Qui est Yan’Dargent, dont Landerneau célèbre le bicentenaire de la naissance ? (LT.fr-14/03/24)

Classées aux Monuments historiques, treize œuvres de Yan’Dargent, dont le célèbre Saint-Houardon, sont exposées dans l’église du même nom. (Le Télégramme/Laurent Aquilo)

À l’occasion du bicentenaire de sa naissance, Landerneau met à l’honneur le peintre Yan’Dargent. Voici cinq facettes de sa vie et de son œuvre

1-Un Breton bretonnant

Jean-Edouard Dargent, dit Yan’Dargent, est né en 1824, à Saint-Servais (29). Il a grandi au milieu des champs, découvrant les sentiers de Brézal et les contes locaux auprès de son grand-père ; c’est en breton qu’il s’ouvre au monde. Alors, le futur peintre est fier de sa langue maternelle. « Sachez-le : je suis un Breton bretonnant ; le breton était la langue de mes parents et jamais je ne l’ai reniée », aurait-il déclamé.

2-L’auteur de milliers de dessins

Si le jeune homme intègre d’abord les Ponts et Chaussées, après avoir travaillé comme apprenti dessinateur pour une entreprise de travaux publics brestois à partir de 1840, il se consacre pleinement à son art à partir de 1850, date de son installation à Paris.

Alors illustrateur de presse, il veut suivre le chemin de son ami et rival, le renommé Gustave Doré. Au fil des années, il illustre au moins 200 ouvrages de plus de 5 000 dessins. Une grande majorité de commandes, qui incluent souvent, toutefois, ses paysages de Bretagne favoris.

3-Un peintre de légendes

Ses œuvres qui illustrent le mieux l’âme de la Bretagne, sa nature superstitieuse et religieuse, sont ses peintures inclassables, loin des modernes et du courant académique. L’une de ses plus connues, « Les Lavandières de la nuit », est acclamée à l’exposition universelle de Londres de 1862 : elle lui apporte une gloire éphémère.

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De retour dans sa région en 1865, il se met à illustrer un nouveau médium : les églises. L’église de Saint-Servais, la cathédrale Saint-Corentin de Quimper et l’église de Saint-Houardon ont toutes été décorées des mains de Yan’Dargent.

4-Un cadavre décapité

Après une crise mystique, liée à ses années consacrées à l’art sacré, l’artiste décède d’une embolie pulmonaire en 1899. Sa mort trouve peu d’écho dans la presse ; du moins, jusqu’à « l’affaire Yan’Dargent », huit ans après.

À la demande de son fils Ernest, l’abbé Guivarc’h fait ouvrir le cercueil pour le décoller, c’est-à-dire séparer sa tête de son corps post-mortem, afin de faire reposer cette dernière à côté des ossements de sa mère et de ses grands-parents.

Quand j’avais cinq ans, mon grand-père nous racontait comment le peintre s’était fait couper la tête. Nous étions terrifiés

Cette pratique, légale et réalisée selon la volonté du défunt, suscite l’indignation de certains journaux. Le fils est même poursuivi devant les tribunaux par sa belle-famille – et meurt quelques jours après son acquittement. Il s’agit du dernier décollement connu en Bretagne.

5-Un illustre illustrateur

Au-delà de cette affaire, le legs de Yan’Dargent reste notable. Des rues portent son nom, à Plouvien, Quimper ou Rennes, et il est toujours possible d’admirer son œuvre dans les églises décorées par ses soins. Surtout, un musée lui est consacré dans sa ville natale. Créé en 1991 par Jean Berthou, qui a grandi bercé d’anecdotes sur le peintre – « Quand j’avais cinq ans, mon grand-père nous racontait comment le peintre s’était fait couper la tête. Nous étions terrifiés » -, il connaît un beau succès.

Pratique

Bicentenaire de la naissance de Yan’Dargent, du 7 juin au 3 novembre 2024, à Landerneau, en l’église Saint-Houardon et à la galerie de Rohan.

Source: https://www.letelegramme.fr/finistere/landerneau-29800/qui-est-yandargent-dont-landerneau-celebre-le-bicentenaire-de-la-naissance-6543702.php

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