Au salon de l’IA, le show très artificiel de Macron (H.fr-11/02/25)

Emmanuel Macron mise sur le vieux refrain libéral de la « simplification » et l’« attractivité » pour attirer les magnats de la tech en France. © Ludovic MARIN / AFP

Pour attirer les investisseurs étrangers, le chef de l’État mise sur la « simplification » et l’« attractivité ». Un vieux refrain néolibéral pour mettre l’État au service des magnats de la tech.

Par Emilio MESLET.

Il n’aime rien tant que palabrer pour charmer de potentiels investisseurs. Surtout quand le monde le regarde. Si Emmanuel Macron a convoqué, à Paris, le « sommet sur l’action pour l’intelligence artificielle (IA) », c’est parce qu’il se vit en super-PDG de « l’entreprise France ». Le seul VRP à même d’attirer les capitaux pour que le pays négocie à temps le virage technologique. Sous la verrière du Grand Palais, il ne lui manquait donc qu’un PowerPoint, entouré de centaines d’invités internationaux dont d’autres chefs d’État, pour son « speech » de trente minutes, tantôt en français tantôt en anglais.

Il n’a pas hésité à rejouer son refrain de la « start-up nation », vantant la multiplication par huit, depuis son accession à l’Élysée, des créations d’entreprises liées à l’intelligence artificielle. « La France croit en l’IA », assure-t-il dans l’espoir de créer un « sursaut » européen.

« Plug baby, plug »

Macron a donc fait du Macron pour draguer les investisseurs. L’État se met à leur disposition. Et sa stratégie – la même que pour le Code du travail – tient en deux mots : « simplification » et « attractivité ». Une approche façon « Notre-Dame de Paris », plaide-t-il, pour créer des data centers afin d’y stocker les données numériques. « Nous avons montré au reste du monde que, lorsque nous nous engageons sur des dates butoirs, nous sommes au rendez-vous, fanfaronne-t-il. Nous simplifions toutes les procédures, une personne est en charge du projet et nous tenons nos engagements. »

Espérant faire de la France un eldorado de la tech, le président veut se mesurer aux États-Unis et à la Chine, lesquels ont un continent d’avance. Pas pour longtemps, promet-il après avoir annoncé, dimanche, « 109 milliards d’euros d’investissements » privés dans l’IA « dans les prochaines années ».

Tout en pouvant compter sur une électricité décarbonée grâce au parc nucléaire tricolore. Emmanuel Macron est même allé jusqu’à détourner le slogan de Donald Trump encourageant les forages pétroliers « Drill baby, drill ! » (Fore bébé, fore ! en français). « Plug baby, plug ! », a-t-il lancé à son auditoire, qu’il invite à « se brancher ici ».

De belles paroles faute d’actes concrets

Ce n’est pas la première fois que le chef de l’État transforme un slogan trumpiste pour se poser, sans que cela soit toujours suivi d’effet, en garant du « progrès ». « Make our planet great again », avait-il lancé, en 2017, après le « Make America great again ». Cette fois encore, très affaibli par divers revers électoraux sur la scène nationale, Emmanuel Macron s’appuie sur l’international, via de grandes promesses, pour se remettre en selle.

À l’issue de son grand raout qu’Elon Musk a finalement séché, 60 pays et organisations internationales ont signé une déclaration commune sur l’IA. Ensemble, ils s’engagent pour une IA « éthique, sûre, sécurisée, digne de confiance et axée sur les droits de l’homme et sur l’humain », tout en soulignant « l’urgence de réduire les inégalités et d’aider les pays en développement à renforcer leurs capacités » en la matière. Mais, comme pour l’écologie, ces mots n’engagent, pour l’heure, que ceux qui y croient.

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Source: https://www.humanite.fr/politique/donald-trump/au-salon-de-lia-le-show-tres-artificiel-de-macron

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/au-salon-de-lia-le-show-tres-artificiel-de-macron-h-fr-11-02-25/

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