
La baisse démographique d’élèves, déjà enclenchée, va se poursuivre. Le Finistère qui compte 30 % d’écoles d’une à trois classes, réfléchit à ce que pourrait être leur accueil, sur le temps scolaire et hors temps scolaire, dans dix ans. L’une des pistes est de réduire le nombre d’établissements.
Par Nelly CLOAREC.
À Audierne, la fusion de l’école Pierre-le-Lec et celle d’Esquibien est enclenchée, non sans provoquer interrogations et inquiétudes. D’après les estimations, les effectifs de l’école Pierre-Le Lec (environ 90 élèves) et de celle d’Esquibien (une soixantaine) vont chuter drastiquement dans les deux, voire trois prochaines années. La fusion, à la rentrée de septembre 2025, permettrait d’éviter des fermetures de classe. Le maire, Gurvan Kerloc’h, est moteur dans ce processus.
« Il faut des adultes dans les écoles »
Ce projet bien avancé du Cap Sizun est regardé de près par les services de l’État et les services départementaux de l’Éducation nationale. Car la réduction du nombre d’écoles dans le département est bel et bien envisagée, au regard de la baisse démographique. Ainsi, une baisse de 1 057 élèves tous réseaux confondus (- 742 dans le public) est attendue à la rentrée 2025.
« En 2027, nous aurons perdu 15 % d’élèves par rapport à 2017, éclaire Catherine Moalic, la directrice académique. L’autre défi est d’assurer les meilleures conditions d’apprentissage, sur le temps scolaire et hors temps scolaire. Pour cela, il faut des adultes dans les établissements. » Elle cite l’exemple de « deux petites écoles situées en secteur rural à cinq kilomètres l’une de l’autre. En termes de dynamisme pédagogique, d’offre aux familles, cela vaut la peine de réfléchir à un regroupement ».
D’une à trois classes
Quelle école dans dix ans ? Comment conserver « l’excellent niveau scolaire qui caractérise le département en faisant face à cette démographie en baisse ? », résume le député MoDem Erwan Balanant. Ce sont les questions auxquelles tentent de répondre les membres d’un observatoire (1) lancé en décembre 2024 dans lequel siège le parlementaire.
« Aujourd’hui, 30 % de nos écoles ont entre une à trois classes », appuie Catherine Moalic, la directrice académique qui invite les élus à « réfléchir dans un périmètre plus large que celui de la commune ». Pas simple dans un département où aucune communauté de communes n’a la compétence scolaire. Et qui ne compte que cinq regroupements d’écoles, après que des communes se sont entendues pour répartir les niveaux. Exemple : la maternelle dans une commune, l’élémentaire dans une autre.
Erwan Balanant, rappelant « l’importance de l’école pour nos petites communes », invite à mener ce travail d’anticipation car « perdre des classes représente toujours une tension extrême pour les maires et les communes. Il faut donc que nous soyons proactifs et, qu’ensemble, nous réfléchissions à des solutions ».
(1) L’observatoire des dynamiques éducatives et rurales, est présidé par le préfet et la directrice des services académiques. Il réunit des professionnels du secteur socio-éducatif, des représentants des communes, du Département et de la Région.

Comment se construit la carte scolaire ?
Elle s’élabore tout au long de l’année. La directrice académique des services de l’Éducation nationale du Finistère est en lien avec les inspecteurs de circonscriptions (au nombre de quinze), eux-mêmes interlocuteurs privilégiés des élus.
Tout part de l’État…
Et du vote de son budget dont celui de l’Éducation nationale. Le gouvernement Barnier avait annoncé la suppression de 4 000 postes pour la rentrée 2025, dont une grande majorité (3 155 postes) dans le premier degré. La ministre Élisabeth Borne a annoncé le 16 janvier vouloir revenir sur la suppression de ces 4 000 postes prévus au budget 2025.
Puis la Région ventile…
Lundi 27 janvier, la Région académique Bretagne a présenté la répartition des moyens entre le Finistère (moins 17 postes), les Côtes-d’Armor (- 4), l’Ille-et-Vilaine (- 14) et le Morbihan (+ 15). Les services régionaux font état d’une baisse attendue de 742 élèves dans le réseau public à la rentrée 2025 dans le Finistère.
L’enveloppe aux Départements
Ça, c’est l’affaire de Catherine Moalic, la directrice des services finistériens et de ses équipes. « J’ai alors mon enveloppe. Elle est négative. » Malgré 17 postes en moins, le nombre d’élèves étant en baisse, « le taux d’encadrement augmente. »
Les critères de répartition
La directrice prend en compte les spécificités du secteur rural. Elle prend en compte les besoins des douze écoles du réseau d’éducation prioritaire (4 à Quimper, 8 à Brest). Dans ces écoles, les classes de grande section, CP et CE1 sont dédoublées. « Pour les autres niveaux, on veille à ne pas dépasser le nombre de 24 élèves par classe. »
Parmi ces critères figure également la prise en compte de l’accueil « des élèves issus des gens du voyage, des Mahorais ». L’inspectrice se dit attentive « aux élèves fragiles : en situation de handicap, allophones… ». Elle renforce la brigade de remplacement et accompagne les ouvertures de filières bilingues français-breton.
Le temps du dialogue social
Le dialogue social est mené lors d’un comité social d’administration (CSA). Il se tiendra fin février. Avant cela, et c’est une première, Catherine Moalic échangera lors d’une réunion avec les représentants syndicaux. Viendra ensuite le conseil départemental de l’Éducation nationale (CDEN) : « C’est un moment solennel où je donne à voir la réalité de l’école », précise la directrice. Ce comité est présidé par le préfet et le président du conseil départemental. Y assistent les représentants syndicaux, les représentants des parents d’élèves. La présentation ne donne pas lieu à un vote.
Les ajustements de rentrée
Les services comptent les élèves présents dans les écoles. Les chiffres sont consolidés en octobre. Des ajustements sont alors opérés : « Il y a toujours moins d’élèves que ce que l’on avait anticipé », fait remarquer Catherine Moalic.
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