À nouveau, le PS sauve Macron ! (IO.fr-16/10/25)

Emmanuel Macron en 2022 (illustration AFP).

Dans son discours de politique générale, le Premier ministre a donc annoncé la suspension de la réforme des retraites jusqu’en 2027 et le non-recours au 49.3. Il n’en fallait pas plus que Parti socialiste applaudisse et annonce ne pas voter la censure de Lecornu II.

Par Rosalie ALBANI.

Les formulations du discours de politique générale de Sébastien Lecornu ressemblent à un copier-coller de la déclaration du bureau national du PS sortie quelques heures auparavant et annonçant les conditions de la non-censure du Parti socialiste. C’est le résultat des manœuvres du Parti socialiste en coulisse depuis une semaine pour éviter la censure à Lecornu et donc permettre à Macron, une nouvelle fois, de se maintenir.

La veille, sur le plateau du 20 heures de France 2, l’ex-président François Hollande avait donné la couleur du deal : « Il faut suspendre la réforme des retraites jusqu’à la présidentielle, une contribution sur les plus hauts patrimoines et pas de 49.3 pour que la discussion se fasse ». Pour François Hollande, Sébastien Lecornu a dans les mains les « éléments d’un compromis ».

Un compromis pour protéger Macron, ciblé de toutes parts depuis plusieurs jours, et de manière inédite, de Gabriel Attal à Édouard Philippe en passant par Alain Duhamel.

« Il n’est pas question de demander à un président de la République de partir au prétexte qu’il est impopulaire » conclut Hollande qui en connaît un rayon dans ce domaine, lui qui n’avait pas pu se présenter à sa propre succession tant il était rejeté, lui, sa loi Travail, ses ordonnances Macron, etc.

Au cœur du deal, la réforme des retraites

Encore une fois, c’est la réforme des retraites qui se retrouve au cœur du problème. Le Parti socialiste et le Parti communiste français, fidèles à leur longue tradition de reniement et de renoncement, affirment avoir obtenu une victoire : la réalité, c’est que leur exigence de « stabilité » et de maintien de Macron leur fait valider à nouveau un budget belliciste, réactionnaire et anti-ouvrier. En avril dernier, notre camarade Pascal Samouth écrivait déjà : « Les calculettes du Parti socialiste ont bien fonctionné : 1964 + 63 = 2027. Comme cela tombe bien, c’est précisément la fin du mandat d’Emmanuel Macron ! Celui-ci pourrait donc terminer son quinquennat sans censure de la “gauche responsable” en ne modifiant pas une ligne de sa réforme, charge à ses successeurs de porter un coup de plus aux retraites. »

Le PS pour un budget de guerre

François Bayrou n’était pas allé jusque-là. Mais pour acheter la bienveillance du Parti socialiste qui n’avait aucune envie de voter une seconde fois la censure après celle de Barnier, il avait sorti de son chapeau le « conclave » sur les retraites, censé enfermer les « partenaires sociaux » dans une discussion pour « améliorer la réforme des retraites » au lieu de l’abroger.

Le piège avait fonctionné quelques mois pour assurer pendant un temps la stabilité du gouvernement. Mais la réalité avait vite repris le dessus : les confédérations FO puis CGT, qui portent dans leurs mandats l’abrogation de la réforme des retraites, avaient finalement quitté le conclave.

Pourtant, Lecornu, soutenu par le PS, remet sur la table une nouvelle conférence sociale pour aggraver la réforme des retraites !

Tournant le dos au programme du NFP et au mandat pour lequel ses députés ont été élus en 2024, le Parti socialiste veut permettre à Macron et à sa politique anti-ouvrière et pour la guerre de se maintenir.

Dans son discours à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud confirme et approuve le deal avec Lecornu en faisant explicitement référence, pour justifier son choix et celui de son groupe, au contexte international de plus en plus dangereux, à la montée des périls et à la nécessité de la stabilité. Le même sait de quoi il parle : pour justifier le vote par le PS d’une résolution d’escalade guerrière sur l’Ukraine en 2024 (la deuxième résolution), il avait appelé le gouvernement à livrer plus d’armes, « toujours plus d’armes ».

Cette manœuvre grossière dont le PS a le secret va difficilement faire oublier aux militants le cœur du problème, rappelé par Mathilde Panot dans son intervention après le discours de politique générale de Lecornu : « Une réforme imposée contre tout un peuple, contre l’ensemble des syndicats, contre l’Assemblée nationale, ne se conclave pas, ne se discute pas, ne se suspend pas : elle s’abroge ! »

LA SUSPENSION EST UNE « VICTOIRE» POUR ROUSSEL

Alors que les députés communistes à l’Assemblée nationale s’apprêtent à voter la censure de Sébastien Lecornu, Fabien Roussel exulte sur son compte X après la déclaration de Lecornu : « La suspension de la réforme des retraites à 62 ans, 9 mois, 170 trimestres est une première victoire pour les 500 000 salariés qui en profiteront dès cette année. C’est le fruit de toutes les mobilisations. Poursuivons le combat jusqu’à l’abrogation et pour un financement juste ! »

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/

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