Il y a un peu plus d’un an, Erwan Guyomard et Élodie Guillou, deux amis d’enfance, quittaient leurs jobs d’ingénieurs pour devenir éleveurs de bovins à Landrévarzec. Une reconversion qui leur apporte beaucoup de liberté… et le sentiment d’avoir trouvé leur place.
Par Laura AYAD.
Dans la vie, Erwan Guyomard et Élodie Guillou sont de ces amis qu’on ne saurait éloigner. Ceux qui font toute leur scolarité ensemble, de la maternelle au lycée. Qui se séparent au moment des études. Mais qui, invariablement, finissent par se retrouver.
Dans le cas d’Erwan et Élodie, c’est en 2020 que les retrouvailles s’amorcent. À l’époque, les deux amis d’enfance, tous les deux ingénieurs, rentrent en France après un long voyage à l’étranger. L’Amérique latine pour lui, l’Océanie pour elle. C’est là-bas, dans les exploitations laitières néo-zélandaises qu’Élodie découvre l’élevage de veaux. Entre elles et les jeunes bovins, le coup de foudre est immédiat. Au point qu’à son retour en France, elle décide d’en faire son métier.
« C’est à ce moment-là que j’ai parlé du projet à Erwan, explique la Plabennecoise. L’idée, c’était de s’installer à deux pour pouvoir se soutenir l’un et l’autre et se remplacer. » Du côté d’Erwan, l’idée fait mouche : « Je venais d’avoir 30 ans et je voulais un métier plus concret, avec plus de sens. Je me suis dit ‘’ Oui, c’est ça qu’il faut que je fasse.’’ »
À lire sur le sujet Transmission agricole : à Landrévarzec, pour Erwan et Élodie, le bonheur est dans le pré
Un projet agricole innovant
Rapidement, Élodie et Erwan trouvent une ferme qui correspond à leurs critères. Basée à Landrévarzec, au lieu-dit Guinigou, l’exploitation est idéale pour développer leur projet, basé sur un système d’exploitation quasi inexistant en France. « À l’heure actuelle, 95 % des veaux de boucherie français sont engraissés en bâtiment, hors-sol, détaille Erwan. Or nous, notre volonté, c’est d’élever les veaux à partir de 15 jours et d’assurer leur phase lactée en plein air jusqu’au sevrage, pour ensuite les emmener jusqu’à deux ans et demi et en faire une viande de qualité. De cette manière, on crée un cercle vertueux en valorisant localement les veaux des fermes laitières du coin. »
Autrement dit, les bovins d’Elodie et Erwan, tout comme les quelques brebis et porcs de l’exploitation, sont dehors toute l’année. « Ici, beaucoup d’agriculteurs ont la mentalité de l’élevage allaitant. En comparaison, ce qu’on fait est tout nouveau. »
On a trouvé ce qu’on voulait, même plus ! À vrai dire, je ne pensais pas que ça serait aussi bien. Je pensais qu’on serait un peu isolés, alors qu’au contraire, notre installation a créé une vraie dynamique locale.
Des difficultés… mais pas de regrets
En 2022, le binôme prend possession des lieux pour une installation officielle au 1er janvier 2023. L’exaltation, celle des nouveaux départs, est là. Mais, malgré un prévisionnel bien ficelé, les imprévus ne tardent pas à arriver. Comme s’en souvient Erwan : « Un matin, au mois de décembre, nous avons découvert que plusieurs de nos brebis avaient été attaquées. Ça s’est reproduit plusieurs fois, jusqu’à ce qu’on prenne en flagrant délit les chiens coupables de l’attaque. Au total, on a perdu 25 moutons… Ça a ajouté pas mal de stress ! »
Heureusement, hors de cet épisode, Élodie et Erwan tirent un bilan très positif de leur première année en tant qu’éleveurs. « Évidemment, tout ne s’est pas passé exactement comme on l’avait imaginé. Après la tempête Ciaran, par exemple, on avait le blues parce qu’il a fallu replanter toutes nos clôtures. Mais entre nous, on s’entraide et on se rebooste, assure Élodie. Et puis, on se dit que les difficultés font partie de la vie. »
Surtout, un an après, les amis d’enfance n’affichent aucun regret. « On a trouvé ce qu’on voulait, même plus !, confirme Erwan. À vrai dire, je ne pensais pas que ça serait aussi bien. Je pensais qu’on serait un peu isolés, alors qu’au contraire, notre installation a créé une vraie dynamique locale. Beaucoup de gens viennent à notre rencontre, nous posent des questions, nous disent qu’ils apprécient notre travail… Et ça, c’est hyper gratifiant. »
Pratique
La ferme de Gwennigou, au lieu-dit Guinigou, à Landrévarzec. Vente de porcs en direct. Tél. 07 49 17 48 20.
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/a-landrevarzec-ces-jeunes-eleveurs-ne-regrettent-pas-leur-reconversion-on-ne-pensait-pas-que-ca-serait-aussi-bien-lt-fr-9-03-24/