Ce mercredi 7 août 2024, plus de 300 personnes se sont réunies en hommage aux 42 civils tués par des soldats allemands à Penguerec 80 ans plus tôt. À l’occasion, élus, anciens combattants et habitants de Gouesnou (Finistère) ont marché sur les pas des victimes de ce massacre du 7 août 1944. Reportage.
Par François BRULE.
« Marcher sur les pas de nos anciens, ça fait drôle. Je les imagine sur ce chemin avec les fusils des soldats allemands aux fesses. Ils devaient avoir les pétoches. » Ce mercredi 7 août 2024, Louis Oulhen participe au 80e anniversaire du massacre de Penguerec, à Gouesnou (Finistère).
À l’époque, en ce 7 août 1944, après avoir été tenus en otage devant l’église, 42 habitants de sa commune trouvent la mort au lieu-dit de Penguerec sous les balles allemandes. « J’avais 5 ans à peine et j’en connaissais certains. Au lendemain du massacre, ma grand-mère s’était rendue sur les lieux. Nous vivions un peu plus haut à Kerléo avec mes parents, mes six frères et sœurs et ma grand-mère. Nous avons aussitôt déménagé avec notre cheptel au Breignou à Bourg-Blanc », se rappelle le Gouesnousien de 85 ans.
Sur les traces des victimes
Pour l’anniversaire de ce triste évènement, plus de 300 personnes se sont rassemblées dans le bourg. Tout comme Louis Oulhen, élus, militaires, anciens combattants, historiens et habitants de la commune ont marché en hommage aux 42 victimes, en suivant l’itinéraire emprunté à l’époque par les civils et les nazis. « À quelques chemins près, puisqu’il y a eu de nouvelles constructions depuis », précise Louis, en témoin des années.
Arrivé devant les ruines de la ferme Phélep, symbole du massacre, le cortège s’est réuni autour du monument commémoratif. Parmi eux, Janwik Sandras, habillé en tenue militaire américaine de l’époque, souhaitait rendre hommage aux 42 victimes de Penguerec. « Venir à Gouesnou aujourd’hui permet de ne pas oublier ce que ces gens ont vécu ce jour-là », estime ce Brestois de 18 ans, membre de l’association Brest 44.
« Venus grâce à la BD »
Une conviction partagée par Kris, auteur d’une BD sur ledit massacre : « Plusieurs personnes m’ont remercié m’expliquant qu’elles avaient appris l’existence de Penguerec grâce à la bande dessinée. Mais nous ne sommes que la partie immergée de l’iceberg. On popularise le travail de l’ombre des historiens locaux et des Amis du patrimoine », replace Kris. Ayant travaillé pendant plus d’un an sur Mémoires de chair et de douleur, le massacre de Penguerec, ce dernier avait à cœur d’être présent ce mercredi 7 août.
Même chose pour Emily Cintora, consule des États-Unis pour le Grand Ouest, émue face à l’implication de la population locale dans une telle cérémonie. « C’est touchant de voir toute la communauté commémorer ce massacre. J’apprécie le fait de voir différentes générations concernées par l’entretien de cette mémoire », confie la jeune femme, nommée en juillet dernier.
Après la pose d’une plaque, rue de la Gare, de deux dépôts de gerbe à l’église puis à Penguerec, la matinée s’est conclue sous le Chant des partisans suivis des hymnes américains et français. « La libération pour Gouesnou, ça reste un triste évènement à cause de ce massacre. Mais j’en garde quelques bons souvenirs, notamment lorsque les Américains nous avaient partagé des brouettes de chocolats, de caramels, de biscuits et de conserves », conclut Louis Oulhen, le sourire aux lèvres.
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