestants sont restés durant près de 4 heures sur place.

Malgré un vote unanime contre son projet, le directeur académique a maintenu la totalité des fermetures. Ce dernier, minoritaire et isolé, a été obligé d’accorder un rendez-vous aux parents et élus qui avaient pu pénétrer dans le lycée et attendaient sa sortie.

Les parents, avec l’appui des syndicats, s’organisent pour poursuivre la mobilisation. À leur initiative, un groupe WhatsApp a été créé, des chaînes téléphoniques sont mises en place pour préparer deux réunions de délégués d’écoles, mardi 5 mars à Narbonne et mercredi 6 mars à Carcassonne. Correspondant

PARIS

Rassemblements pour le maintien des classes

L e 2 mars puis de nouveau le 5 mars, environ 300 profs et parents représentant des dizaines d’écoles se rassemblent devant le rectorat de Paris pour refuser les suppressions de poste et exiger le maintien de toutes les classes.

Ils sont reçus dans la matinée. Une AG parisienne est organisée mardi 5 mars à 18 heures à la bourse du Travail sur les mots d’ordre : « Non au choc des savoirs, oui à un choc des effectifs et des salaires ! Discutons et organisons-nous !  »

Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/03/07/pour-les-postes-les-moyens-contre-le-choc-des-savoirs-profs-et-parents-sorganisent/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/pour-les-postes-les-moyens-contre-le-choc-des-savoirs-profs-et-parents-sorganisent-io-fr-7-03-24/

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