
La nouvelle est tombée ce 23 avril 2025. Le sidérurgiste ArcelorMittal va supprimer 600 emplois en France, avec de l’argent public. L’objectif de la multinationale ? Délocaliser l’activité en Inde. Les sept sites concernés dans le nord du pays sont Dunkerque, Florange, Basse-Indre, Mardyck, Mouzon, Desvres et Montataire. « Sarkozy, Hollande et Macron ont laissé Mittal piller notre industrie sidérurgique. Ils ont abandonné des centaines de familles laissées dans la précarité, dans le chômage, dans la souffrance », assène la députée Clémence Guetté sur Twitter.
Un comble, lorsqu’on a en tête les centaines de millions d’aides publiques dont s’est gavé le sidérurgiste depuis des années. Montant total : 392 millions d’euros d’aides de l’État depuis 2013. À ces subventions s’ajoutent des prêts de l’État à taux préférentiel, mais aussi 192 millions d’euros de crédits d’impôt ou encore 100 millions d’aides pour alléger la facture d’électricité. Pendant ce temps, les actionnaires d’ArcelorMittal se gavent : 10 milliards d’euros accumulés depuis 2021. Cette même année, Aditya Mittal, PDG de l’entreprise, s’était rémunéré à hauteur de 10 040 762 euros. Vous avez bien lu.
Une nationalisation de l’entreprise ? LFI s’y est dit favorable, comme pour l’entreprise stratégique Vencorex, abandonnée par Bayrou et Macron. Même le sénateur Horizons du Nord (le parti d’Édouard Philippe) est favorable à la nationalisation de la fabrication de l’acier en France. Les capitalistes n’ont eu que faire des « s’il vous plaît », des complaintes et autres pleurnicheries des gouvernements libéraux des dernières années. Ce n’est pas comme ça qu’il faut traiter avec eux. Les nationalisations, les interdictions par la loi des licenciements pour une entreprise lorsqu’elle verse des dividendes. Voilà des mesures concrètes que pourrait prendre le gouvernement, en reprenant une proposition de loi déposée par la présidente du groupe parlementaire insoumis, Mathilde Panot. Notre article.
Pour aller plus loin : Aditya Mittal : l’héritier d’une multinationale climaticide gavée d’argent public
La lutte des employés d’ArcelorMittal contre la fermeture de leur usine
Mi-novembre, ArcelorMittal annonce en CSE extraordinaire la « possible » fermeture de deux de ses huit sites. Le Géant de la sidérurgie vise les sites de Denain et Reims, soit respectivement 24 et 113 emplois.
Selon Gaëtan Lecoq, secrétaire général CGT à Dunkerque, la politique du groupe est simple : « se désengager du vieux continent ». Pour lui, à terme, les 18 000 emplois d’ArcelorMittal en France sont menacés. 18 000 vies possiblement brisées par le chômage, et des bassins de vie entiers ravagés.
En dix ans, l’économie française a perdu plus d’un million d’emplois industriels. La part de l’industrie dans le PIB est passée de 20 % à 10 %. C’est le bilan univoque de dix ans de Macron, dans un premier temps secrétaire général adjoint de l’Élysée, puis ministre de l’Économie et enfin président de la République.
Dans l’industrie, la crise s’accélère. La CGT a recensé 180 plans de licenciements entre septembre 2023 et septembre 2024. On parle de 47 272 emplois menacés ou supprimés, dont 21 191 pour la seule industrie. Pourtant, avec ses 97 milliards d’euros distribués aux entreprises du CAC 40, la France détient le record européen des dividendes. L’argent est là, il suffit de choisir dans quelles poches il tombe.
Les employés du site de Denain se sont mis en grève. Clément Thiery, membre de la CGT, signale que de janvier à octobre 2024, le site réalise 150 000 euros de bénéfices. Pourtant, la direction déroule « les salades habituelles : baisse de la demande des clients, concurrence déloyale de la Chine et d’autres pays hors Union européenne, absence totale de soutien de l’Union européenne… ». Le syndicaliste conclut : « En réalité, on ne fait pas assez d’argent pour l’actionnaire, donc on nous éjecte ».
