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Près de 40 mobilisations et 100 000 participants sont attendus partout en France, selon une note des renseignements territoriaux. Les autorités s’attendent pour la journée de mobilisation du 10 septembre à des actions diverses sur tout le territoire dont l’ampleur reste inconnue s’agissant d’un « mouvement horizontal où chacun fait ce qu’il veut ».
Par Théo BOURRIEAU
L’État tente de percer le flou sur la journée du 10 septembre. Une semaine avant la grande journée d’action « Bloquons tout », les renseignements territoriaux ont ainsi réalisé une note pour tenter d’évaluer l’ampleur de la mobilisation. Le 10 septembre présente « une volonté de paralyser le pays via des actions de blocages de sites ou d’emprises stratégiques dans le domaine des transports, de l’énergie ou encore de l’industrie de Défense », indique ainsi cette note, consultée par franceinfo, le Parisien, et l’Agence France-Presse (AFP).
Les services de renseignement estiment que ce mouvement « a changé d’orientation » depuis son lancement sur les réseaux sociaux, avec une « prise en main par l’extrême gauche et l’ultra gauche », a expliqué à l’AFP une source sécuritaire. Ils révèlent que la mobilisation passe désormais « par des réunions et des assemblées générales où les gens se voient et échangent concrètement ».
Criminalisation par anticipation
Au 1er septembre, « 38 manifestations (cortèges) sont annoncées pour le 10 septembre », et 100 000 participants sont attendus. Sont évoqués blocages de gares, d’axes de circulation, de raffineries, de dépôts de la grande distribution comme Amazon, des opérations péages gratuits ou chariots gratuits (partir de grandes surfaces sans payer), des sabotages de radars automatiques, de distributeurs de billets, des manifestations classiques…
Ces actions sont « susceptibles d’entraîner des troubles à l’ordre public et de paralyser localement certaines activités ». D’autres initiatives « inspirées des modes d’action des ‘gilets jaunes’, moins radicales mais néanmoins perturbatrices, sont également envisagées ».
les services considèrent que le 10 septembre sera « une journée qui comptera » car il y a « de la grogne et de la colère ». Elle s’inscrit en outre dans « une séquence, une journée d’action syndicale étant prévue le 18 septembre ». « Néanmoins, le degré d’implication de la société civile demeure incertain », nuancent les renseignements territoriaux. Le mouvement reste marqué par « l’absence de coordination structurée et de leadership identifié ».
Les autorités surveillent également attentivement ce que pourraient faire les étudiants et les lycéens, en s’inquiétant d’une mobilisation massive et incontrôlée. À Paris, les forces de sécurité se préparent à toute éventualité et, comme lors du mouvement des « gilets jaunes » ou des manifestations contre la réforme des retraites, elles vont sécuriser tous les lieux emblématiques de la capitale comme l’Élysée, Matignon, les ministères, l’Assemblée nationale et le Sénat.
Le vocabulaire employé par les services de renseignements témoigne de la crainte de l’État d’un mouvement difficile à anticiper et à identifier. Mettre sur le même plan des « cortèges » légaux et des « actions de sabotage » répréhensibles et renvoyant au terrorisme contribue à justifier la criminalisation massive des mobilisations.
L’insistance sur « le risque d’actions par des groupes radicaux et violents » participe de cette même logique : disqualifier par avance un mouvement en agitant l’épouvantail de la violence, méthode éprouvée depuis la répression des gilets jaunes.
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