Législatives 2024. L’hôpital, enjeu majeur de la campagne à Carhaix-Châteaulin (OF.fr-22/06/24)

L’hôpital est l’un des enjeux principaux de la campagne. | OUEST-FRANCE

Les gardes à vue des défenseurs de l’hôpital de Carhaix (Finistère) et la régulation du service des urgences, depuis l’été 2023, sont au cœur de l’actualité. Un thème fort de cette campagne qui sera scruté par les électeurs pour les législatives 2024 dans la sixième circonscription.

Par Anthony RIO.

À Carhaix (Finistère), les derniers mois ont été mouvementés à l’hôpital : lutte pour le sauvetage de la maternité, signature d’un protocole de sortie de crise qui ne donne pas satisfaction, défenseurs de l’hôpital gardés à vue, régulation des urgences depuis un an. Ce sujet brûlant est au cœur des préoccupations des électeurs de l’est de la circonscription Carhaix-Châteaulin.

Le service des urgences est régulé, c’est-à-dire non accessible sans un appel préalable au 15, à cause du manque de médecin urgentiste. Pourtant, en octobre 2023, un protocole de sortie de crise signé par les représentants de l’État et les élus locaux promettait des jours meilleurs. Il n’en est rien pour les urgences à ce jour.

La colère grandit, cette régulation devient un symbole du sentiment d’abandon vécu par une partie de la population rurale. Un sujet que devront aborder les sept candidats aux législatives d’ici le premier tour.

« Ce combat est au cœur des débats »

Lors de la dernière session du conseil départemental, à Quimper, Philippe Guillemot, élu du canton de Carhaix et membre du groupe Autonomie et régionalisme, a pris la parole. Il explique le vote Rassemblement national (RN) dans le canton par « le sentiment d’abandon et de désespérance […] Cette fermeture de l’hôpital a peut-être poussé un vote RN aussi haut (30,05 % à Carhaix) . Depuis huit mois, rien n’a bougé. » Il fustige les plaintes et les gardes à vues « lamentables » des défenseurs de l’hôpital alors que « le personnel est à bout ». « Il faut redonner confiance aux électeurs en martelant que l’extrême droite n’est en aucun cas une solution. » Il en appelle aux élus : « Qu’ils répondent de façon pragmatique aux attentes. »

Annie Le Guen est coprésidente du comité de défense de l’hôpital. « Ce qu’on peut souhaiter, c’est que les candidats se positionnent et que la personne élue fasse remonter à l’Assemblée nationale ou au gouvernement que la lutte contre les déserts médicaux est une priorité. Les gens se sentent délaissés, explique-t-elle. Ce que je sais, et ça n’engage que moi, c’est que Mélanie Thomin (candidate PS pour la Nouveau Front populaire et députée sortante) nous soutient depuis le départ. Pour les autres, ce serait peut-être bien qu’on les rencontre. » Le comité a demandé, vendredi 21 juin, aux candidats de s’exprimer sur le sujet.

« Ce combat est au cœur des débats. Il y a des zones où la population est abandonnée, on en fait partie. Il y a 80 000 personnes (la population du Centre Ouest Bretagne) en danger qui doivent faire une heure pour se faire soigner en urgence », ajoute Matthieu Guillemot, porte-parole du comité de vigilance, membre du NPA-L’anticapitaliste qui a appelé à voter Mélanie Thomin. Il craint une victoire de l’extrême droite. « Si le Rassemblement national passe demain, c’est la fin de l’hôpital. Le service public n’est pas leur dada. »

La montée de l’extrême droite inquiète

Une montée de l’extrême droite qui inquiète le syndicat Sud à l’hôpital, qui « appelle à faire barrage ». Mais Sylvain Madec, secrétaire du syndicat Sud santé sociaux au CHU, prévient : « On a un mandat pour appeler à voter pour le Nouveau Front populaire, mais on ne fera pas un chèque en blanc. Il faut du concret : la réhabilitation des services publics. On demande que les députés élus viennent appuyer l’arrêt des plaintes. »

