
Jeudi 2 octobre, 123 personnes ont été interpellées devant l’usine marseillaise Eurolinks, ciblée pour ses livraisons à Israël, alors qu’ils manifestaient pacifiquement pour dénoncer la complicité de l’entreprise dans le génocide à Gaza.
Par Léa DARNAY.
Le jeudi 2 octobre, un rassemblement s’est tenu devant l’usine française Eurolinks, spécialisée dans la fabrication de maillons destinés à des armes exportées vers Israël. L’action visait à dénoncer la complicité de l’entreprise dans le génocide à Gaza et a été suivie d’une intervention policière « violente », d’après les participants. Au total, 123 personnes ont été interpellées par les gendarmes et la BAC. Elles ont été placées en garde à vue pour « participation à un attroupement après sommations », certaines étant également accusées de dégradations ou de violences contre les forces de l’ordre.
24h de garde à vue
Parmi les personnes arrêtées figurait Florence Heskia, membre de Waves of Freedom France et de l’Union juive française pour la paix, organisatrice du Global Sumud Flotilla. Elle témoigne avoir rejoint le rassemblement à 15 heures, « les manifestants, assis de manière totalement pacifique, étaient déjà encerclés par les policiers ». Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montraient des drapeaux palestiniens sur le bâtiment et des slogans peints sur ses murs, comme « Eurolinks assassine les enfants de Palestine » ou « Stop arming Israel ».
Florence Heskia a par la suite été arrêtée et placée 24 heures en garde à vue avec les 122 autres manifestants, réparties entre les commissariats de Marseille, Aix, Aubagne et Marignane. « Quand nous avons voulu partir, ils nous ont notifié notre arrestation et nous ont fait monter dans des bus », explique-t-elle. Selon la militante, dans les commissariats, les policiers étaient « subjugués et mécontents » de l’arrivée d’un si grand nombre de gardés à vue. « Que signifient ces arrestations de la part de notre gouvernement, au moment même où le président reconnaît l’État de Palestine ? Depuis quand arrête-t-on une centaine de personnes pour un rassemblement pacifique et les enferme-t-on dans des cellules insalubres pour manifestation non déclarée ? », s’insurge la membre de Waves of Freedom.
Dans un communiqué, Waves of Freedom France exige que « le gouvernement français applique les mesures conservatoires de la Cour internationale de Justice (CIJ) dans la procédure pour génocide engagée par l’Afrique du Sud contre Israël, en cessant toute livraison d’armes au gouvernement israélien, conformément à la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948, dont la France est signataire. »
La LDH a porté plainte contre Eurolinks pour complicité de crimes contre l’humanité et de génocide
Depuis plusieurs mois, cette usine fait l’objet de mobilisations régulières. La Ligue des droits de l’homme (LDH) a déposé plainte contre Eurolinks pour complicité de crimes contre l’humanité et de génocide. « Ce n’est pas la première fois que des manifestants sont dispersés violemment par des gaz lacrymogènes ou interpellés », rappelle l’organisation. Le 18 septembre, environ 200 militants avaient bloqué l’accès au site avec des poubelles et une banderole proclamant « Fermons l’usine génocidaire ». En juin, les dockers CGT du port de Marseille-Fos avaient refusé de charger des palettes destinées à Israël, dénonçant leur participation à « un génocide en cours ».
La plainte déposée par la LDH le 12 juin accuse Eurolinks de fournir des composants à IMI Systems, filiale du géant israélien de l’armement Elbit Systems, régulièrement mise en cause pour son rôle dans les violations des droits humains à Gaza. « L’implication des armes d’Elbit Systems dans les crimes commis à Gaza a été formellement identifiée à plusieurs reprises », souligne la LDH, qui a également porté plainte contre IMI Systems. Contactée par l’AFP, Eurolinks n’a pas donné suite.
Par ailleurs, la Fédération Nationale des Ports et Docks CGT a signé l’appel du 26 septembre, aux côtés d’autres syndicats de dockers et portuaires d’Europe, « pour envisager des actions communes dans les semaines et mois à venir afin de promouvoir la paix et inciter la Commission européenne et les gouvernements à prendre leurs responsabilités face à cette situation honteuse pour l’humanité ». Dans ce cadre, un arrêt de travail de deux heures était prévu ce vendredi 10 octobre, de 12 h à 14 h, sur l’ensemble des ports français.
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