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Les 21 membres de l’équipage du Handala, navire de la Flottille de la liberté, ont été emprisonnés suite à leur arrestation dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 juillet. Si cinq d’entre eux ont accepté de signer un document leur permettant d’être expulsés dès lundi, ceux qui sont toujours détenus sont victimes de pressions et de violences des autorités israéliennes, alertent leurs avocats.
Part Tom Demars-Granja
Comme pour l’équipage du Madleen, l’armée israélienne n’a pas hésité à arrêter illégalement les membres du dernier bateau en date de la Flottille de la liberté, le Handala, dans les eaux internationales, en pleine nuit. Comme pour l’équipage du Madleen, les 21 membres présents sur le chalutier norvégien ont été emprisonnés, puis poussés à une « expulsion volontaire », un document attestant l’entrée illégale sur le territoire israélien. Comme pour l’équipage du Madleen, la communication avec l’extérieur – dont leurs avocats – est complexifiée par les forces d’occupation.
« Plusieurs personnes ont accepté de signer ce papier infâme de manière à pouvoir témoigner le plus vite possible, a annoncé, lundi 28 juillet au quotidien Libération, la porte-parole française de la Flottille de la liberté, Claude Léostic. La décision a été prise entre eux avant leur arrestation. » Trois signataires, la députée insoumise Gabrielle Cathala et les deux journalistes de Al-Jazeera, Mohamed El Bakkali et Waad Al Musa, ont été rapatriés dans la soirée de lundi.
« Agressé physiquement par sept individus »
Deux détenteurs de la nationalité israélienne, Huwaida Arraf et Bob Suberi, ont aussi été libérés après avoir été entendus par les autorités locales. La quinzaine d’autres membres de l’équipage ayant refusé l’accord ont été présentés à un tribunal chargé d’examiner leur maintien en détention, selon le communiqué d’Adalah, l’organisation de défense des Droits de l’homme qui s’occupe de leur défense. Ils sont, pour la plupart, détenus dans la prison de Givon, située à proximité de Tel-Aviv.
Parmi eux figurent quatre Français : l’élue européenne Emma Fourreau, la scientifique Chloé Fiona Ludden, l’ingénieur Ange Sahuquet et l’infirmière Justine Kempf. Le traitement des otages par l’armée israélienne a largement été condamné à l’international, entre séances de tortures, viols et disparitions. La Freedom Flotilla Coalition a ainsi alerté sur ses réseaux sociaux, dans la soirée du lundi 28 juillet, suite aux témoignages des avocats du défenseur états-unien des droits humains, Chris Smalls. Selon ces derniers, la figure du combat syndical a été « agressée physiquement par sept individus en uniforme ».
L’armée israélienne l’aurait notamment étranglé et frappé à plusieurs reprises, avec des coups de pied dans les jambes. De quoi laisser des traces visibles de violence sur son cou et son dos. « Lorsque son avocat l’a rencontré, Christian était entouré de six membres de l’unité spéciale de police israélienne, ajoute la Freedom Flotilla Coalition. Ce niveau de force n’a pas été utilisé contre les autres militants enlevés. »
Outre ce traitement discriminatoire, d’autres militantes ont dénoncé les abus des autorités israéliennes. Ont par exemple été pointés des « conditions de détention déplorables, notamment un manque de ventilation malgré une chaleur extrême et l’absence de produits d’hygiène de base pour les femmes ». Adalah ajoute, dans un communiqué publié lundi, que « plusieurs bénévoles ont rapporté que les autorités israéliennes avaient exercé une forte pression sur eux hier, les forçant à renoncer à leur droit de rencontrer un avocat ». En réaction à leur arrestation illégale, comme à leurs conditions de détention, les membres du Handala ont entamé une grève de la faim dès leur arrivée sur la terre ferme.
« Netanyahou a tous les droits »
L’abordage de la flottille, réalisé dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 juillet, a été diffusé sur YouTube, grâce à une caméra installée sur le navire. La vidéo montre l’équipage assis sur le pont du Handala, les mains en l’air, et sifflant le chant antifasciste italien « Bella ciao ». On voit ensuite les soldats israéliens les viser avec leurs armes, puis prendre le contrôle du navire. Les communications ont été coupées quelques minutes plus tard.
Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer une énième apathie de la communauté internationale. « Netanyahou a tous les droits : génocide, crimes de guerre, assassinats d’enfants, kidnapping, a ainsi fustigé le fondateur de la France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, sur son compte X. Le courage et l’honneur, c’est de lui résister comme le font ces deux femmes (les élues insoumises Gabrielle Cathala et Emma Fourreau, NDLR) et leurs équipiers. » Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, n’avait jugé bon que de qualifier l’initiative d’« irresponsable », peu de temps avant le départ du navire.
« Cette impunité d’Israël doit cesser ! Il est parfaitement légal en plus d’être vital de livrer de l’aide humanitaire à Gaza par voie maritime y compris dans un contexte d’occupation ! », a enjoint la députée européenne Rima Hassan, elle-même victime de l’impunité d’Israël suite à son arrestation avec ses coéquipiers du Madleen. Si la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, a réclamé la libération des deux élues françaises, le reste du champ politique est encore une fois resté silencieux.
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