« La problématique de l’hôpital est déjà présente dans la sphère politique », pour Thomas Bourhis, secrétaire général du syndicat CGT au CHRU. « On ne peut que soutenir les candidats qui ont affiché un soutien clair et franc. » En cas d’arrivée de l’extrême droite au pouvoir, il craint « un démantèlement du contre-pouvoir que sont les syndicats. Le RN mènera la même politique libérale qui a mis à mal l’hôpital. On s’interroge aussi sur l’avenir de l’accueil de toutes les personnes qui ont des difficultés de santé, via l’Aide médicale d’État (AME). »

Marie-Françoise Patinec, secrétaire de la CFDT de l’établissement, demande « l’accès aux soins pour tous. C’est aux politiques d’organiser la permanence des soins. Il faut surtout qu’ils s’occupent de la rémunération et des conditions de travail. L’absentéisme, déjà présent, va s’accentuer. Le bricolage est quotidien. Elle alerte : « Les agents ne tiennent que parce qu’il y a des patients derrière. »

Les propositions des candidats pour un meilleur accès aux soins

Mélanie Thomin, candidate Parti socialiste pour le Nouveau Front populaire : « Ce sujet revient en permanence sur le terrain de campagne. Une des propositions que l’on porte est une réforme de l’hôpital public avec un plan pluriannuel de recrutement. Je souhaite qu’il y ait une priorité donnée aux hôpitaux ruraux. Une autre mesure : personne ne devra habiter à plus de trente minutes d’un accueil physique des services publics. Cela suppose un accueil aux urgences de Carhaix. »

Tugdual Pérennec, candidat sans étiquette : « Il faut un partenariat avec les hôpitaux de Brest et de Quimper pour que les médecins interviennent à Carhaix. Un nouveau partenariat avec Quimper pourrait faciliter la venue de médecins qui habitent entre le Centre et le Sud-Finistère. Dans l’immédiat, il faut aller chercher des soignants français qui ont une formation dans d’autres pays européens et accepter des médecins étrangers à exercer en France. »

Patrick Le Fur, candidat Rassemblement national : « Il y a la solution de faire revenir des médecins retraités en les exonérant de charges sociales et d’impôt sur le revenu. Concernant l’Aide médicale d’État (AME), il n’est pas question de la supprimer en cas de pathologie grave et urgente pouvant entraîner un décès. Mais je ne conçois pas que des personnes en situation irrégulière soient prises en charge gratuitement par des médecins déjà débordés. »

Erwan Crouan, candidat divers centre, soutenu par le parti présidentiel Renaissance : « L’hôpital doit avoir les moyens d’exister. L’accès aux urgences 24 h sur 24, c’est un minimum. Il ne devrait pas y avoir d’inégalité entre un rural et un urbain. Il faut anticiper l’exode urbain et donc il faut une structure de santé et des soignants partout. »

Kenny Delferrière, candidat NPA Révolutionnaire : « Je défendrai bec et ongles l’hôpital et les urgences, qu’il faut rouvrir. Nous ne sommes pas des citoyens de seconde zone. Pourquoi ne pas imaginer une action collective en justice pour mise en danger ? Il faut étudier toutes les possibilités en imposant à l’État français de le maintenir. »

Évelyne Carayon, candidate Reconquête : « Nous cotisons pour un service médical correct. Il faut plus de lits et la réouverture des urgences, comme l’a promis l’ARS, sans creuser le trou de la Sécurité sociale. Avec quel argent ? Je ne peux pas le dire aujourd’hui. Il faut une réorganisation. »

Philippe Cordier, candidat Lutte ouvrière : « Il faut que les urgences continuent de vivre. De l’argent, il y en a plein dans le pays. On le prend là où il est. Par exemple, sur le budget de l’armée et en prenant chez les plus riches en les taxant beaucoup plus. L’hôpital est là pour sauver des vies. La société capitaliste marche sur la tête. Il faut la renverser. »

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Source: https://www.ouest-france.fr/elections/legislatives/legislatives-2024-lhopital-enjeu-majeur-de-la-campagne-a-carhaix-chateaulin-30b3ed6e-2e41-11ef-b70d-a349109d0370

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