ArcelorMittal : une entreprise baignée d’aides publiques
Selon une enquête de Disclose, depuis 2013, Arcelor Mittal a reçu au moins 392 millions d’euros de fonds publics. À ces subventions s’ajoutent des prêts de l’État à taux préférentiel, mais aussi 192 millions d’euros de crédits d’impôt ou encore 100 millions d’aides pour alléger la facture d’électricité. En plus, en 2018, l’agence de l’environnement (ADEME) avait accordé une aide de 4,5 millions d’euros à ArcelorMittal Atlantique. Enfin, l’entreprise a été payée à hauteur de 56 millions d’euros par l’État et les collectivités locales pour l’aider à moderniser ses installations.
L’Union européenne finance également le géant de la sidérurgie, avec 4,7 milliards d’euros d’aides publiques versées depuis 2008. Il s’agit de subventions, mais aussi de prêts ou de programmes de développement. Lobbyfacts souligne que le fonds « Pour la recherche pour le charbon et l’acier » a versé 77 millions d’euros à ArcelorMittal depuis 2008, pour des projets qui n’ont parfois jamais abouti.
L’Europe facilite aussi le business du groupe. Depuis 2006, l’Union européenne accorde des « permis de polluer » à chaque entreprise, c’est-à-dire un quota d’émission de CO2 autorisées. Les entreprises qui ne dépassent pas leur quota peuvent vendre le surplus à d’autres ; ce qui leur permet des profits parfois démentiels sans réduction de leurs émissions de CO2. C’est le cas d’Arcelor Mittal, qui a engrangé ainsi au moins 3,2 milliards d’euros jusqu’en 2021.
Des milliards pour les actionnaires, le chômage pour les autres
Mais alors où est cet argent ? C’est bien simple : dans les poches des patrons et des actionnaires. ArcelorMittal a versé à ses actionnaires 8,9 milliards d’euros, entre 2020 et 2022, selon son comité d’entreprise. Dans ces conditions, dur de maintenir ouverts les sites français, on comprend bien.
En 2021, Aditya Mittal, PDG de l’entreprise, s’est rémunéré à hauteur de 10 040 762 euros. Nous avions dressé le portrait de ce fils à papa dans nos colonnes. Comme d’habitude, l’État finance les actionnaires, et les entreprises ferment des usines. À la fin, l’argent des Français aura servi à engraisser les plus riches.
Soutenir les travailleurs, sauver l’industrie : le plan de la France insoumise
Emmanuel Macron met en péril la souveraineté de l’industrie française en menant une politique néo-libérale ; espérant naïvement que la main invisible du marché sauvera l’emploi. Problème : dans ce monde, l’argent ne va qu’à l’argent. Comme l’affirme Jean-Luc Mélenchon dans le plan de l’avenir en commun pour produire ce dont la France a besoin, « le marché, c’est le chaos ».
Face à cette situation, la France insoumise propose de mettre en place un protectionnisme écologique et solidaire pour développer les industries et productions locales. Dès lors, la protection des travailleuses et travailleurs français permettra une hausse des salaires et des droits sociaux.
Par l’établissement de plans de relocalisation, nous rééquilibrerons nos échanges commerciaux internationaux et diminuerons le chômage. L’État a les moyens de mettre en place les conditions nécessaires pour que les entreprises puissent produire en France, innover et nourrir la bifurcation écologique et sociale du pays.
Il est donc possible de sortir de l’impasse du marché, mais il faut s’en donner les moyens, arrêter de jeter l’argent par les fenêtres et contrôler les entreprises pour qu’elles servent les intérêts des Français. Il nous faut investir pour protéger notre pays et ses emplois.

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Source: https://linsoumission.fr/2025/04/24/arcelormittal-600-suppressions/
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/arcelormittal-600-licenciements-malgre-392-millions-deuros-daides-de-letat-depuis-2013-li-fr-24-04-25/