Coût de la vie, manque de logements, explosion des formations privées… Les promesses non tenues de Macron sont au programme de la rentrée pour les étudiants (H.fr-14/08/25)

Pour joindre les deux bouts, certains étudiants se trouvent dans l’obligation de se rendre à des distributions alimentaires. D’autres, nombreux, allient cours et emploi, une combinaison qui peut s’avérer risquée.
© Tomas Stevens/ABACAPRESS.COM

L’Union nationale des étudiants de France pointe un manque alarmant de logements et une hausse des frais dans son enquête annuelle sur l’évolution du coût de la vie étudiante qui paraît ce 14 août.

Par Max BLANC.

Cette année encore, la précarité étudiante bat tous les records dans l’Hexagone. L’Union nationale des étudiants de France (Unef) dévoile, ce jeudi 14 août, sa traditionnelle enquête annuelle sur l’évolution du coût de la vie et, sans surprise, le bilan est alarmant.

« On constate des augmentations de plus en plus fortes, comme chaque année malheureusement », note, amère, Hania Hamidi, secrétaire générale de l’Unef. Entre 2024 et 2025, le coût de la vie étudiante a crû de 4,12 %, soit 807 euros de dépenses annuelles supplémentaires. Des chiffres qui viennent creuser toujours plus le gouffre créé par la politique universitaire d’Emmanuel Macron. Depuis 2017 et le début de son premier quinquennat, ces frais ont bondi de 31,88 %.

Des promesses de logement non tenues

Pour expliquer cette hausse retentissante, trois secteurs sont principalement pointés par l’enquête de l’Unef. En premier lieu, l’immobilier. Le prix des loyers continue d’augmenter et fait enfler la problématique du mal-logement chez les étudiants. Rares sont les jeunes à pouvoir avoir accès aux logements du Crous et le marché de la location privée est totalement saturé.

À l’heure actuelle, seuls 6 % des étudiants y habitent et les projets d’urbanisme patinent. En 2017, Emmanuel Macron avait annoncé en grande pompe vouloir faire construire 60 000 logements Crous en l’espace de cinq ans. Aujourd’hui, à peine 10 % d’entre eux sont sortis de terre.

« Le compte n’est pas bon, déplore Hania Hamidi. Des promesses ont aussi continué à être faites. En Île-de-France notamment, certaines habitations construites pour les jeux Olympiques devaient être réhabilitées en logements Crous, mais, un an après, on n’a aucune nouvelle de ce projet. »

Les frais de transport ont aussi gonflé cette année, tout comme les prix de la nourriture. Mise en lumière durant la crise du Covid, la précarité alimentaire des étudiants est loin d’avoir été réglée. Si la généralisation des repas Crous à 1 euro pour tous a été adoptée à l’Assemblée nationale, sa mise en place semble utopique pour la secrétaire générale de l’Unef.

« Avec les moyens qui sont mis dans le Crous, on sait que ce n’est pas réalisable, tranche-t-elle. Il faut fournir plus de financements à ce dispositif pour qu’il puisse vraiment aider les étudiants. » Par ailleurs, ces repas sont la plupart du temps composés d’un sandwich et d’un maigre dessert, souvent trop peu pour les besoins nutritionnels des jeunes.

Un nombre d’élèves en hausse

Une autre problématique soulevée par l’enquête est l’explosion des formations privées dans l’enseignement supérieur. En 2025, 26 % des étudiants sont scolarisés dans un établissement privé contre 20 % en 2021. Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à la tête de l’État, ce nombre a même augmenté de 53,79 %.

Selon l’Unef, le manque d’investissements et la hausse du nombre d’élèves fragilisent les universités. « Pour nous, les moyens alloués aux établissements publics devraient augmenter afin de pouvoir accueillir plus d’étudiants, dans de bonnes conditions, avance Hania Hamidi. Il faudrait aussi revoir le système Parcoursup qui pousse les jeunes vers des formations privées à cause de la sélectivité. » Pour ce type de filières, les frais d’inscription annuels atteignent, en moyenne, la somme exorbitante de 11 542 euros.

La réforme du système boursier au point mort

En réponse à tous ces défis économiques, les aides sociales sont bien souvent trop maigres. En France, 76 % des étudiants sont notamment exclus des systèmes de bourses. « On nous avait promis une réforme du système boursier il y a cinq ans, mais il n’y a toujours rien sur la table », regrette Hania Hamidi. L’Unef plaide pour la mise en place d’une allocation d’autonomie universelle afin de maintenir chaque étudiant au-dessus du seuil de pauvreté.

Dans tout ce micmac, les plus touchés sont les élèves étrangers (hors Europe) qui doivent s’acquitter de frais de scolarité seize fois supérieurs à ceux de leurs camarades, sans aides équivalentes. Le syndicat étudiant rappelle que les femmes, ou assignées femmes, sont aussi extrêmement défavorisées car contraintes à débourser des sommes importantes dans les protections menstruelles (un surcoût annuel de 850 euros par rapport aux hommes).

Pour joindre les deux bouts, nombre d’étudiants allient cours et emploi alimentaire, une combinaison qui peut s’avérer risquée : l’Unef souligne que le salariat est la première cause d’échec dans les études. « C’est compliqué quand tu viens de faire une semaine de cours de rentrer chez toi pour travailler de nuit à l’usine le week-end, confie Marie, étudiante à Angers. Forcément, ça t’empêche d’avancer sur l’aspect scolaire par rapport à d’autres. C’est une charge mentale en plus et un potentiel frein à la réussite. »

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Source: https://www.humanite.fr/societe/etudiants/cout-de-la-vie-manque-de-logements-explosion-des-formations-privees-les-promesses-non-tenues-de-macron-sont-au-programme-de-la-rentree-pour-les-etudiants

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