« Chaque jour, nous travaillons des heures sans être payés » : pourquoi les employés d’Air Canada poursuivent la grève ? (l’Humanité – 18/08/25)

Les employés d’Air Canada manifestent devant le siège social de la compagnie aérienne à Montréal, le dimanche 17 août 2025.
© La Presse canadienne/ABACAPRESS.COM//Graham Hughes

Les hôtesses et stewards d’Air Canada ont décidé de poursuivre la grève pour réclamer une meilleure rémunération, malgré l’intervention du gouvernement visant à pousser les agents à reprendre le travail.

Par Clémentine Eveno

Les hôtesses de l’air et stewards d’Air Canada entendent continuer la mobilisation. Le SCFP – syndicat canadien de la fonction publique – représentant les grévistes a appelé ses adhérents à braver la directive du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI). Sollicitée par le gouvernement de Mark Carney, l’instance a enjoint les travailleurs à reprendre le travail. « Le syndicat affirme que ses membres demeureront en grève tant que leurs revendications sur les salaires et la rémunération du temps au sol ne seront pas respectées », a affirmé l’organisation syndicale.

À l’appel du syndicat SCFP, des membres de bord de la compagnie avaient débrayé, samedi 16 août au matin, poussant la compagnie aérienne à annuler des centaines de vols. Outre des augmentations de salaires, les agents de bord demandent que leurs heures de travail au sol, par exemple lors de l’embarquement des passagers, soient comptabilisées, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Air Canada « a suspendu son projet de reprise partielle des vols »

Après l’annonce des travailleuses et travailleurs de ne pas obéir à la directive leur ordonnant de retourner au travail, la compagnie aérienne Air Canada a annoncé, dimanche 17 août, suspendre son projet de reprise des vols. Sur son site, l’entreprise s’est justifiée en affirmant que le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) avait « illégalement ordonné à ses agents de bord de désobéir à une directive du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) leur enjoignant de reprendre le travail ».

La décision du CCRI faisait suite à l’appel de la ministre de l’Emploi Patty Hajdu. Cette dernière avait déclaré lors d’une conférence de presse organisée samedi 16 août, à midi : « J’ai exercé les pouvoirs qui me sont conférés en vertu de l’article 107 du Code canadien du travail pour ordonner au CCRI [Conseil canadien des relations industrielles] d’exiger des parties qu’elles reprennent et poursuivent leurs activités et leurs fonctions », a-t-elle affirmé, selon la chaîne Ici Radio Canada.

« Chaque jour, nous travaillons des heures sans être payés »

Une intervention du gouvernement que le syndicat a vivement dénoncé. Le SCFP a également déploré l’existence selon lui de « conflit d’intérêts » entre Maryse Tremblay, la présidente du CCRI chargé d’arbitrer le dossier, et la compagnie aérienne. Mme Tremblay ayant travaillé comme conseillère juridique pour Air Canada. « Nous invitons Air Canada à revenir à la table des négociations pour conclure un accord équitable, plutôt que de compter sur le gouvernement fédéral pour faire le sale boulot à sa place lorsque les négociations deviennent un peu difficiles », déclaré le syndicat dans un communiqué.

« Chaque jour, nous travaillons des heures sans être payés : embarquement, débarquement, retards, vérifications de sécurité », a dénoncé la vice-présidente du syndicat des agents de bord d’Air Canada Julie Potvin à Montréal. « Nous sommes des professionnels sur qui le public compte en cas d’urgence, a-t-elle poursuivi. Personne ne demanderait à un pompier ou à un paramédic (un ambulancier d’urgence, N.D.L.R) de travailler gratuitement ; pourquoi serait-ce acceptable pour nous ? », a-t-elle ajouté.

L’entreprise Air Canada avait détaillé, jeudi 14 août, une offre de compromis prévoyant de porter le salaire annuel moyen d’un agent de bord senior à 87 000 dollars canadiens (54 000 euros) d’ici 2027, mais le SCFP avait jugé les propositions insuffisantes au regard notamment de l’inflation.

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement canadien intervient lors d’une mobilisation sociale. En novembre 2024, il avait ainsi ordonné la reprise immédiate des opérations dans plusieurs ports canadiens, puis en août de la même année le retour au travail des cheminots.

Source : https://www.humanite.fr/monde/canada/chaque-jour-nous-travaillons-des-heures-sans-etre-payes-pourquoi-la-greve-a-air-canada-se-poursuit

URL de cet article : https://lherminerouge.fr/chaque-jour-nous-travaillons-des-heures-sans-etre-payes-pourquoi-les-employes-dair-canada-poursuivent-la-greve-lhumanite-18-08-25/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *