
Le numéro d’appel du SAMU, le 15, est aujourd’hui complètement saturé. Cette situation était prévisible du fait de l’incurie du gouvernement qui, face à la dégradation du système de santé, a trouvé comme seule solution de renvoyer les patients vers un standard téléphonique. Il y a tout d’abord la fermeture des portes d’un nombre croissant de services d’urgence avec l’obligation d’appeler le 15 pour savoir si le cas est suffisamment grave pour que le patient puisse être accueilli. A cela s’ajoute, un mécanisme administratif imposé aux médecins qui travaillent dans les maisons médicales de garde qui oblige tous les patients à appeler le 15 avant de s’y rendre. En effet, pour que les médecins qui y exercent puissent bénéficier d’un supplément de rémunération pour cette consultation sans rendez-vous en soirée ou le week-end, la Sécu exige que le 15 donne un numéro qui sera inscrit sur la feuille de soins pour déclencher le paiement. Le résultat est un afflux brutal d’appels dans les centres 15 en début de soirée qui entraîne une saturation des standards avec des délais de décroché qui peuvent atteindre dans certains départements plus de 20 minutes. Vous pouvez imaginer les conséquences si l’appel pour un arrêt cardiaque ou une détresse respiratoire reste dans la file d’attente ! Autre hérésie, le service d’accès aux soins (SAS). Il s’agit là que le 15 serve de standard téléphonique pour les patients qui n’arrivent pas à trouver de médecin disponible, afin de les orienter vers des cabinets où des plages de consultations sont disponibles. Pour cela des médecins généralistes sont présents au centre 15 pour faire le tri des patients et délivrer des conseils quand le cas ne nécessite pas une consultation en urgence. Là aussi le système craque du fait du nombre de personnes sans médecin traitant en France – plus de 11 % des plus de 17 ans –, ce qui provoque une très forte augmentation du nombre d’appels, avec un nombre de médecins disponibles insuffisant et des délais pour dialoguer avec eux qui atteignent parfois plus d’une heure. Mais tout va bien, vous avez une petite musique comme dans les centres d’appel commerciaux ! Devant cette situation, les médecins généralistes libéraux du centre 15 de Rennes viennent tous de démissionner. Une autre dérive de notre système est l’impossibilité aujourd’hui de joindre directement son médecin traitant, quand on a la chance d’en avoir un, car il a transféré ses prises de rendez-vous vers des plates-formes comme Doctolib où il est conseillé, en cas de besoin d’une consultation en urgence, là encore d’appeler le 15. N’en jetez plus, la cour est pleine ! Cette situation est inadmissible et met la population en danger. La responsabilité du gouvernement est pleine et entière car il a mis en place un système qui manque cruellement de moyens et dont la finalité est contestable. En effet, la priorité doit être que tout citoyen puisse avoir accès à un médecin physiquement quand il en a besoin et pas être orienté vers un service téléphonique complètement saturé.
Dr Christophe Prudhomme
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