
C’est à Paris où fut fondée la Fédération Syndicale Mondiale en octobre 19451 qu’a eu lieu la célébration de son 80e anniversaire. La FNIC-CGT affiliée à la FSM a joué un rôle majeur dans l’organisation des manifestations du 80e anniversaire.
Après qu’une manifestation internationaliste se soit déroulée jusqu’à la place de la République avec la participation de nombreuses délégations d’organisations affiliées à la FSM, un meeting s’est tenu à la bourse du travail de Paris. En ouverture de ce meeting, une camarade du syndicat CGT FTDNEEA de la ville de Paris affilié à la FSM, a rappelé le rôle de la FSM et la nécessité d’un syndicalisme de classe pour les travailleurs.
Nous publions ici in extenso, le discours prononcé par le camarade Pambis Kyritsis secrétaire général de la FSM.
Discours de Pambis Kyritsis, Secrétaire général de la FSM
Ce soir nous sommes tous ici pour remplir un devoir d’honneur envers un parcours historique riche et fier. Afin de rendre hommage comme il se doit aux 80 ans d’existence et d’action de la Fédération syndicale mondiale qui, grâce à l’unité, à la solidarité et à la camaraderie internationale, a réuni sous sa bannière des millions de travailleurs des quatre coins du monde dans une lutte difficile mais merveilleuse pour un monde meilleur. Permettez-moi d’accueillir tout particulièrement les plus de 300 dirigeants syndicaux ayant fait le voyage depuis les quatre coins du monde, surmontant de nombreuses difficultés et problèmes, pour honorer cet événement de leur présence. Je suis sûr qu’ils ramèneront dans leurs pays le message militant de cet événement.
Il ne fait aucun doute que cette délégation internationale serait aujourd’hui beaucoup plus nombreuse si les autorités françaises avaient fait preuve de plus de respect pour cet événement et n’avaient pas refusé de délivrer des visas à des centaines de syndicalistes qui avaient exprimé leur volonté d’y participer.
Permettez-moi de souligner tout particulièrement la présence d’une délégation des syndicats chinois. La FSM entretient depuis longtemps des relations avec l’ACFTU, fondées sur des principes et des valeurs communs, et construites sur notre coopération sincère et notre action conjointe.
Je salue avec plaisir et fierté également la présence d’un important groupe de syndicalistes français représentant les affiliés de la FSM en France. Leur présence et cet événement ici à Paris aujourd’hui constituent une déclaration claire comme quoi la FSM n’a jamais quitté la France et que ses racines dans ce pays sont profondes et solides, car elles sont nourries par la tradition héroïque des luttes de classe incessantes de ce pays.
Chers collègues,
La fondation de la FSM n’est pas le fruit du hasard. Au contraire, les décennies ayant précédée ont été l’une des périodes les plus turbulentes de l’histoire de l’humanité, marquées par des processus économiques et sociaux importants et des événements historiques mondiaux.
Le plus important d’entre eux a sans aucun doute été la Grande Révolution d’octobre 1917, qui a changé le cours de l’histoire et placé la classe ouvrière au premier plan de l’histoire.
La Grande Dépression qui a éclaté en 1929 a mis en évidence les limites économiques et les contraintes inhérentes au capitalisme, créant une misère et une pauvreté sans précédent parmi les travailleurs et les couches populaires. La montée du fascisme et du nazisme dans les années 1930 a révélé la version la plus brutale de ce système, et la Seconde Guerre mondiale a mis en évidence ses impasses de la manière la plus inhumaine et la plus destructrice qui soit.
Cette année, outre le 80e anniversaire de la FSM, nous avons également célébré les 80 ans de la grande victoire des peuples contre l’horreur fasciste et nazie. Nous avons rendu hommage, comme il se doit, au rôle décisif et prépondérant de l’Union soviétique et de l’héroïque Armée rouge dans cette grande victoire historique.
Ce n’est certainement pas une coïncidence si ces deux glorieux anniversaires coïncident.
Des cendres de la guerre la plus destructrice de l’histoire de l’humanité, le vent frais de la grande victoire antifasciste a apporté avec lui l’espoir et la revendication d’un nouveau monde de paix, démocratie et justice sociale.
Ce vent frais a soufflé avec force sur le mouvement syndical mondial. Il a fait émerger la revendication d’un nouveau type de mouvement syndical mondial uni et de classe. Un mouvement indépendant des cercles dominants du capitalisme mondial et servant uniquement les intérêts des travailleurs.
