
Poussée de fièvre chez Lidl. Une vingtaine de salariés des magasins de Landerneau, Guipavas, Plabennec, Saint-Renan et Plouzané sont entrés en grève illimitée ce vendredi devant le magasin de Coataudon.
Par Jean-Luc PADELLEC.
« On n’est pas contents », claironne une employée de l’enseigne préférée des Français au passage des clients ce vendredi matin devant l’entrée du Lidl de Coataudon. Un euphémisme à en croire les témoignages de la vingtaine de salariés réunis ce vendredi 7 février 2025, devant le magasin de Guipavas. Soutenu par cinq syndicats, le mouvement est national, mais les rassemblements sont sectorisés. Ce vendredi, six salariés de Guipavas (sur 22) sont déclarés en grève, et d’autres les ont rejoints depuis Landerneau, Plabennec, Saint-Renan ou Plouzané. Mais pas de Brest, où les quatre magasins ont fonctionné normalement.
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« À l’échelle régionale, on est environ 15 % de grévistes, certains ayant fait le choix de rester chez eux », évalue Frédéric Page, élu CFE-CGC. A priori, une centaine de magasins sur les 1 600 que compte l’enseigne allemande en France ont dû baisser le rideau, mais aucun en Bretagne.
« Chez Lidl, on se détriple »
Les grévistes réclament une augmentation de salaire, une amélioration des conditions de travail, une réduction de l’indice de performance, tout en s’opposant à la généralisation du travail le dimanche, qui doit se mettre en place en mai prochain. « Ce dernier point nous concerne moins, car on y est déjà au travail le dimanche », souligne un employé du Lidl Coataudon.
Pour les trois premiers, en revanche, les employés nord finistériens sont logés à la même enseigne que tous les autres. À commencer par les salaires. « J’ai deux ans d’ancienneté, je touche 1 400 € nets pour 30 heures », dévoile une employée. À côté, deux femmes, 30 heures semaine également, mais 30 ans de Lidl au compteur, affichent 100 € de mieux en fin de carrière.
Pour un travail de caissière ? « Ah non, ce serait trop simple. Ce mot n’est pas dans notre vocabulaire. Nous sommes des équipiers polyvalents », ironise une quadra. La polyvalence, le b.a.-ba du système Lidl. « Quand les flux sont moins importants en caisse, tu bascules à l’approvisionnement en rayon. Ou alors tu files à la production des produits au point chaud, après un passage par le nettoyage ». Ce qu’une autre résume ainsi : « Ailleurs, certains se dédoublent, chez Lidl, on se détriple » !
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« On manque de bras »
Si une revalorisation salariale « décente » est attendue (la direction de Lidl France a fait une première proposition de 1,2 % d’augmentation), c’est « avant tout de bras dont nous avons besoin », expose Frédéric Page, le responsable du magasin de Landerneau. Élu CFE-CGC, il est lui-même gréviste. Et tout responsable qu’il est, celui qui lui-même se retrouve régulièrement à faire de la mise en rayons décrit un système chapeauté par un responsable de vente secteur qui gère six magasins en moyenne. Avec des objectifs de performance toujours plus élevés.
« Si le rapport du nombre de produits vendus sur le nombre d’heures travaillées est défavorable, la variable d’ajustement, c’est le nombre de salariés », décrypte-t-il. Et gare aux mauvais élèves. « Les clients mystère, les audits surprise, les notes Google, la panoplie est large pour traquer la faute ». Cette équipière polyvalente de Saint-Renan peut en témoigner : « J’ai reçu un recommandé pour une erreur de 80 centimes en caisse. L’envoi du courrier a dû coûter bien plus cher ! ».
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