« Les politiques font n’importe quoi » : médecins, paramédicaux et patients dénoncent « un hôpital rongé jusqu’à l’os » (H.fr-4/10/25)

Ce samedi 4 octobre, à Paris, un millier de personnes ont participé à une marche blanche à l’appel de divers collectifs, syndicats de médecins, de paramédicaux ainsi que de l’Association Nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva) pour sauver le système de soins.© Livia Saavedra

Un millier de personnes ont défilé ce samedi 4 octobre au départ du jardin du Luxembourg à Paris, pour protester contre de nouvelles économies à venir dans ce secteur déjà en grande souffrance.

Par Cécile ROUSSEAU.

Colère rouge pour les blouses blanches. Ce samedi 4 octobre, aux abords du jardin du Luxembourg, à Paris, un millier de personnes ont participé à une marche blanche à l’appel de divers collectifs, syndicats de médecins, de paramédicaux ainsi que de l’Association Nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva) pour sauver le système de soins.

La date anniversaire des 80 ans de la Sécurité sociale se percute avec la menace, toujours d’actualité, de 5,5 milliards d’euros d’économies à venir sur la santé. Sophie Bauer, présidente du Syndicat des médecins libéraux (SML), ne décolère pas. « On en a ras le bol de l’hyper-administration et de cette gestion de la santé via des tableaux. Que notre secteur soit toujours la variable d’ajustement du budget national, c’est insupportable ! »

« Aucune réforme ne devrait passer sans validation des soignants et des patients »

Cette galaxie de collectifs et de syndicats, pas toujours sur la même longueur d’onde, s’accorde sur un point : l’État ne doit pas décider de manière unilatérale du budget de la santé. Pour Arnaud Chiche, anesthésiste-réanimateur, fondateur du collectif, « Santé en danger » : « Les politiques font n’importe quoi ! Aucune réforme ne devrait passer sans validation des soignants et des patients. »

Quant à Halim Bensaidi, président de l’IPADECC, association qui défend les Padhue (Praticiens à diplômes hors Union européenne), il est venu rappeler leur situation ultra-précaire : « 19 % des médecins inscrits au Conseil de l’ordre ont un diplôme extra-européen alors que nous sommes dénigrés et parfois aussi mal payés qu’une ASH (agent des services hospitaliers). »

Après des décennies de maltraitance, la souffrance des soignants dépasse toutes les limites. Vinciane, infirmière en santé au travail au centre hospitalier de Maubeuge (Nord), n’en finit pas de voir défiler les personnels au bout du rouleau. « J’ai eu connaissance de trois tentatives de suicide de collègues dont deux sur site, soupire-t-elle. La semaine dernière, un autre m’a dit : ” si tu ne fais rien, je me flingue “. J’ai dû le diriger vers les urgences. Beaucoup ont des idées noires car ils se sentent totalement déconsidérés. J’ai moi-même été victime d’épuisement professionnel. Notre psychologue du travail est aussi submergée : en dix ans, il est passé de 57 consultations annuelles à 750 !  »

Difficultés à faire reconnaître les maladies professionnelles

Ces économies à l’aveugle ont également des conséquences dramatiques pour l’accès aux soins. Catherine, infirmière en psychiatrie au CHU de Tours (Indre-et-Loire) et militante de la CGT, brandissant sa pancarte de squelette titrée « l’hôpital rongé jusqu’à l’os », a l’impression d’aller droit dans le mur. « Nous entamons une grève ce lundi car une nouvelle unité de psychiatrie va ouvrir en janvier 2026 avec 84 lits de moins, 54 postes d’infirmiers en moins, rien ne va ! »

Avec leur banderole, « l’amiante a pris notre santé, nous refusons d’être soignés au rabais », les victimes du matériau cancérogène dénoncent, elles, cette double peine. « Dans la Sarthe, nous devons faire 40 kilomètres pour aller consulter un généraliste. Les médecins vont sur la côte, ils n’ont pas envie de s’installer chez nous », déplore Sonia, militante au sein de l’Andeva 72. André, qui a travaillé au contact de l’amiante mais aussi au benzène dans les ateliers de la SNCF, remarque que les personnes exposées ont également « de plus en plus de mal à faire reconnaître leurs maladies professionnelles. Pourquoi sommes-nous les premiers à trinquer alors que nous finançons la Sécurité sociale ? »

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Source: https://www.humanite.fr/social-et-economie/andeva/medecins-paramedicaux-patients-denoncent-un-hopital-ronge-jusqua-los

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/les-politiques-font-nimporte-quoi-medecins-paramedicaux-et-patients-denoncent-un-hopital-ronge-jusqua-los-h-fr-4-10-25/

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