Ainsi le 3 octobre 1945 la Conférence syndicale mondiale de Paris, préparée par la Conférence de Londres en février précédent s’est transformée en Congrès syndical mondial et a décidé de créer la Fédération syndicale mondiale.
Le secrétaire général français élu, Louis Saillant, l’un des leaders historiques emblématiques de la classe ouvrière mondiale, a résumé ainsi son discours de clôture :
« La FSM est la fille de l’unité ; pour des luttes unifiées des travailleurs contre le fascisme, contre l’exploitation par les monopoles, pour la libération de toutes les colonies et pour de meilleures conditions de vie pour la classe ouvrière ».
La nouvelle Fédération mondiale s’est fixée comme principales priorités l’organisation des travailleurs en syndicats, la lutte contre le fascisme, la lutte contre la guerre et ses causes, la promotion des droits économiques et sociaux et des libertés démocratiques et syndicales des travailleurs, l’éducation et la conscience de classe des travailleurs syndiqués et la représentation des intérêts du mouvement syndical international au sein des organisations internationales auxquelles elle participe, en particulier celles qui relèvent de l’Organisation des Nations unies, alors nouvellement créée.
Cela fait aucun doute la vie elle-même a pleinement justifié cette décision historique du 3 octobre 1945.
Depuis lors, la FSM a parcouru un long chemin historique, riche et glorieux, marqué par l’action, les luttes et les contributions à la conquête de nombreux droits importants et à des réalisations historiques pour la classe ouvrière mondiale.
L’élan avec lequel la fondation de la FSM a armé le mouvement syndical mondial, en particulier son approche idéologique et politique ainsi que son orientation de classe, a, comme on pouvait s’y attendre sérieusement alarmé les cercles dirigeants du capitalisme mondial. Dans les circonstances de l’époque, un mouvement syndical mondial uni et de classe était l’un de leurs pires cauchemars.
Au départ, ils ont essayé méthodiquement, par l’intermédiaire des syndicats et des syndicalistes sous leur influence, de manipuler la FSM dès sa création, en recourant à la pression et au chantage. Cependant, la position ferme de la grande majorité des organisations de classe cohérentes et le fort sentiment antifasciste et anti-impérialiste de l’époque les ont contraints à reculer.
Mais les dirigeants du capitalisme mondial n’ont pas renoncé à leurs efforts.
Ayant échoué à manipuler le nouveau mouvement syndical mondial des travailleurs, ils ont très vite commencé à préparer sa scission sous divers prétextes et accusations. C’est clair, la guerre froide était désormais le choix évident des forces réactionnaires et des cercles dominants du monde impérialiste occidental.
Ainsi, en 1949, avec le rôle actif de la CIA, des services de renseignement et d’autres centres réactionnaires anticommunistes extrêmes œuvrant à l’intensification de la guerre froide, et avec la participation volontaire de la social-démocratie européenne ayant déjà adopté une ligne opportuniste et d’accompagnement et prêtant allégeance absolue au géant impérialiste transatlantique alors émergent, ils ont procédé à la scission de la FSM. Sous prétexte que la plupart des membres refusaient d’applaudir et de soutenir le célèbre plan Marshall, certaines organisations dirigées par le CIO américain et le TUC britannique se sont retirées de la FSM et, avec la célèbre AFL américaine, ont procédé à la création d’un nouvel organisme syndical jaune, l’Internationale des syndicats dits « libres », la CISL. Bien sûr, ils n’étaient libres que de leur engagement envers la classe ouvrière et ses luttes, mais il ne fait aucun doute qu’ils étaient totalement dépendants des monopoles multinationaux et des centres impérialistes de l’époque.
Le retrait et la scission ont été suivis d’attaques, de pressions, de chantages et de rachats. Néanmoins, la FSM a poursuivi son action militante, servant avec succès les buts et objectifs du mouvement syndical mondial de classe.
Le congrès fondateur à Paris a été suivi de 17 autres congrès syndicaux mondiaux organisés aux quatre coins de la planète, qui ont fixé les priorités des luttes sociales et syndicales de leur époque, toujours avec la vision d’un monde sans guerres ni interventions impérialistes, sans colonisateurs ni néocolonisateurs, sans exploiteurs ni exploités.
