
Alors que le premier ministre est confronté à une deuxième journée de mobilisation, « Les Échos » révèlent que Matignon planche à un simulacre de concession, pour ne pas se faire censurer par les socialistes.
Par Cyprien CADDEO.
Drôle de période décidément, que cette France sans gouvernement et dont la feuille de route budgétaire, maintenue volontairement dans le flou, ne se dévoile qu’au compte-goutte par des fuites opportunes dans la presse. Alors que le premier ministre Sébastien Lecornu a engagé un second cycle de consultations des différents groupes politiques du Parlement, et qu’il se heurte à une deuxième journée de mobilisations sociales ce 2 octobre, les Échos font état d’une sorte de main tendue au PS.
En effet, le premier ministre, qui a déjà écarté la taxe Zucman et la réintroduction de l’ISF, rêve encore de décrocher les socialistes du reste de la gauche, et d’obtenir une garantie de non-censure. Contre quoi ? Selon le quotidien économique, il s’agirait d’un ensemble de mesures qui mettraient à contribution les plus riches et les grandes entreprises. Du moins, un peu : ce paquet fiscal chiffrerait à 10 milliards d’euros seulement (quand la taxe Zucman permettrait de dégager 20 milliards d’euros de nouvelles recettes, et l’ISF entre 5 et 6 milliards).
Pour un petit point de plus…
Concrètement, Sébastien Lecornu envisagerait de reprendre une des mesures du contre-budget du PS, la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) sur les revenus du patrimoine et les placements financiers. Les socialistes veulent augmenter cette taxe de 1 point, de 9,2 % à 10,2 %. Matignon hésite et serait prêt à céder une hausse de 0,5 %. C’est dire si l’effort de compromis est intense du côté de la Macronie…
De manière générale, le premier ministre veut donner des gages pour ne pas laisser s’imposer le récit d’un gouvernement qui demanderait des efforts à tous sauf aux plus aisés. Est également sur la table le maintien, dans une version allégée, de la « taxe sur les superprofits » à la sauce Barnier (soit 4 milliards d’euros prélevés sur les 400 entreprises qui génèrent plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel).
Ou encore une réforme des holdings familiales pour encadrer l’optimisation fiscale et récupérer 2 milliards d’euros – une piste déjà évoquée par la ministre démissionnaire des Comptes publics Amélie de Montchalin, dont on ne sait si elle sera reconduite à son poste.
Ces propositions s’ajoutent à l’annonce déjà faite aux syndicats d’une amélioration des pensions de retraite pour les femmes (mais tout débat sur la réforme de 2023 est écarté) ou encore celle d’une réduction de 6 milliards d’euros de dépenses sur le « train de vie de l’État ».
Ces pistes confirment toutefois que l’exécutif reste plus frileux à l’idée de fâcher le patronat et à celle de désavouer sa politique de l’offre qu’à vraiment donner des gages à la gauche. Reste à savoir si le PS, refroidi par le simulacre du conclave des retraites et le retrait de la taxe Zucman de toutes négociations, se contentera de cela.
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