De nombreux articles, déclarations et rapports nationaux1 ou internationaux font état d’une envolée du commerce de la drogue. Ainsi la revue Géopolitique titre-elle un de ses articles2 : » Le marché mondial des drogues, une géo-économie singulière particulièrement dynamique ? « , titre qui situe la question au plan économique et mondial. Cependant, pour l’essentiel, l’attention est portée en France, sur la diffusion de la drogue et les conséquences sécuritaires qu’elle engendre. L’ensemble étant plutôt traité du point de vue répressif.
Pour comprendre l’état de la situation, il est nécessaire de rappeler quelques données chiffrées sur cette question. Selon le rapport3 2025 de l’Office des Nations-Unies Contre la Drogue, hors alcool et tabac, en 2023 l’utilisation de stupéfiants concerne 316 millions de personnes, c’est 6% de la population âgée de 15 à 64 ans. Il s’agit donc d’une réalité de masse. Si le marché des drogues de synthèse est en expansion, celui de la cocaïne bat des records : » La production, les saisies et la consommation de cocaïne ont toutes atteint de nouveaux sommets en 2023, faisant de la cocaïne le marché des drogues illicites qui connaît la plus forte croissance au monde. La production illégale a grimpé en flèche pour atteindre 3 708 tonnes, soit près de 34 % de plus qu’en 2022. Les saisies mondiales de cocaïne ont atteint un niveau record de 2 275 tonnes, soit une augmentation de 68 % par rapport à la période 2019-2023. La consommation de cocaïne, quant à elle, est passée de 17 millions d’usagers en 2013 à 25 millions en 2023.
Les trafiquants de cocaïne pénètrent de nouveaux marchés en Asie et en Afrique, note le rapport. La violence et la concurrence féroces qui caractérisent le marché illicite de la cocaïne, autrefois confiné à l’Amérique latine, s’étendent désormais à l’Europe occidentale, à mesure que les groupes de crime organisés des Balkans occidentaux renforcent leur influence sur ce marché. » les profits tirés du commerce des stupéfiants génère des centaines de milliards de dollars de profits. Des études les estiment entre 300 et 400 milliards. Pour la France, l’estimation est celle d’un chiffre d’affaires global de 3,5 milliards d’euros4 à 7 milliards d’euros et 3,7 millions de consommateurs5. Le trafic de stupéfiants mobilise environ 250.000 participants dont 21.000 emplois à plein temps. L’ampleur du phénomène, comme la concurrence qu’il entraîne dans un marché très lucratif et compétitif s’accompagne d’une hause significative de la criminalité. Sur l’année 2024, les autorités font état de 367 meurtres liés au narcotrafic.
La lutte contre le narcotrafic passe évidemment par le démantèlement des réseaux de distributions, la saisie des produits stupéfiants, la lutte contre les cartels organisateurs de la production et de la distribution et aussi les entreprises mafieuses qui sans être directement liées à la matérialité du trafic en assurent l’assuranciel comme cela se passe dans toute organisation commerciale capitaliste. Car ne l’oublions pas, si le narco-trafic est illicite, il obeit aux lois du marché capitalisme. Il a sa politique de l’offre et de la demande, il a sa guerre des prix et de la concurrence. Il ya donc des producteurs de base, souvent des agriculteurs ruinés pour qui la culture des plantations est la seule source de revenus et qui sont exploités et encadrés par la force des entreprises qui contrôle les trafics, la transformation et,/ou la production pour les drogues de synthèse, il y a la distribution en gros jusqu’au commerce de détail mais aussi et cela est primordial, un marché solvable.
Se poser seulement la question de l’offre, comme le font les gouvernements des États capitalistes a une limite évidente : l’éradication de l’offre obligerai à mettre le nez dans le blanchiment des profits réalisés issus de cette production et sans surprise on retrouverait là des investisseurs en costume trois pièces alimentant le marché des capitaux.
Se poser la question de la demande, ce que ne font pas les États, ce serait mesurer que si la réligion est selon K. Marx « l’opium du peuple« , l’opium tout court a pour vertu de neutraliser des fractions de la population touchées par la crise du capitalisme et qu’ils préfèrent voir à la recherche de Paradis artificiels, plutôt que de s’inscrire dans la lutte pour abattre un système de plus en plus prédateur de l’Homme et de la nature. Cet aspect des choses est souligné par des auteurs6 qui observent que la montée de consommations de stupéfiants, y compris dans des villes petites et moyenne est corrélée à la désindustrialisation et à la dislocation des pratiques et solidarités ouvrières7. Ce que le Journal du Centre appelle : » Un tsunami blanc en approche « 8, est bel et bien un indice fort de la crise sociale, économique et politique qui caractérise notre pays et tous ceux qui connaissent ce « Tsunami blanc« .
Pour nous, militants révolutionnaires, la tâche est double ne pas lâcher dans la lutte contre le narcotrafic, aider les victimes de ces trafics et surtout combattre pour une société débarrassée de la cause première de ces derniers : le système d’exploitation capitaliste !
Notes
1 https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/rapports/cion_lois/l17b0974_rapport-information#
2 https://www.diploweb.com/I-Le-marche-mondial-des-drogues-une-geo-economie-singuliere-particulierement-dynamique.html
3 https://www.unodc.org/unodc/fr/press/releases/2025/June/unodc-world-drug-report-2025_-global-instability-compounding-social–economic-and-security-costs-of-the-world-drug-problem.html
4 https://fr.statista.com/infographie/31981/chiffre-cles-du-trafic-de-drogue-en-france-revenus-trafiquants-consommateurs-criminalite/
5 https://www.humanite.fr/societe/cannabis/37-millions-de-consommateurs-7-milliards-deuros-de-chiffre-daffaires-le-marche-de-la-drogue-explose-en-france-revele-un-rapport-de-lofast-sur-les-stupefia
6 https://stm.cairn.info/revue-les-tribunes-de-la-sante1-2014-2-page-61?lang=fr
7 Romain Castellesi, Savoir commencer une grève : résistances ouvrières à la désindustrialisation dans la France contemporaine, Ed. Agone, l’épreuve des faits, 2025
8 Le Journal du Centre mercredi 6 août 2025
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