Cette Bretonne doit passer un bilan cardiologique, elle décroche un rendez-vous pour… mai 2026 (OF.fr-5/08/25)

En Bretagne, seuls 203 cardiologues exercent en libéral, soit un cardiologue pour 10 450 habitants (photo d’illustration). | GETTY IMAGES / ISTOCKPHOTO

Pour Catherine Mallevaës-Kergoat, septuagénaire domiciliée près de Rennes (Ille-et-Vilaine) et souffrante d’hypertension et de diabète, décrocher un rendez-vous chez un cardiologue s’est apparenté à un véritable défi. Après des dizaines d’appels et de refus, elle a enfin réussi. Le mieux : le 22 mai 2026 à 12 h 05 ! En espérant que son cœur tienne jusque-là.

Par Samuel NOHRA

Catherine Mallevaës-Kergoat, bientôt 75 ans, en rigolerait presque. « On n’arrête pas de nous dire qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Mais dans la réalité, si vous n’êtes pas à l’article de la mort, c’est devenu très compliqué de trouver rapidement un rendez-vous chez un cardiologue. » Après des dizaines d’appels et un nombre incalculable de mails, elle a tout de même décroché un rendez-vous. Ce qui s’apparente au saint Graal. « Mais bon, il faut que je sois patiente. Mon rendez-vous est fixé le vendredi 22 mai 2026 à 12 h 05, très précisément, chez un cardiologue près de Rennes. J’espère surtout que mon cœur patientera tranquillement jusque-là. »

Rendez-vous non pas en 2025, mais en 2026

Retour au mardi 1er juillet 2025, près de chez elle à Montreuil-le-Gast, petite commune à une vingtaine de kilomètres au nord de Rennes. « J’avais rendez-vous avec mon médecin généraliste, qui m’a conseillé de réaliser un bilan cardiologique complet et m’a fait une ordonnance à cette fin. » Catherine souffre notamment d’hypertension, de diabète et a connu quelques sérieux problèmes de santé. « Rien d’urgent, mais c’est quand même préférable de réaliser ce bilan. »

De retour à son domicile, elle s’attelle aussitôt à la tâche. « J’ai commencé par le centre hospitalier privé Saint-Grégoire que je connaissais bien. » Elle appelle le service de cardiologie. « Après avoir expliqué mon cas, la secrétaire m’a alors proposé un rendez-vous pour juillet et août. J’étais agréablement surprise. » Sauf que sa joie va être rapidement écourtée. « Et de me préciser que ce n’étaient pas ces mois de juillet et d’août, mais ceux de 2026. » Douche froide. Sa galère ne fait que commencer.

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« On ne prend pas de nouveaux patients »

Dans cette autre structure hospitalière privée, c’est un répondeur qui lui précise « qu’ils ne prennent pas de nouveaux patients ». Idem au CHU de Rennes. « J’ai envoyé un mail et, en réponse, on m’a indiqué qu’en raison d’une très forte demande de rendez-vous, ils sont en très grande difficulté pour assumer de nouveaux patients. »

Même discours dans les cabinets de cardiologie de Rennes et de sa métropole. Au mieux une voix humaine. Au pire un froid répondeur l’envoie bouler.

Catherine Mallevaës-Kergoat. | OUEST-FRANCE

Heureusement à l’aise avec les outils informatiques, elle tente Doctolib. L’application propose 61 résultats sur Rennes et ses alentours mais, là aussi, elle va rapidement déchanter. Entre les « aucune disponibilité en ligne », les « ce soignant réserve la prise de rendez-vous en ligne aux patients déjà suivis » ou les « réservations en ligne non disponible », elle fait chou blanc. Jusqu’à, par un autre biais, trouver enfin un rendez-vous en mai 2026.

« Je me doutais que ça n’allait pas être facile, mais je ne pensais vraiment pas que ça allait être aussi galère, surtout dans une grande métropole comme Rennes », livre-t-elle.

De plus en plus de patients, dont des jeunes

Cardiologue et médecin du sport, le professeur François Carré ne s’étonne pas de cette situation. « Évidemment qu’il n’y a pas assez de cardiologues, mais il faut aussi prendre en compte la forte augmentation de patients. Et contrairement à ce que l’on croit, ce ne sont pas que des personnes âgées mais aussi de plus en plus de jeunes confrontés à des problèmes cardiaques, liés à l’explosion de l’obésité, au manque d’activité physique et à la sédentarité et aussi aux problèmes de sommeil. » Et d’asséner une phrase choc : « Les adolescents de 15 ans d’aujourd’hui préparent leur infarctus à 30 ans. »

1 cardiologue pour 10 450 habitants en Bretagne

Représentante bretonne du syndicat national des cardiologues, la Dr Karin Mear, installée à Lorient (Morbihan), reconnaît que la situation peut être tendue en Bretagne. « Nous comptons 203 cardiologues qui exercent en libéral. Ça représente un cardiologue pour 10 450 habitants, contre une moyenne nationale d’un pour 9 208 habitants. Mais il existe de grandes disparités entre les départements. » Les habitants les moins bien lotis étant ceux des Côtes-d’Armor.

« Nous sommes aussi confrontés à l’évolution de la société. C’est fini, l’époque des docteurs disponibles sept jours sept, et une consultation de cardiologie ne se réalise pas en un quart d’heure. » À défaut de former rapidement de nouveaux cardiologues (bac + 10), elle plaide pour des solutions pouvant libérer du temps aux cardiologues pour se concentrer sur leur cœur de métier. Par exemple, par des tâches confiées aux infirmières de pratiques avancées et assistants médicaux.

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Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/elle-a-decroche-un-rendez-vous-chez-un-cardiologue-le-vendredi-22-mai-2026-d5465ac8-713f-11f0-b848-1fc9bd4892ac

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/cette-bretonne-doit-passer-un-bilan-cardiologique-elle-decroche-un-rendez-vous-pour-mai-2026-of-fr-5-08-25/

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