
Avant de demander aux enseignants d’organiser une minute de silence pour Samuel Paty et Dominique Bernard le 14 octobre, le Premier ministre Michel Barnier avait prétendu « mettre tout en œuvre pour protéger nos enseignants. » Qui peut le croire ?
Par Tamara Rossi
Les enseignants Samuel Paty et Dominique Bernard ont été assassinés sur leur lieu de travail en 2020 et 2023. Les enseignants, et avec eux plus largement la population, avaient été saisis d’horreur, et pour cause, par ces assassinats.
Pour ce lundi 14 octobre, le gouvernement avait demandé aux enseignants d’organiser une minute de silence pour Samuel Paty et Dominique Bernard . Quelques jours auparavant, pour annoncer cet « hommage », le Premier ministre Michel Barnier déclarait : « Nous ne les oublierons pas. Et nous mettrons tout en œuvre pour protéger nos enseignants. »
Qui croit cela ? Certainement pas les enseignants…
Certainement pas les enseignants qui ont pour mémoire que le rectorat de Versailles avait volontairement retardé de plusieurs mois l’enquête administrative suite à l’assassinat de Samuel Paty.
Certainement pas les enseignants qui ont en mémoire qu’au moment de l’assassinat de Dominique Bernard, en 2023, plusieurs établissements, avec leurs organisations syndicales, avaient formulé des courriers avec comme revendications : des moyens supplémentaires en vie scolaire, moins d’élèves par classe, des psychologues et infirmiers scolaires dans chaque établissement et qui n’ont vu aucune de ces exigences satisfaites.
Dans une salle des professeurs ces derniers jours, un enseignant explique : « Rendre hommage c’est important, mais depuis l’assassinat de ces collègues, rien n’a été fait. On est toujours dans la même situation, et c’est même pire. »
Michel Barnier pourrait tenter de se justifier en prétextant que lui et sa ministre de l’Éducation nationale n’étaient pas en responsabilité ces dernières années. Pour ce qui est du président qui les a nommés en revanche, c’est bien le cas… Mais regardons de plus près maintenant ce que Barnier vient d’annoncer pour l’école à l’occasion de la présentation de son budget :
– Plus de 4 000 suppressions de postes d’enseignants ;
– Aucune création de poste de personnels d’encadrement, de personnels infirmiers, d’assistants sociaux ;
– Aucune création de poste de personnels administratifs.
Non, personne ne croit au fait qu’il s’agit de « mettre tout en œuvre pour protéger nos enseignants. » Personne n’y croit parce que justement, il ne s’agit pas de cela. Il s’agit, à l’inverse, de poursuivre et approfondir la destruction de l’école.
L’an passé, parents et enseignants du 93, confrontés au chaos à l’œuvre, avaient cherché à ouvrir la voie à la mobilisation pour imposer le retrait de la contre-réforme du « choc des savoirs » et l’obtention des moyens nécessaires.
Si cette mobilisation a rencontré de l’écho au-delà du 93, elle n’a pas obtenu immédiatement, et en tout cas pas pour le moment, l’aide nécessaire des directions syndicales pour aider à l’étendre plus largement et ainsi peser plus efficacement sur le gouvernement. Mais cette colère, ce refus, sont toujours là… et cherchent toujours à se frayer un chemin.
Les « hommages » gouvernementaux de ce genre… ne les calmeront pas. Au contraire.
L’ensemble des syndicats de l’éducation nationale adresse une alerte sociale à la ministre Face à un « projet de budget 2025 présenté (qui) envisage des retraits d’emplois d’une ampleur dévastatrice », l’ensemble des organisations syndicales représentatives de l’Education nationale : FSU, UNSA, FO, CFDT, CGT, SNALC, SUD, vient de déposer à l’attention de la Ministre, une « alerte sociale préalable au dépôt d’un préavis de grève national unitaire, à compter du lundi 4 novembre 2024 jusqu’au lundi 31 mars 2025 inclus » |
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