Colombie : l’avenir se construit dans la tourmente. (NBH – 12/08/25)

Le candidat de la droite à la présidence de la Colombie et sénateur Miguel Uribe, blessé par balle à la tête est mort.

Son assassin âgé de 14 ans est en détention.

Le président, Gustavo Petro, a déclaré que le rôle du gouvernement était de « répudier le crime (…) indépendamment de l’idéologie » et a assuré que la sécurité des Colombiens était sa principale priorité. Sa vice-présidente, Francia Marquez, a ajouté que « La violence ne peut continuer à marquer notre destin. La démocratie ne se construit pas avec des balles ni avec du sang, elle se construit avec respect, avec dialogue »

La Colombie a connu une longue période de violence. Trois candidats présidentiels de la gauche furent assassinés: pour l’Union patriotique: Jaime Pardo Leal (1987) et Bernardo Jaramillo Ossa (1990), et pour le M-19 Carlos Pizarro (1990).

On estime que 6000 militants et cadres et élus de la gauche furent assassinés par la police, l’armée et les milices paramilitaires.

Miguel Uribe était le candidat de son parti, le Centre démocratique, la principale formation de la droite colombienne qui fut dirigée par Alvaro Uribe (aucun lien de parenté avec le candidat assassiné) qui fut président du pays, qui vient d’être reconnu coupable par la justice d’avoir tenté de corrompre des témoins l’accusant d’avoir eu des liens avec une milice paramilitaire.

En fait Alvaro Uribe fut un assassin mafieux qui organisa un régime de terreur contre la gauche. Alvaro Uribe est coupable de meurtres de masse contre les paysans, contre les syndicalistes, les étudiants. Sa condamnation par la justice est un pas important dans la reconnaissance de ce que fut le régime de droite en Colombie.

Les FARC (forces armés révolutionnaires de Colombie) furent d’ailleurs à l’origine un mouvement de légitime défense, une réaction de survie de la gauche.

La victoire de Gustavo Petro, candidat de la gauche, fut un événement historique. Inutile de préciser que les classes possédantes du pays rêvent de revanche. D’ailleurs sans avoir l’ampleur du « génocide politique » contre la gauche, c’est plus de 500 militants de gauche et ex-FARC qui ont été assassinés par des groupes paramilitaires à la solde de la droite et des narcotrafiquants depuis les accords de paix de La Havane.

Quant aux Etats-Unis elles combattent à mort les gouvernements démocratiques de gauche d’Amérique Latine. Dès l’attentat contre Miguel Uribe, Rubio, le secrétaire d’Etat étasunien, avait violemment attaqué la gauche colombienne : « Il s’agit d’une menace directe pour la démocratie et du résultat de la violente rhétorique de gauche émanant des plus hauts niveaux du gouvernement colombien » appelant le président Petro à « modérer sa rhétorique incendiaire et protéger les représentants publics colombiens ». Amusant de la part d’un trumpiste…

Miguel Uribe n’était pas un favori pour la présidentielle et d’ailleurs le droite n’en n’a pas. En revanche après l’attentat il y a eu un sursaut en sa faveur. Mais sa mort laisse le problème entier pour la droite. 

Le président Gustavo Petro, issu lui-même de la guérilla de M-19, a tenté d’arriver à un accord de paix avec la guérilla de l’ELN (armée de libération nationale). Mais un attaque de l’ELN contre des dissidents des FARCS en cours de démobilisation et ayant fait entre 50 et 80 morts a amené Petro a rompre les négociations.

Du côté de la droite et de ses milices paramilitaires, comme les AUC (autodéfenses unies de Colombie), des organisations se reconstituent et restent guidés par la lutte « antisubversive », menée aussi bien à l’encontre des guérillas, des combattants des FARC démobilisés, que des acteurs sociaux pacifiques, en particulier des paysans qui tentent d’abandonner la coca pour d’autres cultures, ce que n’acceptent pas ces structures  paramilitaires et mafieuses, très impliquées dans le contrôle du circuit du narcotrafic.

On le voit la situation est extrêmement complexe mais il semble que le président Petro parvienne à la fois à maintenir une paix fragile et relative, éviter les provocations d’une droite revancharde et extrême-droitisée depuis longtemps, tenir face aux coups portés par Washington.

Aussi cet assassinat du candidat de la droite tombe un peu trop bien pour qu’on ne s’interroge pas sur  » à qui profite le crime ? » La droite montre du doigt les dissidents des FARC sans que l’on voit l’intérêt pour eux de tuer ce politicien de droite sans grand avenir politique. Mais il est vrai que pour le moment il est impossible de dire qui a commandité ce crime.

Reste pour le peuple colombien l’espoir que la candidate ou le candidat de l’union de la gauche, le Pacte Historique, soit élu à la présidence de la Colombie, ce qui parait être la meilleure voie pour la paix et le changement social absolument nécessaire et encore trop timide.

Parmi les favoris possibles à gauche, une favorite se détache: María José Pizarro, fille de Carlos Pizarro, candidat du M-19  à la présidentielle de 1990 et assassiné par un paramilitaire pendant la campagne électorale.

Les élections présidentielles aurons lieu en mai et juin 2026.

Par Antone Manessis

Source : https://nbh-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com/2025/08/colombie-l-avenir-si-construit-dans-la-tourmente.html

URL de cet article : https://lherminerouge.fr/colombie-lavenir-se-construit-dans-la-tourmente-nbh-12-08-25/

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