Environ 2 000 personnes ont manifesté ce jeudi 2 octobre 2025 dans les rues de Lorient (Morbihan). Largement moins que le 18 septembre dernier.
Par Pauline DECKER et Maxime SOENEN
« Le point de départ n’était pas le bon, exprime franchement Pierrick Simon, secrétaire départemental Force Ouvrière 56. J’aurais trouvé intéressant de partir de la nouvelle Maison des syndicats… » Pas toujours simple pour l’intersyndicale de marcher du même pas. Lorient (Morbihan) n’y déroge pas. Avant même de s’élancer du rond-point de La Base, ce jeudi 2 octobre 2025, les désaccords dans les différents rangs se faisaient entendre. La RN bloquée tôt dans la matinée, dès 6 h, il était de fait compliqué de rejoindre le bout de la pénétrante.
10 h 30, heure du départ. 500 personnes à peine ont rallié les troupes. Dans la bonne humeur, ça patiente. À coups de pétards et de fumigènes. Mais dès qu’on le gratte, le vernis craque. Et rien à voir avec les gaz lacrymogènes envoyés plus tôt dans la matinée par la police pour débloquer l’accès à la voie rapide. « C’était gentillet, accorde alors Bruno Le Nézet, le secrétaire général de la section CGT de l’arsenal. Ils ne voulaient juste pas qu’on se disperse. »
Non, ce qui les mine, derrière les sourires de façade, c’est la mobilisation.Pas assez au rendez-vous. « Hier lors du tractage, ça prenait bien, détaille le leader syndicaliste de Naval Group. Mais certains préfèrent faire un débrayage de deux heures plutôt que de perdre une journée. »
« On sent bien que les salariés ont la trouille et pas les moyens de la grève, concède Pierrick Simon, un brin esseulé. À Force Ouvrière, on veut une grève massive. On avait appelé l’intersyndicale à la faire les 2, 3 et 4 octobre, ça a été refusé. »
Pour le représentant, « il vaut mieux perdre trois jours consécutifs que quatorze jours étalés. Les salariés manifestent mais prennent des RTT ou congés, donc le gouvernement s’en fiche puisqu’on ne bloque rien du tout… Nos camarades se disent qu’ils ne vont pas perdre une journée juste pour faire le tour d’un pâté de maisons ! » Localement, FO mise sur la pédagogie et la proximité. Et projette d’organiser des assemblées générales dans les entreprises pour appeler au blocage de l’activité…
Près de 3 000 manifestants pour la CGT
Le constat est le même pour tous : difficile de faire le plein. À Lorient comme ailleurs, la mobilisation a faibli. Ils étaient 1 500 selon la police, près de 3 000 pour la CGT… Contre plus de 5 000 le 18 septembre dernier. Pour Ludovic Bénabès, secrétaire départemental CGT santé action sociale du Morbihan, « c’est un sacrifice quand on est déjà enfoncé dans la précarité par nos politiques. À l’hôpital, les agents sont déjà tellement en flux tendu qu’ils ne veulent pas mettre leurs collègues et les patients dans la galère. Pourtant, ils sont tous mécontents de la politique d’austérité ! »
Le constat est amer mais n’empêche pas de chanter. Ni de crier son ras-le-bol tout au long des quelque 2 km de parcours. Un parcours qui s’est terminé sur une ligne de crête. « Ça aurait pu basculer, mais ça n’a pas basculé », résume un témoin, alors que plusieurs leaders de la CGT venaient d’insister pour changer le parcours (validé en préfecture) en cours de route pour traverser le centre-ville… Et de se prendre un refus catégorique des autorités.
Quelques sommations plus tard, c’est éparpillés qu’ils ont finalement rallié la place Glotin, dénonçant pour certains « un dispositif de police resserré comme on en a jamais vu à Lorient, digne d’une armada militaire », pour Rémi Hamon, secrétaire de l’union locale CGT. Quand d’autres, là encore, étaient moins raccord. « Du coup, contestait une manifestante, tout le monde est parti vite, c’est dommage… »
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