Casino : grève des salariés menacés par une « vente à la découpe » (H.fr-5/12/23)

Le siège du groupe Casino dans le quartier d’affaires de Châteaucreux compte 2 000 salariés sur 36 000 mètres carrés. Soudan/ANDBZ/ABACAPRESS.COM

Quatre mois après la vente de Casino au duo Kretinsky-Lacharrière, les syndicats du groupe ont appelé à une journée de mobilisation ce 5 décembre, avec un préavis de grève déposé jusqu’au 31 décembre. Ils craignent de payer le prix fort d’une éventuelle vente à la découpe après l’annonce d’une cession massive de ses magasins.

Par Hayet KECHIT

Plus de quatre mois après la vente de Casino au duo de milliardaires Kretinsky-Lacharrière, actée en juillet dernier par le Tribunal de Paris, les 50 000 salariés du groupe, en grande difficulté financière, ne sont toujours pas fixés sur le sort qui leur sera fait, à l’issue de la vente de plusieurs magasins, annoncée par la direction.

Les syndicats (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC), qui maintiennent la pression, après plusieurs manifestations ces derniers mois, ont de nouveau appelé ce 5 décembre au débrayage, avec un préavis de grève déposé jusqu’au 31 décembre, et à des rassemblements à Saint-Etienne (Loire), berceau du groupe, ainsi qu’en région parisienne. « La grande peur, c’est la vente à la découpe », avait témoigné Ali Eloued, délégué syndical CGT du groupe, en juillet dernier, dans les colonnes de l’Humanité. La même crainte domine encore aujourd’hui parmi les salariés, à la veille de nouvelles vagues de cessions des magasins.

Alors que le passage de témoin entre celui qui est encore PDG et premier actionnaire du groupe, Jean-Charles Naouri, avec les nouveaux actionnaires-l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky et le Français Marc Ladreit de Lacharrière, dont les intentions restent encore opaques, est prévu au premier trimestre 2024, les syndicats s’interrogent : combien de magasins seront cédés à la concurrence ? Combien de salariés perdront les conquis sociaux issus des accords de groupe ?

Vagues de cessions et crainte de ventes à la découpe

Si le groupe, endetté à hauteur de 6,4 milliards d’euros, n’a pas précisé quel périmètre était concerné par ce rachat d’hypermarchés et de supermarchés, l’ensemble des magasins grand format pourrait être vendu. À la vente de 119 magasins au groupement des Mousquetaires, déjà actée, pourraient s’ajouter d’autres vagues de cessions, qui concerneraient notamment une soixantaine d’autres magasins au même repreneur. Des ventes successives dont les salariés redoutent de payer les pots cassés.

Le groupement des Mousquetaires s’est certes engagé à garder les 4 000 salariés concernés —, sur les 50 000 que compte le groupe —, mais les syndicats craignent d’y perdre des conquis sociaux et d’être confrontés à une dégradation de leurs conditions de travail. Ils redoutent également des répercussions sur les effectifs du siège, dans les emplois liés à la logistique et au niveau des services supports, en cas de cessions massives. Les candidats à la reprise n’ayant pas d’intérêt à préserver l’ensemble de la logistique de Casino.

Au-delà de ces alertes, les syndicats pointent également les choix stratégiques du groupe, 125 ans après sa création, qui l’ont amené de la prospérité — c’était l’un des plus gros employeurs de Saint-Etienne et du département —, au déclin.

« Dans tout le département de la Loire, on a assisté au remplacement des salariés par des caisses automatiques. À Firminy, on a une clientèle assez âgée qui a besoin de contacts humains et de services, explique Ali Eloued, dont le magasin a été touché par la première vague de cession. Dans le même temps, on a conservé des prix très élevés. Nous avons perdu les principes de base du commerce de proximité et nous nous étonnons ensuite de perdre des parts de marché et de la clientèle. »

Source: https://www.humanite.fr/social-et-economie/casino/casino-greve-des-salaries-menaces-par-une-vente-a-la-decoupe

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