Finistère : 68 nouveaux témoignages de victimes de violences dans l’enseignement catholique remis à la justice (ICI-BreizhIzel-8/10/25)

Les représentants des deux collectifs ont été brièvement reçus par le parquet de Brest mercredi. © Radio France – Nicolas Olivier

Deux collectifs d’anciens élèves d’établissements privés du Finistère ont remis mercredi 8 octobre au parquet de Brest 68 nouveaux témoignages décrivant des violences physiques, psychologiques ou sexuelles. Parmi eux, 33 concernent l’ensemble scolaire du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon.

Par Nicolas OLIVIER.

Ils sont ressortis du palais de justice sous les applaudissements d’une vingtaine de victimes. François Barat (collège Saint-Pierre) et Gildas Marie (ND Kreisker et Sainte-Ursule) se sont rendus mercredi au parquet de Brest où ils ont été brièvement reçus, le temps de déposer une liasse de 68 témoignages relatant des violences institutionnelles dans deux établissements d’enseignement catholiques du Finistère, l’ancien collège privé du Relecq-Kerhuon et l’actuel ensemble du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon.

Une deuxième enquête bientôt ouverte ?

Un premier volet de témoignages en avril dernier avait conduit le procureur a ouvrir une enquête concernant le collège Saint-Pierre. Plusieurs membres du collectif ont d’ailleurs déjà été entendus depuis par les gendarmes. Mais c’est la première fois que des victimes de Notre-Dame du Kreisker et de Sainte-Ursule se font connaître de la justice. A la différence des anciens de Saint-Pierre, plusieurs cas de violences sexuelles sont dénoncés.

Malgré la prescription de l’ensemble des faits, Gildas Marie -le coordinateur du collectif- attend désormais que « le procureur de la République ouvre une enquête judiciaire, que ce ne soit pas lettre morte. L’important, c’est que nous soyons reconnus comme victimes ». 75 anciens élèves ont déjà rejoint le groupe, créé en mai dernier après les révélations du média d’investigation Splann!.

Parmi leurs 33 premiers témoignages déposés mercredi, quatre émanent de femmes. Isabelle (54 ans), qui souhaite garder l’anonymat, a fréquenté le collège Sainte-Ursule entre 1982 et 1986. Elle raconte les gifles régulières, « la violence gratuite » qui a culminé le jour où elle a été traînée par les cheveux dans un couloir, agrippée par le col et jetée dans les escaliers par un surveillant qui l’a ensuite rouée de coups de pied. « On ne portait pas plainte à l’époque. Fille d’agriculteurs, boursière, ça ne se faisait pas ». Isabelle espère avant tout que l’État et l’Église reconnaissent leur responsabilité.

Malgré la prescription des faits, les membres des deux collectifs comptent sur la justice pour établir la vérité. © Radio France – Nicolas Olivier

Un dialogue ouvert avec le diocèse

Des membres du collectif du Kreisker ont été reçus pour la première fois par le diocèse de Quimper et Léon le 27 août. Une entrevue « constructive et sans langue de bois, se réjouit Gildas Marie. Depuis le début, nos témoignages n’ont jamais été remis en cause ». Les représentants des anciens élèves du collège Saint-Pierre saluent, eux aussi, l’écoute et la bienveillance de l’Église à leur égard.

Parmi les pistes évoquées avec les deux collectifs, l’apposition d’une plaque mémorielle sur les lieux des établissements, comme celle inaugurée en 2024 au collège-lycée Charles de Foucauld à Brest. « C’est en cours, ils traînent un peu des pieds, mais ce serait bien pour la reconnaissance », précise François Barat, le porte-parole du collectif des victimes de Saint-Pierre. Qui poursuit en parallèle l’exploration des archives du diocèse.

Le collectif de Saint-Pol-de-Léon, dont certains membres se rencontraient pour la première fois mercredi, a un effet cathartique, souligne Isabelle : « Ça fait beaucoup de bien d’échanger avec les autres, c’est un peu réparateur, on ne se sent plus seul. »

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Source: https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/finistere-68-nouveaux-temoignages-de-victimes-de-violences-dans-l-enseignement-catholique-remis-a-la-justice-1671223

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/finistere-68-nouveaux-temoignages-de-victimes-de-violences-dans-lenseignement-catholique-remis-a-la-justice-ici-breizhizel-8-10-25/

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