Sous sa bannière, d’énormes campagnes mondiales de solidarité ont été menées avec les peuples luttant pour leur indépendance nationale et sociale. La FSM s’est tenue aux côtés des peuples de Chine, de Corée, du Vietnam, de Cuba et d’Afrique du Sud, soutenant fermement leur lutte contre le colonialisme et participant activement aux luttes pour la paix, la démocratie et la justice sociale. Elle a joué un rôle décisif dans la création de syndicats de classe dans des dizaines de pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Elle a contribué de manière décisive à la création et à l’action d’importantes fédérations syndicales régionales telles que l’OUSA en Afrique, la CISA dans le monde arabe et la CPUSTAL en Amérique latine, et a organisé de nombreux syndicats internationaux sous son égide. Elle a proclamé la Charte des droits syndicaux et, à son initiative, des écoles syndicales, des établissements d’enseignement, des comités de solidarité et de soutien aux dirigeants syndicaux persécutés ont été créés et mis en place, ainsi que des campagnes pour la libération des militants emprisonnés.
Elle a laissé une empreinte indélébile sur toutes les conventions importantes de l’OIT qui constituent encore aujourd’hui le fondement des relations de travail. La convention n° 87 de 1948 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical et la convention n° 98 de 1949 sur le droit d’organisation et de négociation collective restent les pierres angulaires des acquis du mouvement syndical en matière de droit d’organisation, de négociation collective et de droit de grève. La convention n° 95 de 1949 est à la base de toute la législation ultérieure sur la protection des salaires, et la convention n° 100 de 1951 est à la base de toute la législation ultérieure sur le principe de l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes pour un travail de valeur égale.
La contribution créative de la FSM à d’autres organisations internationales auprès desquelles elle est accréditée, telles que l’UNESCO, la FAO et divers comités des Nations unies, est historiquement documentée.
Chers collègues,
Malheureusement, les bouleversements et les remaniements qui ont entraîné les terribles revers de la fin des années 1980 et la dissolution de l’Union soviétique et du camp socialiste en Europe n’ont pas manqué d’affecter la FSM.
Les années 1990 ont été une décennie très difficile concernant le mouvement syndical de classe et la FSM. Ses principaux piliers, les syndicats des anciens pays socialistes, n’existaient plus.
L’attaque des forces réactionnaires a été dure, totale et à plusieurs niveaux.
La confusion initiale causée par l’issue tragique de la célèbre « perestroïka » s’est transformée en un scénario de profonde confusion politique et idéologique. De nombreux mouvements ayant une histoire de lutte et des racines de classe ont été conduits au fatalisme et au défaitisme, et finalement au révisionnisme historique et à la capitulation idéologique et politique.
Certaines organisations qui ont choisi de quitter la FSM et de s’aligner sur les syndicats jaunes ont tenté de faire valoir que la FSM devait s’abolir et se dissoudre, croyant apparemment que cela justifierait leur choix. Dans ces circonstances la FSM risquait de devenir inactive et se dissoudre.
Cependant, malgré les difficultés et la gravité de l’attaque les syndicats considérant que leur devoir était de défendre et de renforcer le pôle de classe au sein du mouvement syndical mondial ont tenu bon. Pour ces syndicats, n’existait qu’un seul choix possible. La FSM devait se réorganiser, moderniser ses formes d’action et de fonctionnement puis avec des positions et une orientation claires, passer à la contre-attaque, en s’appuyant sur son histoire, sa présence de longue date et sa contribution.
Avec un optimisme historique et une foi dans le critère et l’instinct de classe de la classe ouvrière, un nouveau cycle de présence militante et d’intervention créative de la FSM a commencé après le congrès historique de La Havane en décembre 2005. Avec de nouvelles méthodes de fonctionnement, adaptées aux nouvelles conditions qui ont été créées, avec une nouvelle direction et un nouveau secrétaire général, le camarade George Mavrikos. Avec des positions claires et une insistance sans compromis sur son caractère anti-impérialiste, anticapitaliste et antifasciste et son orientation de classe. Un cycle qui se poursuit encore aujourd’hui.
La FSM développe la solidarité internationaliste entre les travailleurs et mobilise les syndicats de classe qui défendent les droits et les acquis des travailleurs. Elle participe activement, par ses positions et ses interventions, aux institutions mondiales auprès desquelles elle est accréditée, dont la plus importante est, bien sûr, l’OIT. Une OIT qui, malheureusement, s’éloigne de plus en plus des revendications et attentes des travailleurs, puisqu’elle est également manipulée depuis des décennies par les cercles dominants du « nouvel ordre mondial ». Poursuivant le monopole antidémocratique et politiquement contraire à l’éthique de la représentation des travailleurs par la CSI.
Nous savons que les employeurs et les gouvernements sont satisfaits et à l’aise avec la monopolisation complète de la représentation des travailleurs à l’OIT par la CSI. Ils évitent ainsi les voix gênantes qui défendent les intérêts de classe des travailleurs et s’opposent à la politique de deux poids deux mesures et au ciblage sélectif de certains pays pour le confort des cercles dominants.
