La réalité ? Un concept dépassé. Les faits ? Ils sont devenus secondaires. L’histoire ? Tout le monde s’en fout. Le révisionnisme ? On pensait que c’était un délit, c’est maintenant devenu la norme dans les médias de masse.
Depuis des semaines, des propos révisionnistes absolument gravissimes ont droit de cité dans les médias et la classe politique. Le nazisme est relativisé, l’antisémitisme dévorant de Jean-Marie Le Pen est oublié. Et les « vrais » antisémites seraient devenus la France Insoumise. Tout le reste – Pétain, Hitler, le Front National – seraient finalement moins graves en comparaison.
Oui, ce sont littéralement des propos lunaires qu’on entend désormais, dans un système médiatique devenu fou. Trois exemples :
Gilles-William Goldnadel
«Aujourd’hui […] je dis que l’antisémitisme éventuel de M. Jean-Marie Le Pen n’arrive pas à la cheville de l’antisémitisme vivant, dangereux, purulent de M. Mélenchon. D’une certaine manière, l’antisémitisme de M. Le Pen c’était déjà l’antisémitisme d’hier, tandis que l’antisémitisme de M. Mélenchon c’est celui d’aujourd’hui».
Gilles-William Goldnadel, 7 janvier, Cnews
Celui qui parle est un avocat d’extrême droite, proche de Netanyahou, agent pro-israélien en France, régulièrement invité dans les médias pour propager la haine des musulman-es et de la gauche.
Nous assistons, dans cette époque de confusion généralisée, à l’alliance de sionistes avec des néo-nazis. Pour Goldnadel, l’antisémitisme de Jean-Marie Le Pen – qui militait littéralement aux côtés de SS et parlait des chambres à gaz comme d’un « détail » – est devenu seulement « éventuel » alors que Mélenchon, qui n’a fait que dénoncer un génocide colonial, serait d’un antisémitisme « purulent ».
Géraldine Woessner
«Ce qui nous frappe, c’est l’évolution de l’antisémitisme depuis le 7 octobre […] Dans l’histoire on a deux types d’évolutions : l’antisémitisme qui existait dans les années 30 ou 40 était un antisémitisme honteux. L’Allemagne a caché ce qu’elle faisait aux juifs. Aujourd’hui on a un antisémitisme qui ne se cache plus. Il est revendiqué. […] Aujourd’hui, la parole publique anti-juive, à la tête des partis, c’est quand même LFI qui la porte».
Géraldine Woessner, 21 novembre 2024, France 5
Cette éditorialiste du Point passe souvent dans les médias de masse pour défendre les pesticides et de lobby de l’agro-industrie. Cette fois-ci, elle sort de son champ habituel pour diffamer gravement la France Insoumise et, surtout, nier l’essence même du nazisme !
Dans les années 1930, Hitler arrive au pouvoir avec un programme ouvertement raciste, d’un antisémitisme obsessionnel qu’on retrouve dans les livres, la propagande, la presse, les affiches… La haine des juifs est à la base du régime nazi, et elle est omniprésente en Allemagne avant même son arrivée au pouvoir.
Dans les années 1930, rien n’est caché : l’État allemand organise à la vue de tous les persécutions. Les juifs sont agressés, arrêtés, et bientôt exterminés. En France également, l’extrême droite appelle à tuer le «juif» Léon Blum, l’Action Française imprime à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires des diatribes antisémites ultra-violentes, puis Vichy organisera des expositions antisémites et appliquera avec zèle les politiques d’exterminations nazies.
Dès la fin du 19ème siècle, il y avait en France une «fédération nationale anti-juive» et même un groupe parlementaire spécifiquement «anti-juif». Voilà ce qui est, pour Géraldine Woessner, de l’antisémitisme «honteux» et dissimulé, par rapport à celui qu’elle attribue aux Insoumis.
Les pétainistes et les négationnistes n’auraient jamais pu rêver d’une meilleure relativisation qu’une pareille déclaration dans un média national.
Beatrix von Storch
«L’explosion de la haine envers les juifs en Allemagne a quelque chose à voir avec l’immigration et l’Islam. L’antisémitisme est en provenance des pays d’Afrique du Nord et du Moyen Orient.»
Celle qui prononce ces mots est Beatrix von Storch, députée du parti néo-nazi allemand Afd, le 7 novembre 2024, devant le Bundestag. Cette élue est la petite-fille de Lutz Krosigk, ministre des Finances sous Hitler. Elle a tenu ces propos devant le Bundestag.
Nous en sommes à un point de renversement du réel tel que les héritiers directs des nazis et eux-mêmes élus d’extrême droite prétendent combattre l’antisémitisme, au nom d’un soutien commun à Israël et d’une haine de la gauche et des arabes.
Le débat public n’est plus qu’un amas de décombres. Les néofascistes se sont donnés pour objectif de rendre toute réflexion impossible, de dynamiter toutes les évidences et les repères, afin qu’il soit impossible de penser. Et ils sont est en train d’y arriver avec la complicité des milliardaires qui possèdent les médias.
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Source: https://contre-attaque.net/2025/01/09/revisionnisme-sans-precedent/
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