En censurant le budget, contre l’avis de son parti, la députée PS du Finistère Mélanie Thomin a créé la surprise. Sa décision, révélatrice des doutes qui traversent la gauche socialiste, est très commentée.
Par Martin VAUGOUDE .
Mélanie Thomin au centre des regards. La décision de la députée PS du Finistère de censurer le budget, à l’inverse de la position de son parti, n’est pas passée inaperçue (*). Il faut dire que l’élue de la circonscription de Châteaulin n’est pas seulement la tombeuse de l’emblématique Richard Ferrand. Elle est surtout l’une des quatre porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée.
« Son vote illustre le rapport de force au sein du PS, qui hésite entre social-démocratie et volonté d’en découdre », pointe le député macroniste Didier Le Gac, élu de la circonscription de Brest rural. Il évoque, à propos de Mélanie Thomin, « une radicalité dont on n’a pas l’habitude en Bretagne ». « Elle fait partie de cette génération de socialistes très proche de LFI. Quand elle dit du budget que c’est le plus austéritaire de ces dernières décennies, elle reprend leurs éléments de langage. Alors que ce n’est pas vrai, ce budget étant très modéré ».
Déjà proche de voter la censure mi-janvier
La députée finistérienne avait déjà été très proche de voter la censure, mi-janvier, suite à la déclaration de politique générale de François Bayrou. « Ce qui m’a fait changer d’avis, c’est que nous avons reçu des engagements écrits de la part du Premier ministre », avait-elle alors indiqué. Cette fois, elle a franchi le pas. « Malgré des avancées concrètes obtenues, le compte n’y est pas. Après des efforts de compromis, mon choix est avant tout celui des convictions », justifie-t-elle.
Député de Brest ville, l’insoumis Pierre-Yves Cadalen salue le vote de Mélanie Thomin. « J’ai été agréablement surpris. Elle est fidèle aux engagements du Nouveau Front populaire. La veille, nous étions ensemble auprès des salariés de la Fonderie de Bretagne. Nous n’avons pas parlé de la censure à ce moment-là, mais je trouve son vote cohérent avec ce qu’on défend. »
Franchement, je la comprends. C’est à contrecœur que je n’ai pas censuré.
« Je la comprends »
Question : comment les socialistes bretons vivent-ils l’épisode ? « En tant que premier secrétaire fédéral, je suis évidemment solidaire des décisions adoptées par le bureau national du Parti socialiste », indique sobrement Tristan Foveau, patron du PS 29 (le bureau politique du PS avait décidé de ne pas voter la censure, par 59 voix contre 4).
La fronde de la Finistérienne doit-elle, pour autant, être sanctionnée ? Pour le député PS rennais Mickaël Bouloux, la réponse est non : « J’aurais préféré qu’on ait l’unanimité. Mais, franchement, je la comprends. C’est à contrecœur que je n’ai pas censuré. À mon sens, il fallait un budget, car on était dans une situation d’attentisme bonne pour personne, et surtout pour les plus fragiles. Mais je n’aime pas ce gouvernement. Et j’espère qu’il tombera le plus vite possible ».
(*) Au total, six des 66 députés socialistes ont voté, contre l’avis de leur groupe, la motion de censure défendue par les insoumis.
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