Kanaky : « Bougival c’est fini » (NBH – 31/07/25)

En Nouvelle-Calédonie, la répression coloniale se poursuit – Regards.fr

Après les « accords de Bougival » on est en droit de s’interroger sur l’avenir de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie.

D’abord un mot sur les « accords » qui n’en sont pas tant que les indépendantistes ne se sont pas encore prononcés sur eux. Il faut que le FLNKS se prononce, que ses composantes se prononcent. Librement et démocratiquement.

On espère qu’il en ira ainsi. Toute tentative de passer en force ou de cautionner ce que les Kanak ne veulent pas, est condamnée à moyen terme. Tordre le bras d’un peuple qui résiste au colonialisme depuis presque deux siècles est voué à l’échec.

Il semble que les indépendantistes n’aient pas tous la même appréciation de ces « accords ». La divergence ne doit pas être criminalisée, les noms d’oiseau évités. La situation est suffisamment grave pour éviter des affrontements internes. Cela dit, assumer les différences et en débattre est nécessaire, c’est le débat démocratique normal.

Les « accords » n’existeront que lorsque les colonisés, les Kanak, auront exprimé leur avis. Or nous apprenons que l’Union Calédonienne et le Bureau politique de FLNKS expriment pour le moins des réserves quant aux négociations elles-mêmes et leur résultat également.

Pour l’UC « Bougival c’est fini ». Le BP du FNLKS semble arriver à la même conclusion mais c’est son congrès qui tranchera.

Il est difficile de ne pas voir dans ce qui est sorti de Bougival un véritable recul.

Les accords de Nouméa avait acté un processus qui devait aboutir à l’indépendance de la Kanaky.

Or Bougival nous propose une construction institutionnelle qui rompt avec cette perspective.

Le dégel du corps électoral,  c’est-à-dire la colonisation de peuplement incluse dans Bougival, nous semble incompatible avec l’indépendance. Les possibilités d’accès à la pleine souveraineté sont en fait fermées par Bougival avec toute une série de dispositions.

Ce n’est pas une surprise qu’Emmanuel Tjibaou, l’un des négociateurs (UC), précise que le document de Bougival était provisoire.  L’UC considère que le document ne respecte pas les fondamentaux de la lutte du peuple kanak, et ne règle pas la question du droit à l’autodétermination et les modalités de son exercice, ainsi que les principes de décolonisation et la contestation du 3e référendum. Ce qui parait assez évident à tout observateur de bonne foi.

Le congrès extraordinaire du FLNKS aura lieu en août. Il est jugé « indispensable pour dégager des perspectives pour la poursuite du dialogue, travailler au renforcement de la cohésion et de l’unité du FLNKS ». La page Bougival est tournée déclare Emmanuel Tjibaou, ajoutant « Si Manuel Valls décide de signer un accord politique de décolonisation sans le mouvement de libération, cela n’a pas de sens. »

Valls et le pouvoir français veulent garder la main sur la N-C et son nickel. 

Comme l’explique Benoit Trépied dans le Diplo 

« Afin que les revenus de son extraction et sa valeur ajoutée restent dans le pays, le FLNKS a élaboré une « doctrine nickel  » qui repose sur trois priorités : la maîtrise de la ressource par la puissance publique ; l’arrêt des exportations de nickel brut au profit du nickel transformé sur place, sauf pour les usines néo-calédoniennes offshore ; la prise de contrôle du capital de la Société Le Nickel (SLN), acteur majeur du secteur Une  » stratégie originale de quasi-nationalisation » 

Or « les dirigeants loyalistes plus proches de l’idéologie néolibérale considèrent que l’industrie du nickel doit être laissée aux multinationales »

Le nickel « constitue l’un des métaux appelés à jouer un rôle majeur dans le verdissement  de l’économie mondiale. La priorité des autorités françaises est de sécuriser et diversifier leur approvisionnement en minerais stratégiques, notamment sur le marché du nickel »

Une logique évidemment différente pour ne pas dire contraire à celle des indépendantistes.

Mais les indépendantistes se heurtent aussi à une autre réalité: « la catastrophe économique et sociale ne peut être évitée sans un soutien massif de l’État à très court terme » comme l’analyse Trépied.

Cette situation offre à Paris un moyen de pression énorme vis à vis des forces indépendantistes et une arme pour les diviser.

Le président du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), Christian Tein,  a indiqué être personnellement « contre » Bougival. « Individuellement, je suis contre cet accord parce qu’il ne répond pas à nos attentes, (..) je pense qu’on est trop loin du chemin déjà parcouru ». Il a confirmé que « La pression qui a été exercée sur les uns et les autres pendant cette période de discussions, elle a été terrible ». Christian Tein qui dirigeait la CCAT a, rappelons-le, été détenu un an en France et qu’il lui est toujours interdit de rentrer chez lui, en Kanaky. Des comportent coloniaux d’un autre âge qui n’augurent pas d’une attitude constructive de la part de l’Etat français.

NBH

Source : https://nbh-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com/2025/07/kanaky-bougival-c-est-fini.html

URL de cet article : https://lherminerouge.fr/kanaky-bougival-cest-fini-nbh-31-08-25/

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