
La mort de Yahya Sinwar
Le chef de la branche militaire du Hamas est mort en combattant au milieu des ruines de Gaza. Selon la version israélienne, il aurait été abattu par un sniper après avoir été gravement blessé par les tirs d’obus d’un tank, et surveillé par un drone. Il venait d’envoyer une grenade et de tirer vers des soldats israéliens. Les dernières images de Sinwar montrent le dirigeant du Hamas agonisant, avec l’avant bras arraché, le visage enroulé dans un keffieh, jetant avec ses dernières forces un projectile vers le drone qui le filmait.
Il s’agit d’une victoire militaire pour Israël qui élimine son principal ennemi, même s’il n’y a pas de gloire à battre une guérilla encerclée et affamée depuis un an quand on est l’une des armées les plus puissantes du monde avec des moyens ultra-sophistiqués. Pour autant, c’est une défaite israélienne en terme de propagande. Le récit israélien assurait que les chefs du Hamas étaient des milliardaires planqués au Qatar ou protégés au fond de mystérieux tunnels. En fait, le chef palestinien le plus recherché a été abattu sommairement – alors qu’il aurait pu être capturé et jugé –après un an de traque, des milliers de tonnes de bombes et des dizaines de milliers de morts. Et les images montrent un vieillard seul, blessé qui jette un bâton. En terme de communication, c’est très mauvais pour Israël.
Cette mise à mort implique trois choses. D’abord Israël n’a officiellement plus de raison de poursuivre l’anéantissement de Gaza, puisque son armée a liquidé l’état major du Hamas et du Hezbollah.
Ensuite les dirigeants du Hamas comme les dirigeants d’Israël étaient mis en cause pour des crimes de guerre, après avoir éliminé Sinwar. S’il y a un procès, Netanyahou sera donc seul devant la cour pénale internationale.
Enfin, Israël vient de créer un martyr. Sinwar était un enfant du camp de réfugiés de Khan Younès. Comme la majorité des habitants de Gaza, sa famille a été volée et expropriée de force par les colons et vivait déracinée. Comme des milliers d’autres palestiniens, il avait été emprisonné dans sa jeunesse, puis avait rejoint le Hamas, exécutant un rôle de police interne très violente au mouvement, avant de planifier la plus grande opération lancée depuis Gaza contre Israël. En commettant un génocide à Gaza, en semant le désespoir et en filmant l’exécution sommaire de son ennemi, Israël vient de créer des générations entières de Sinwar.
Attaques répétées de casques bleus
Où s’arrêteront les agressions israéliennes contre les forces de l’ONU ? Les attaques continuent de se multiplier contre les casques bleus déployés dans le sud du Liban. Dimanche dernier, deux chars israéliens sont «entrés de force» dans un abris tenu par les casques bleus. Ils ont «détruit le portail principal» puis «des tirs ont provoqué une fumée» qui a déclenché «des irritations cutanées et des réactions gastro-intestinales chez 15 casques bleus qui reçoivent des soins». Israël aurait donc utilisé des gaz de combat, interdits par les conventions internationales, contre des soldats de l’ONU !
N’importe quel autre dirigeant que Netanyahou aurait subi des sanctions immédiates pour de tels faits. Mais lui a proféré des menaces : «Leur refus de se retirer les met en danger, ainsi que nos soldats. Je m’adresse directement au Secrétaire général de l’ONU : votre refus de retirer les soldats de la FINUL les transforme en otages du Hezbollah. Nous vous avons demandé à maintes reprises d’évacuer, et vous continuez à refuser». C’est vertigineux.
En parallèle, tout un récit créé par les propagandistes israéliens et repris par les médias français insinue que la FINUL serait «complice» du Hezbollah. Un «journaliste» du média I24 a fabriqué de fausses révélations sur de prétendus tunnels creusés avec l’approbation des casques bleus. Après avoir accusé tous les civils gazaouis d’être complices, puis tous les humanitaires, tous les journalistes, ce sont maintenant les soldats de l’ONU qui sont désignés comme des cibles à éliminer. Et après ?
L’Italie néofasciste moins conciliante que la France macroniste
L’Italie est gouvernée par l’extrême droite de Giorgia Meloni, proche idéologiquement de Marine Le Pen. Sa ligne est donc de soutenir inconditionnellement Israël et le bloc occidental.
Mais l’Italie a aussi 1200 de ses soldats qui sont déployés au sud du Liban, c’est le contingent européen le plus important de la FINUL. Depuis les attaques de l’armée israélienne contre les casques bleus, Rome souhaite que les Casques bleus puissent répondre militairement afin de se défendre.
Ce qui serait effectivement logique : la FINUL est mandatée par l’ONU pour empêcher la violation des frontières libanaise, elle aurait du théoriquement ouvrir le feu dès que les chars israéliens ont approché. Non seulement elle ne l’a pas fait, mais ses soldats se laissent tirer dessus. L’Italie veut leur permettre de se défendre. Une position qui n’est pas partagée par le gouvernement français, toujours aussi soumis à l’extrême droite sioniste.
