Compte à rebours des 100 ans de la grande grève des sardinières de 1924, à Douarnenez (OF.fr-21/11/2023)

Une partie du collectif, qui projette d’organiser et de fédérer les commémorations de la grande grève des sardinières de 1924, a dévoilé, mardi, le visuel dessiné par Marianne Larvor, à gauche.
Une partie du collectif, qui projette d’organiser et de fédérer les commémorations de la grande grève des sardinières de 1924, a dévoilé, mardi, le visuel dessiné par Marianne Larvor, à gauche. | OUEST-FRANCE

Ce mardi 21 novembre 2023, pour marquer le début du compte à rebours en vue des événements commémoratifs des 100 ans de la grande grève des sardinières, à Douarnenez (Finistère), une partie du collectif qui s’est spontanément constitué, composé d’habitants, d’associations, d’organisations, de commerçants s’est réunie à la maison Charles-Tillon, pour dévoiler une banderole de 4 mètres annonçant cette commémoration.

Le conflit a débuté le vendredi 21 novembre 1924, à l’usine Carnaud, qui fabriquait les boîtes de conserve pour les sardineries. La revendication portait sur les conditions de travail difficiles, parfois de nuit, et sur une augmentation de salaire : les grévistes, en majorité des femmes, défilaient, scandant le mot d’ordre « Pemp real a vo ! » (« Cinq réaux ce sera ! »). La grève s’étend alors, le 23 novembre 1924. Vingt usines sont en grève et le 25, toutes les sardineries sont à l’arrêt. Le maire communiste, Daniel Le Flanchec, apporte son soutien public à la révolte.

Si Madame Quéro finit par négocier l’augmentation demandée, les gros usiniers refusent la négociation et commanditent un attentat contre la personne de Daniel Le Flanchec, qui échouera. Devant la menace de procès, les femmes obtiendront gain de cause, à l’Épiphanie, le 6 janvier 1925, au terme de sept semaines de grève. L’accord de Douarnenez stipule que « le salaire horaire sera de 1 franc pour les femmes et de 1 franc 50 pour les hommes, majoré de 50 % au-delà de dix heures consécutives et en cas de travail de nuit ». Le retentissement et la médiatisation sont nationaux. Cette révolte incarne une date importante parmi les mouvements sociaux français et une référence des mouvements féministes.

Une banderole installée dans des quartiers de la ville

Il s’agit, pour le collectif, aujourd’hui, de « s’emparer de l’histoire de Douarnenez, de cet événement. C’est une forme d’éducation populaire. Le collectif est là pour rassembler, pour fédérer les gens dans la ville, les envies et les propositions autour de cette commémoration. Il est pluriel ». « La volonté est aussi qu’il n’y ait pas de récupération politique ou mercantile », indiquent les membres du collectif. C’est pourquoi une charte est en passe d’être rédigée pour s’assurer de rester fidèle à l’esprit du départ. Aussi, symboliquement, la banderole annonçant l’événement à l’identité visuelle et graphique dessinée par Marianne Larvor a été dévoilée, mardi 21 novembre, en fin d’après-midi, devant la plaque commémorative apposée en 2004 sur la maison Charles-Tillon. Cette banderole sera installée dans les différents quartiers de Douarnenez.

Participent aux différents projets tous les secteurs socioculturels, les commerçants, le port musée, la mairie, les écoles, l’office du tourisme, Daoulagad Breizh, le Planning familial, la compagnie Safar, Mémoire de la ville, Ystopia, etc.

Un comité de pilotage devrait permettre d’éviter les télescopages et de tenir un agenda d’un cycle de conférences, des lectures, des tables rondes, des chorales et autres banquets populaires et karaoké.

Des événements prévus les prochains mois

« Les commerçants réaliseront des kouign amann en forme de réaux, vendus par cinq, avec des fèves pour l’Épiphanie qui marque la victoire », relate Monique Prévost du Planning familial. Seront racontées des histoires inédites et des témoignages, avec notamment le travail de collectage d’Arlette Julien, présidente de l’association Mémoire de la ville, auprès des descendants des membres du comité de grève.

Un numéro spécial de l’association sur la grève des sardinières sera ainsi proposé, avec un « focus sur différentes thématiques, sur des personnages emblématiques ou d’autres, restés dans l’ombre, à l’instar de Guillaume Le Cossec, s’appuyant notamment sur des témoignages et sur la presse locale, pour restituer une ambiance », signale Arlette Julien.

Erwan Moalic et l’association des habitants du quartier du Rosmeur travaillent avec un architecte sur les habitats et leurs imbrications, d’un point de vue sociologique. Les conférences seront menées notamment par Jean-Michel Le Boulanger, Fabien Tillon, Fanny Bugnon, Jean-Pierre Gonidec et Théo Bernard, doctorant sur les grèves des sardinières. Rhizomes établira un parallèle avec la lutte des femmes en Amérique du Sud et le Planning familial interviendra sur les droits des femmes.

Le tableau La révolte des sardinières devrait être prêté par la ville de Rennes (Ille-et-Vilaine) à Douarnenez.

Pratique : La prochaine réunion se tiendra le 16 janvier, à 19 h, à la maison Charles-Tillon. Il est encore possible de rejoindre le collectif et de faire des propositions. Mail : pemprealavo@riseup.net

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Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/douarnenez-29100/compte-a-rebours-des-100-ans-de-la-grande-greve-des-sardinieres-de-1924-a-douarnenez-daf4d6b4-8908-11ee-a303-e87a233718ee

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/compte-a-rebours-des-100-ans-de-la-grande-greve-des-sardinieres-de-1924-a-douarnenez-of-fr-21-11-2023/

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