C’est pourquoi nous continuerons à exiger la démocratisation de l’OIT et dénoncer de manière cohérente et déterminée le monopole inacceptable et antidémocratique de la CSI sur la représentation des travailleurs.
Depuis le congrès de La Havane jusqu’à aujourd’hui, les progrès réalisés en matière de développement organisationnel et, surtout, dans le rôle et la présence de la FSM dans les développements concernant le mouvement syndical mondial sont, je crois, plus qu’évidents.
La FSM compte désormais des organisations membres représentant environ 110 millions de travailleurs. Elle est active et représentée dans 134 pays aux quatre coins du globe.
Sa structure comprend cinq bureaux régionaux et 11 fédérations sectorielles internationales, ainsi puis des comités sur les travailleuses, les jeunes travailleurs, les libertés syndicales et démocratiques, les migrants et la sécurité et la santé au travail. Elle soutient également l’Institut ouvrier international (IOI) et travaille étroitement avec lui pour promouvoir l’éducation et la formation syndicale parmi les syndicalistes.
Chers collègues,
80 ans après la défaite de l’hitlérisme, 80 ans après la fondation de la FSM, malgré les dures leçons de l’histoire humaine, les guerres impérialistes, les interventions, les sanctions et les blocus se poursuivent et s’intensifient. Le fascisme est en hausse et menace à nouveau l’humanité, la crise capitaliste s’aggrave et s’étend, accompagnée de nouvelles attaques contre les droits et les acquis des travailleurs. On assiste à un creusement dramatique des inégalités sociales, à une dégradation encore plus grande de l’environnement et à une surexploitation irresponsable des ressources naturelles de notre planète.
Aujourd’hui, une fois de plus, l’hypocrisie, le cynisme et le comportement inhumain de l’impérialisme sont révélés aux yeux de l’humanité. Le massacre et le génocide des Palestiniens à Gaza se poursuivent sans relâche, et certains tentent de présenter ce crime odieux comme le droit d’Israël à la légitime défense ; un droit à l’autodéfense d’un État occupant illégalement depuis des décennies, par la force des armes, les territoires palestiniens et autres territoires arabes, ayant déraciné et déplacé des millions de personnes de leur foyer et de leur terre, qui refuse aux Palestiniens le droit d’avoir leur propre État indépendant et qui poursuit ses colonies, ses meurtres et ses arrestations, établissant de fait un régime d’apartheid.
L’opération visant à l’occupation complète de Gaza et à l’achèvement du nettoyage ethnique systématique qui se poursuit contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza est en cours.
Il existe un plan délibéré et organisé visant à déplacer et à exterminer les Palestiniens de leur terre, dans le but d’étendre l’occupation et les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens, annulant ainsi les résolutions de l’ONU prévoyant la création d’un État palestinien. Cela s’inscrit dans le cadre d’un plan plus large d’Israël et des États-Unis recherchant à restructurer de manière violente l’ensemble du Moyen-Orient selon leurs propres conditions.
La FSM a toutes les raisons d’être fière, car elle a soutenu le peuple palestinien depuis le tout début. Des millions de travailleurs dans des dizaines de pays à travers le monde se mobilisent sous sa bannière, exigeant la liberté et la justice pour la Palestine. Mais tous les membres du mouvement syndical international n’ont pas le droit d’être fiers. Certains – et je fais bien sûr référence à la CSI – ont perdu leur voix à l’heure du génocide et du nettoyage ethnique et restent silencieux face à ce crime. Pire encore, ils maintiennent une position de distance égale, mettant sur un pied d’égalité les bourreaux et les victimes.
Aujourd’hui, la priorité des cercles dirigeants du capitalisme est l’économie de guerre qui, en plus de menacer la paix et la sécurité mondiales, se traduit également par des politiques d’austérité encore plus sévères et une plus grande inégalité sociale.
Afin de garantir et d’accroître la rentabilité des monopoles, les attaques contre les droits politiques, sociaux et syndicaux des travailleurs sont de plus en plus sévères.
Le travail temporaire, précaire et non assuré se développe puis s’enracine, l’autoritarisme patronal et gouvernemental s’accroît, les libertés démocratiques et syndicales sont systématiquement restreintes.
Des acquis sociaux majeurs tels que la sécurité sociale et la santé publique sont privatisés, tandis que le relèvement autoritaire et arbitraire de l’âge de la retraite se poursuit méthodiquement.
