Des nouveaux médicaments hors de prix-Billet d’humeur du Dr Christophe Prudhomme (FB-28/07/25)

Alors que les comptes de l’Assurance maladie sont sous tension et que les seules solutions avancées par le gouvernement sont de faire payer les assurés sociaux, il est intéressant de s’intéresser au prix des nouveaux médicaments mis sur le marché.

Tout d’abord, regardons de plus près ces médicaments. Selon la revue Prescrire, référence dans le domaine, depuis 2000, seuls 7 médicaments ont reçu une Pilule d’Or, c’est-à-dire primant un médicament qui constitue un progrès décisif dans un domaine dépourvu de solution thérapeutique efficace. Ceux au Tableau d’Honneur, c’est-à-dire apportant un progrès net par rapport aux moyens thérapeutiques existants, avec certaines limites, sont au nombre de 33, soit un peu plus d’un produit par an. Or entre 2000 et 2023, les dépenses de médicaments ont doublé, passant de 15 milliards à 33 milliards d’euros alors que le coût de la vie a été multiplié par 1,5 pendant cette même période.

Il est intéressant de constater que le modèle de l’industrie pharmaceutique a changé depuis 20 ans, avec un virage de la production de médicaments vendus en très grandes quantités pour de très nombreux patients ; vers des médicaments vendus très chers pour peu de patients, surtout dans les maladies rares et les cancers. La première conséquence de ce changement de stratégie est l’augmentation exponentielle des médicaments en rupture car leur production n’est plus une priorité et les usines qui les fabriquent souffrent d’un déficit d’investissement.

Certaines maladies rares ont bénéficié de vrais progrès thérapeutiques, mais les médicaments mis sur le marché sont hors de prix – entre 50 000 et 100 000 euros par patient et par an – et sans rapport avec les coûts de production, ce d’autant que les recherches ayant permis leur mise au point ont le plus souvent bénéficié majoritairement de fonds publics. Par ailleurs, certaines thérapies géniques, administrées une seule fois au patient, se chiffrent en millions d’euros.

En ce qui concerne, les médicaments contre les cancers, si des progrès ont également été constatés, les firmes pharmaceutiques exerçant un très fort lobbying, mettent sur le marché des produits qui sont rarement à la hauteur des espérances qu’ils suscitent. La stratégie est là très simple : il s’agit d’obtenir le plus rapidement possible une commercialisation, afin de dégager des marges importantes en peu de temps avec des traitements coûtant plusieurs dizaines de milliers d’euros. En effet, de très nombreux produits ont une durée de vie courte du fait du constat en vie réelle d’un rapport bénéfices-risques défavorable ou de l’arrivée sur le marché de concurrents présentés comme plus efficaces.

Si tout cela était dans l’intérêt des patients, il n’y aurait pas de problème. Mais en fait, ce qui prime est de dégager le plus rapidement possible les bénéfices les plus importants. Ce qui est le cas, car l’industrie pharmaceutique est l’industrie la plus rentable au monde et elle échappe, du fait de sa concentration et de son internationalisation, à tout contrôle des Etats dans un domaine qui concerne un bien public dont la marchandisation a montré ses limites ces dernières années.

Dr Christophe Prudhomme

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Source: https://www.facebook.com/christopheprudhomme93/posts/pfbid02WYEfubHZGLpEY3mcLVp33w6rYxysWdDFMEuWJ4ZpyHkL5detmetkYRn7AMYGMq2Vl?locale=fr_FR

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