Selon un sondage réalisé par l’institut de recherches YouGov, seulement 5% des Italiens soutiennent encore l’État hébreu. Il faut croire que les médias italiens sont moins pires que les nôtres.
L’horreur absolue à Gaza
L’armée israélienne a isolé Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, et organisé des massacres atroces contre les civils. Des familles entières ont été rasées du registre civil. Les avions de guerre et les drones tirent sur tout le monde pour forcer la population à quitter les lieux. L’eau, la nourriture, le carburant et les médicaments sont en pénurie.
«Il y a énormément de morts et des personnes sont encore sous les décombres, portées disparues» a déclaré à l’AFP un habitant de Jabalia. «Depuis plus d’une semaine, il n’y a plus d’espoir, plus d’eau et plus de moyens de subsistance».
Le 14 octobre, des bombes ont été larguées sur des tentes remplies de civils à l’extérieur de l’hôpital des martyrs d’Al Aqsa à Gaza. Des palestiniens ont brûlé vif dans leur sommeil. Relisez cette phrase pour mesure à quel point les crimes israéliens sont inouïs.
Les images absolument insoutenables ont fait le tour du monde. Les propagandistes israéliens, y compris des responsables du CRIF en France, ont prétendu que les images étaient fausses, ce qui est évidemment un mensonge. La victime a d’ailleurs été identifiée : c’est un jeune homme de 19 ans, Shaaban Al-Dalou. Nos grands journaux télévisés ont passé cette information sous silence, préférant comme d’habitude donner la parole à des militaires israéliens.
Exécutions d’enfants d’une balle dans la tête
Grand quotidien de référence Étasunien, le New York Times a publié une enquête qui aurait dû faire l’effet d’une bombe. Plusieurs médecins américains qui ont soigné des blessés à Gaza ces derniers mois, interrogés par le journal, assurent que les enfants sont délibérément exécutés par des snipers israéliens.
L’un d’eux, qui a exercé comme chirurgien traumatologue à Gaza du 25 mars au 8 avril, explique : «J’avais déjà fait du bénévolat en Ukraine et en Haïti, et j’ai grandi à Flint, dans le Michigan. Presque chaque jour, je voyais un nouvel enfant, très jeune, atteint d’une balle dans la tête ou dans la poitrine, qui mourait presque systématiquement. En tout, treize enfants. Mais, après mon retour, j’ai rencontré un médecin urgentiste qui avait travaillé dans un autre hôpital de Gaza deux mois avant moi. Je lui ai confié : “Je n’arrivais pas à croire le nombre d’enfants abattus d’une balle dans la tête que j’ai vus.” À ma grande surprise, il m’a répondu : “Oui, moi aussi. J’en voyais tous les jours, sans exception.”»
Un autre confirme : «En une nuit, en quatre heures aux urgences, j’ai vu six enfants âgés de 5 à 12 ans, tous avec une seule blessure par balle à la tête.» Un troisième explique : «J’ai vu plusieurs enfants blessés par des balles à haute vélocité, touchés à la tête et à la poitrine.»
Tous les médias occidentaux nous ont abreuvé d’un mensonge il y a un an : les fameux “bébés israéliens décapités”, qui étaient l’invention macabre d’une secte religieuse israélienne. En revanche, l’exécution d’enfants palestiniens par des balles en pleine tête, confirmée par des témoins directs, des médecins venus des USA, n’a pas eu le centième du retentissement médiatique.
Les USA continuent d’armer Israël et de réprimer la cause palestinienne
Alors que le seul moyen de stopper l’opération génocidaire est d’arrêter d’armer l’État colonial, le Pentagone a annoncé le déploiement en Israël d’une batterie de défense aérienne de haute altitude terminale (THAAD) pour «renforcer les défenses aériennes d’Israël».
En parallèle, les États-Unis et le Canada ont annoncé qu’ils criminalisent conjointement le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens «Samidoun» en l’inscrivant sur la liste des organisations terroristes.
Le Canada a inscrit Samidoun applique ainsi une demande de la droite et de l’extrême droite quelques jours plus tôt. Les États-Unis ont même inscrit un citoyen canadien membre de l’organisation sur une liste antiterroriste.
Selon les autorités de ces pays, Samidoun serait «terroriste» car l’organisation collecte des fonds pour le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation palestinienne de gauche. Pendant ce temps, les réseaux fascistes pro-Israël peuvent organiser des événements et levées de fonds sans aucun problème.
°°°
Source: https://contre-attaque.net/2024/10/19/palestine-le-cauchemar-sans-fin/
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/palestine-le-cauchemar-sans-fin-ca-net-19-10-24/