
La Commission de l’informatique et des libertés (Cnil) a mis en demeure l’État de débrancher ses caméras installées dans Brest depuis deux ans et dont l’exploitation des images était illégale. Mais la décision de mettre des agents municipaux derrière les écrans de contrôle désole la Ligue des droits de l’Homme et les écologistes, qui déplorent un dispositif intrusif et opaque.
Par L.G.
« Une décision prise dans l’urgence »
Rebrancher les caméras sous l’égide du maire au lieu de l’État ? La Ligue des droits de l’homme(LDH) « déplore une décision prise dans l’urgence ». « Le maire de Brest vient malheureusement de décider de se réapproprier la responsabilité de l’ensemble du dispositif en assumant le fait de mettre des personnels municipaux derrière les écrans de contrôle. ». L’association regrette « ce revirement ». Pour la LDH, « ces caméras n’ont pas d’effets dissuasifs, ne faisant que déplacer la petite délinquance ». En termes de résolution d’enquêtes, l’apport des images serait « mineur (entre 1 et 9 % des enquêtes) ». Surtout, c’est « une intrusion dans la vie privée mais aussi publique de nos concitoyens ».
Combien de temps seront conservées ces images ? Seront-elles utilisées uniquement sur réquisition du procureur ? Le logiciel de reconnaissance facial Briefcam est-il utilisé systématiquement ? La Ligue dénonce un dispositif « opaque » . Elle aurait préféré que le sujet soit soumis au vote des citoyens lors des prochaines municipales.
« Le maire cesse de se battre, sous la pression »
« J’ai lu avec stupéfaction les propos de Mme Malgorn : la municipalité serait coupable de l’inconséquence de l’État ? Je conçois qu’une ancienne préfète défende bec et ongles la préfectorale, mais Mme Malgorn est à côté de la plaque ! » Glen Dissaux, président des élu.es écologistes de Brest et chef de file de Brest Ensemble, réagit aux propos de la présidente de Brest, c’est vous ! », principal groupe d’opposition municipal. « C’est bien la préfecture qui est dans l’irrégularité ! »
Pour Glen Dissaux : « Encore une fois l’État se dérobe, se désengage, et n’assume pas ses responsabilités, et le maire cesse de se battre, sous la pression. » Pour l’écologiste : « On veut des agents sur le terrain, pas derrière des écrans. »
« La Cnil a formulé des réserves méthodologiques »
Yann Guével, pour le groupe des élue.es socialistes Ville de Brest, réagit aussi aux propos de Bernadette Malgorn, qui a mis en cause le maire. « La Cnil a formulé des réserves méthodologiques […] Le maire de Brest a engagé un échange sur le fond avec le sous-préfet Setbon afin de trouver rapidement des solutions adaptées aux attentes de la Cnil, qui sont déjà en train d’être mises en place. »
Il relève le « dédain » de Bernadette Malgorn pour la Brigade de tranquillité urbaine, « le travail quotidien de femmes et d’hommes engagés pour la sécurité des Brestois ». « Les attaquer sur leur statut et sous-entendre que ce statut les rendrait moins fiables ou performants est indigne ! La Brigade de tranquillité urbaine a des résultats, elle est présente et efficace sur le terrain. »
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