Dans ce tableau autrement déprimant du monde actuel, le fait que les travailleurs n’acceptent pas passivement l’offensive antipopulaire et antisyndicale est un aspect encourageant et porteur d’espoir. Sous la direction de syndicats de classe, des millions de travailleurs à travers le monde choisissent de se battre pour défendre leurs droits syndicaux, sociaux et politiques.
Les affiliés ou amis de la FSM sont toujours à l’avant-garde de toutes les luttes, grandes ou petites, et grâce à ces luttes, notre Fédération a acquis un prestige et un respect encore plus grands ces dernières années.
Cependant, il n’y a pas que les employeurs et les gouvernements qui se mobilisent pour restreindre les droits et saper les luttes des travailleurs. Dans de nombreux cas, ils se retrouvent confrontés non seulement aux employeurs et à l’État, mais aussi aux syndicats qui suivent la voie de la collaboration de classe et de l’intégration dans le système d’exploitation. Une voie qui, comme l’a récemment prouvé une fois de plus l’arrestation de l’ancien secrétaire de la CSI et de la CES, Luca Visentini, est celle qui reproduit le carriérisme, la bureaucratie et la corruption au sein du mouvement syndical.
Chers collègues,
Si nous sommes ici aujourd’hui, réunis des quatre coins du monde, afin d’honorer le passé glorieux et héroïque de notre mouvement, c’est parce que c’est là que nous puisons notre force, notre foi et notre vision de l’avenir.
Au cours de la marche que nous avons effectuée récemment dans les rues de Paris, avec tant de couleurs et tant de drapeaux, tant de banderoles et de poings serrés, des générations et des générations de militants populaires pionniers ont consacré leur vie et leur existence aux idéaux et aux valeurs représentés par notre Fédération ont marché avec nous en esprit : le vice-président soudanais de la FSM, Ahmed Shafie El Sheikh, assassiné par le régime de Nimeiry au Soudan en 1972. Le secrétaire général de la héroïque CGTP Pérou et cadre de la FSM, Pedro Huillca Tesce, assassiné au Pérou en 1992. Le jeune et héroïque électricien vietnamien Nguyen Van Troi, fusillé en 1964, peu avant le 6e Congrès de la FSM à Varsovie, à la mémoire duquel tous les délégués ont observé une minute de silence. Il s’agissait de Mitsos Paparigas, membre du Conseil général de la FSM et secrétaire général de la CGT grecque, assassiné par l’État grec en 1949. Le Tunisien Ferhat Hached, cadre de la FSM, assassiné par les colonialistes français en 1952.
Ils étaient tous là. Tout le monde était présent.
80 ans, ce n’est qu’un début. La FSM est née d’une nécessité. Les travailleurs du monde entier en ont besoin, car les guerres et les interventions continuent d’exister. Les impérialistes et les néocolonialistes continuent d’exister, l’exploitation et l’injustice sociale également.
Car seuls, nous sommes faibles et vulnérables. Mais ensemble, nous formons une force puissante qui peut non seulement protéger les acquis obtenus au prix de durs combats, mais aussi aller de l’avant, dans la contre-offensive, pour revendiquer ce qui revient de droit aux travailleurs, à savoir rien de moins que la satisfaction de leurs besoins contemporains.
La solidarité et l’internationalisme sont nos armes, les luttes politiques, sociales et syndicales sont notre choix. Telle est notre voie, et sur celle de la lutte des classes, nous continuerons à avancer avec la conviction inébranlable que l’avenir de l’humanité ne peut être la barbarie capitaliste et qu’un autre monde est possible.
Un monde tel que l’ont imaginé les syndicalistes pionniers réunis ici à Paris le 3 octobre 1945, venus des quatre coins du monde, renaissant des cendres de la guerre ; un monde sans guerres ni interventions impérialistes, sans guerres économiques et commerciales, sans exclusion, discrimination et inégalité, sans exploitation de l’homme par l’homme.
Pour un tel monde, il vaut la peine de donner toute notre force.
– Vive les 80 ans d’existence et d’action de la FSM !
– Vive l’unité et les luttes des travailleurs !
– Vive la solidarité et l’internationalisme !
Note 1– https://www.sitecommunistes.org/index.php/france/syndicats/3593-paris-03-octobre-1945-fondation-de-la-federation-syndicale-mondiale
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Source: https://www.sitecommunistes.org/index.php/france/syndicats/3597-80eme-anniversaire-de-la-fsm
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/80eme-anniversaire-de-la-fsm-prc/