
Sur scène ou dans les travées de Rolland-Garros, les têtes d’affiche comme les adhérents du mouvement patronal craignent l’instabilité politique liée au vote de confiance du 8 septembre.
Par Hélène MAY.
En quelques mots, il résume l’impression générale. « On est dans la mouise », glisse un chef d’entreprise à la retraite, Légion d’honneur épinglée à la veste, dans les allées du stade de tennis de Rolland-Garros, qui accueillent en ce 27 août ensoleillé la première journée de la rencontre des entrepreneurs organisée par le Medef. Car l’annonce quelques jours plutôt par le Premier ministre, François Bayrou de son intention de demander un vote de confiance fait planer la menace d’une nouvelle instabilité politique. Ce qui inquiète les « acteurs économiques ».
Sur scène, les orateurs du jour s’en donnent à cœur joie. Pour le président du Medef, Patrick Martin, la décision de François Bayrou « surajoute à notre inquiétude » et le débat public « nous met, nous, entrepreneurs, en situation d’insécurité ».
Mais la recherche d’un environnement stable va au-delà des seules péripéties politiques immédiates. « Nos politiques n’ont pas idée à quel point la stabilité et la constance sont un avantage concurrentiel dans le monde où l’on vit », a ainsi rappelé à la tribune Catherine MacGregor, directrice générale d’Engie.
Plus que la destitution de Bayrou, les patrons s’inquiètent des marches arrière
En écho, dans les travées, Antoine de Froissard, à la tête de Montaigne Énergie, une société qu’il a montée avec deux collègues en 2023 et dont l’objet est de trouver des financements pour des projets d’énergies renouvelables, ne dit pas autre chose. « J’ai besoin de sécurité et de visibilité à cinq ou dix ans sur la performance de mes produits financiers », explique le jeune homme élancé en costume bleu.
Plus que la probable destitution du Premier ministre, ce sont les marches arrière sur les orientations des politiques d’adaptation au changement climatique qui l’inquiètent. Il cible notamment la récente décision par le ministère des Finances de réduire le tarif auquel ces énergies renouvelables sont rachetées par EDF.
« En tant que jeune entrepreneur, c’est dur de se développer dans un secteur qui bouge sans arrêt », déplore-t-il. Sa solution est radicale : il souhaite un marché de l’énergie entièrement privé. « Tant qu’on n’aura pas une gestion privée de l’énergie, on aura de l’instabilité », assure-t-il sans rire, alors que les fortes hausses du marché du gaz et de l’électricité en 2022 avaient justement plongé les entreprises dans la crise.
“Il faut arrêter de nous serrer le garot”
Les règles environnementales sont dans le viseur des entrepreneurs. « Il faut arrêter de nous serrer le garrot avec des exigences environnementales », lance Patrick Martin devant un public frissonnant de plaisir. Benjamin Aribaud, à la tête d’une entreprise de téléphonie en région toulousaine, n’est pas directement touché. Mais il affirme voir parmi ses sociétés clientes « l’impact de la législation environnementale ».
« Tout ça est tellement nébuleux. Les règles changent tout le temps et nous n’avons pas beaucoup d’informations », déplore-t-il. Face à ces incertitudes, « il faudrait que l’État fasse de son côté et les entreprises de l’autre ».
Une forme de séparatisme alimentée par le sentiment que l’idéologie entrepreneuriale a déjà gagné la bataille de l’opinion publique. « Il y a trente ans, 60 % des jeunes voulaient intégrer les services publics. Aujourd’hui, un sondage montre qu’ils sont 63 % à vouloir créer une entreprise. Quel virage ! », se félicite Patrick Martin.
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