Nous vous avons parlé récemment de l’anticléricalisme manifesté à Brest au XVIIIe siècle. Le Concordat instauré en 1802 ne dissuada guère les Brestois de chahuter le culte.
Par Benoît QUINQUIS .
Bien que Brest n’exprimât « pas d’hostilité au régime napoléonien », l’anticléricalisme y resta si vivace qu’en février 1803, le Conseil municipal dut prendre des mesures drastiques contre « tout individu qui [troublerait] l’exercice du culte, soit en se promenant et causant dans les temples, soit en y commettant du scandale par irrévérences, paroles, gestes ou action indécentes ».
Cette phrase donne une idée de l’effronterie de la population.
Le sabre contre le goupillon ?
La Municipalité ne fut pas scrupuleusement obéie : en 1806, le curé Bernicot qualifia la ville de « véritable Babylone » et déconseilla d’y envoyer un vicaire qui ne serait pas d’une « vertu éprouvée » sous peine de le voir céder à la tentation, omniprésente, du péché.
Bernicot, qui aurait été traité de « bougre de calotin » par un aspirant de la Marine, fit aussi savoir que le directeur des travaux maritimes ne se présentait que « très rarement à l’église » : l’Armée ne donnait pas l’exemple d’un profond respect du clergé.
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En juin 1810, le curé Le Bescond de Coatpond affirmait « être tous les jours témoin du dépérissement de la foi » et ne voir « aucune punition pour ceux qui délinquent audacieusement ».
L’année suivante, il demanda sa mutation à l’évêque, arguant que « l’on se promène pendant le service divin de la manière la plus éhontée ».
Et en mai 1813, l’aumônier du vaisseau-école Tourville démissionna, ne pouvant plus supporter « les discours orduriers, les jurements, les blasphèmes, les imprécations, les opinions anti-chrétiennes d’une jeunesse sans frein ». Amen !
Documentation :Histoire de Brest, dirigé par Yves Le Gallo, Privat, Toulouse, 1976. Histoire de Brest, dirigé par Marie-Thérèse Cloître, CRBC, Brest, 2000.
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