L’entreprise Carmat, spécialisée dans les cœurs artificiels placée en redressement judiciaire (H.fr-30/09/25)

Carmat écope d’un nouveau sursis.© Laurent GRANDGUILLOT/REA

Placée en redressement judiciaire depuis juillet, la société française produisant un palpitant électromécanique à la pointe de la recherche s’est vu octroyer un nouveau délai par la justice.

Par Cécile ROUSSEAU.

Un ultime sursis. Ce mardi, le tribunal de commerce de Versailles (Yvelines) qui devait statuer sur la seule offre de reprise pour la société Carmat, produisant un cœur artificiel, a finalement renvoyé à une nouvelle audience, le 14 octobre. « Le juge a reconnu l’offre caduque et fixé la prochaine audience pour une requête en liquidation », a indiqué Stéphane Piat, son directeur général à l’AFP. En août, Pierre Bastid, président du conseil d’administration et actionnaire de Carmat à hauteur de 17 %, s’était positionné comme l’unique repreneur potentiel via son bureau de gestion de patrimoine familial, Hougou.

Mais la veille de l’audience au tribunal de commerce du 30 septembre, il avait fait savoir qu’il n’avait pas trouvé les 150 millions d’euros nécessaires pour boucler sa proposition. Avec ce nouveau délai accordé par la justice, Stéphane Piat, espère toujours sortir l’entreprise de l’ornière : « On a sauvé Notre-Dame, on peut sauver Carmat », a-t-il lancé dans un appel adressé à des « capitalistes français » et « aux familles les plus connues », rappelant que cette situation « est un gros gâchis » et « une grosse frustration » pour les 130 employés.

Trente ans de recherche

Alors que la société avait été placée en redressement judiciaire le 1er juillet, après avoir levé un total de 550 millions d’euros de fonds depuis sa création, Nicolas Dufourcq, le patron de la Banque publique d’investissement (Bpifrance), n’avait pas hésité à enfoncer l’entreprise en péril. « C’est malheureux, mais Carmat, on n’y a jamais cru, avait-il déclaré, parce que le cœur est trop gros, parce que la taille du marché était complètement surestimée. »

Ce cœur électromécanique est pourtant le fruit de trente ans de recherche lancée par le professeur Alain Carpentier avec le soutien de Matra Défense entre 1996 et 2008, date de la création de l’entreprise. Si son histoire a été jalonnée de difficultés et de drames, notamment de décès de patients, depuis l’essai clinique Eficas en 2022, 55 cœurs avaient été implantés. La publication des résultats de cette étude, toujours attendue, aurait pu enclencher un remboursement du cœur par la Sécurité sociale permettant de trouver un équilibre financier d’ici quatre ou cinq ans.

Car avec seulement 400 greffes de cœur réalisées en 2024 pour plus de 1 000 malades sur liste d’attente active, Carmat constituait une solution en attente d’un greffon tout en permettant au patient de mener une vie presque normale. Si les 23 patients encore implantés devraient continuer à bénéficier d’un suivi, les personnes souffrant actuellement d’insuffisance cardiaque terminale n’ont, pour l’heure, plus accès à cette technologie. Quant aux brevets déposés par la société, ils attisent déjà les convoitises.

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Source: https://www.humanite.fr/social-et-economie/carmat/lentreprise-carmat-specialisee-dans-les-coeurs-artificiels-placee-en-redressement-judiciaire

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