
© Blondet Eliot/ABACA
Toujours dans la roue de l’extrême droite, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a réussi à avoir la tête du collectif antifasciste Jeune Garde, dont la dissolution a été confirmée en Conseil des ministres ce jeudi 12 juin.
Par Tom DEMARS-GRANIA & Sarah RAMI.
Bruno Retailleau aura eu la peau d’un acteur fondamental de l’antifascisme en France. C’est par un simple tweet, publié dans la matinée du jeudi 12 juin, que le ministre de l’Intérieur s’est « félicité » de la dissolution « en Conseil des ministres » de la Jeune Garde. « Honte à vous qui vous vous en prenez à des organisations qui luttent contre le fascisme, a fustigé le député insoumis de l’Essonne, Antoine Léaument. Vous avez choisi d’être du mauvais côté de l’Histoire. »
Bruno Retailleau « ne rien laisser passer… sauf le fascisme »
Cette annonce fait suite à une cabale menée par l’ancien sénateur contre plusieurs organisations de gauche depuis la veille du 1er mai. Le locataire de Place Beauvau avait alors annoncé son intention de dissoudre le collectif antifasciste dont est issu le député insoumis, Raphaël Arnault, mais aussi Urgence Palestine, une organisation fondée en réaction à la politique génocidaire du gouvernement israélien, à l’initiative de nombreuses mobilisations ayant été organisées en France ces derniers mois. « Plusieurs membres de la Jeune Garde sont mis en cause par la justice, notamment pour des faits de violence », avait-il alors tenté de justifier.
« Alors que nous venons de vivre, en seulement quelques semaines, une série d’agressions, d’attaques et même d’attentats de l’extrême droite, le gouvernement Bayrou prononce la dissolution de la Jeune Garde sous demande directe du RN », rétorque l’élu du Vaucluse, aussi cofondateur du collectif de gauche. Même son de cloche pour la cheffe de file des Écologistes, Marine Tondelier, qui estime que Bruno Retailleau « ne rien laisser passer… sauf le fascisme ».
Selon son porte-parole, Cem Yoldas, la Jeune Garde est particulièrement inquiète face au contexte de fascisation en cours dans l’Hexagone. « Un millier de néonazis défilent dans les rues de Paris lors de la manifestation annuelle du Comité du 9 mai, les attaques d’extrême droite se multiplient, avec des attaques sur des militants communistes au bar associatif le Prolé, à Alès, l’assassinat d’Hichem Miraoui dans le Var, énumère le cofondateur de la Jeune Garde auprès de l’Humanité. Le terrorisme d’extrême droite progresse et le gouvernement ne semble pas s’en inquiéter. » Surtout que, rappelle Cem Yoldas, le gouvernement « honorait la résistance antifasciste et ouvrière » via la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian, début 2024.
Celui qui a été, depuis, élu à la tête du parti les Républicains (LR) a aussi tenté de présenter son projet comme impartial, en annonçant la dissolution du groupe néofasciste Lyon populaire – aussi confirmée en Conseil des ministres. « C’est lunaire, ce qui est en train de se passer, dénonçait déjà, auprès de l’Humanité, Raphaël Arnault, par ailleurs cofondateur de la Jeune Garde. On prépare notre réponse juridique : nous sommes une organisation sérieuse et non pas violente. »
L’élu insoumis l’a reconfirmé jeudi 12 juin, dans sa réponse au ministre de l’Intérieur : « Nous nous battrons devant le conseil d’État. » Une bataille menée avec un collectif plus important que jamais. Suite à l’annonce du processus de dissolution, plusieurs comités de soutien à la Jeune Garde se sont créés à Marseille, Toulouse, Limoges, ou encore, en Belgique. « Bruno Retailleau, en voulant détruire l’antifascisme, a mené à la création d’un réseau encore plus grand, se réjouit Cem Yoldas. Et c’est sûr qu’on n’a pas prévu d’arrêter de se battre. »
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