
Par Devan SOHIER.
La conférence contre la guerre a réuni 150 militants, venus de dix-huit pays européens, ainsi que des États-Unis et de Palestine. La discussion a été riche, nourrie de l’expérience acquise dans les différents pays représentés. Les intervenants ont expliqué comment ils menaient la campagne contre la guerre et contre ses conséquences pour la classe ouvrière dans chaque pays.La discussion a été variée, revenant sur la bataille menée par les dockers italiens qui a entraînée l’ensemble de la classe ouvrière dans la grève, sur l’organisation en Angleterre des manifestations contre le génocide, et contre le soutien que lui apporte le gouvernement Starmer, sur la lutte des noirs américains contre la politique de l’impérialisme américain, sur l’expérience du mouvement pacifiste, sur l’organisation des manifestations contre la guerre en Allemagne… Tout cet échange a cependant été traversé par une chose : l’aspiration à s’organiser et se structurer, à travers toutes l’Europe, contre la guerre, contre les gouvernements fauteurs de guerre. Plusieurs orateurs ont souligné la place et la responsabilité du mouvement ouvrier dans la réponse à cette aspiration, posant le problème de l’inaction trop fréquente de ses directions face au génocide.La conférence s’est conclue sur l’annonce d’une nouvelle conférence à Londres, en juin prochain, à l’invitation des camarades anglais de Stop the War. |
« Nous devons construire des ponts. (…) Un large front anti-impérialiste et antimilitarisation »
- Julien Ribaudo , député Parti du travail de Belgique
En Belgique, il y a à peine un mois, nous étions plus de 100 000 à Bruxelles. Pour un petit pays comme la Belgique, c’est énorme ! Tous les jours depuis deux ans, des gens manifestent au même endroit, à la même heure à Bruxelles. Et il y a deux jours, lorsque la Flottille a été interceptée, cela a spontanément rassemblé plus de 5 000 personnes dans les rues de Bruxelles, et des millions dans le monde entier. On a même vu des adolescents bloquer leur école pour protester contre le gouvernement qui n’a pas protégé nos citoyens sur la flottille. Et j’ai lu le journal aujourd’hui… et ils ont peur de ce mouvement des adolescents.
Et il est important pour moi de mentionner les adolescents parce que, si je suis maintenant membre du parlement, j’ai été travailleur social pendant plus de dix ans et j’ai été à la direction du mouvement de jeunesse du PTB, RedFox. Et je peux vous dire ceci : en 2019 la jeunesse s’est mobilisée contre l’inaction face au changement climatique. Aujourd’hui nous voyons l’émergence d’une génération Palestine, une génération d’activistes qui refuse de rester les bras croisés à regarder. Et nous devons saisir ce moment. (…)
Nous n’accepterons pas non plus de travailler plus longtemps, pour moins d’argent. Nous n’accepterons pas les attaques contre notre sécurité sociale. Et ils le savent.
Alors, ils criminalisent les mobilisations, y compris les mouvements de solidarité. En Belgique, le gouvernement a un plan pour interdire des organisations sur la base d’un simple rapport administratif et ils ont même confisqué les papiers d’identité de militants palestiniens.
Alors oui, nous devons construire des ponts. Avec les mouvements de solidarité, la jeunesse, la classe ouvrière, les syndicats…. Un large front anti-impérialiste et antimilitarisation.
Parce que dans la militarisation, il y a peu de gagnants. Les multinationales et les gouvernements impérialistes. Et les perdants, c’est nous tous : la classe travailleuse.
« L’hypocrisie du gouvernement espagnol »
- Marylin dos Santos , responsable féminismes de Podemos (Espagne)
Pendant que le président Sánchez se félicitait sur les réseaux sociaux et affichait son soutien aux mobilisations contre le Tour cycliste d’Espagne, non seulement il n’a pas annulé la participation d’Israël, mais le ministère de l’Intérieur a renforcé la répression contre les manifestations à Madrid. Malgré les blindés et les balles en caoutchouc, ces mobilisations ont réussi à interrompre la compétition et à faire triompher la solidarité avec le peuple palestinien.
Un moment historique qui a poussé le gouvernement à sortir une nouvelle annonce phare : un faux embargo sur les armes, inutile et inopérant. (…)
Tout cela s’inscrit dans une reconnaissance de l’État palestinien qui ne reconnaît pas sa souveraineté sur ses propres eaux territoriales, comme l’a explicitement déclaré la ministre de la Défense, en demandant à l’équipage de la flottille de ne pas risquer leur vie en pénétrant dans la zone qu’Israël a illégalement désignée comme « zone d’exclusion ».
Une reconnaissance de l’État palestinien, annoncée en fanfare, mais qui ne reconnaît pas le droit à l’autodétermination du peuple palestinien, et cherche seulement à rejouer une sorte d’accord d’Oslo 2.0.
L’hypocrisie du gouvernement espagnol a atteint son comble quand Pedro Sánchez, qui prétend être à la pointe des politiques internationales contre le génocide, applaudit — comme la droite — un prétendu « plan de paix » signé par Trump et Netanyahou, un plan qui nie directement le droit à l’existence du peuple palestinien, son autodétermination et ses droits.
Un tel plan, qui consolide l’apartheid sioniste et garantit l’impunité des génocidaires, ne peut pas être appelé « plan de paix ».
« Il est bien temps de nous révolter contre nos gouvernements fauteurs de guerre et les arrêter »
- Litza Fridas , militante de Libération communiste (Grèce)
Dans mon pays, le gouvernement grec « Nouvelle Démocratie », à l’aide d’une opposition parlementaire quasi inexistante, poursuit sa politique de renforcement des sionistes en leur offrant terre, eau et aide militaire. Nous nous opposons et condamnons la politique du gouvernement grec qui entraîne les pilotes israéliens à bombarder Gaza. Il offre ses bases militaires (qui sont des bases militaires de l’Otan) à Israël et à l’Otan pour mener le bombardement des pays indépendants qui leur sont opposés, pour envoyer de l’armement en Ukraine, pour consolider les politiques de ses alliés européens et américains, sans se soucier du carnage des Ukrainiens et des Russes qui continue.
Il est bien temps de nous révolter contre nos gouvernements fauteurs de guerre et les arrêter. Il faut prendre en main la question de la guerre parce que ce sont les peuples qui peuvent se sauver de la barbarie qu’on veut nous imposer.
Notre tout premier devoir est d’arrêter le génocide à Gaza. Nous saluons et soutenons la résistance héroïque du peuple palestinien pour une Palestine libre de la rivière à la mer. Nous saluons les millions des gens dans le monde entier qui sortent dans les rues pour soutenir la cause palestinienne, souvent malgré la répression violente qu’ils subissent.
Nous saluons les luttes de la classe ouvrière et plus particulièrement des dockers et des travailleurs dans les transports partout dans le monde qui bloquent l’envoi d’armements vers Israël.
Nous saluons le courage de tous les prisonniers politiques palestiniens qui sont incarcérés dans les centres de tortures de l’État sioniste, mais aussi tous les prisonniers politiques pro-palestiniens partout dans le monde.
Honneur et gloire à tous les militants qui ont essayé de casser le blocus de Gaza par la terre et par la mer, avec la Marche à Gaza et la Flottille Sumud pour Gaza, les derniers étant aussi prisonniers dans les geôles notoires d’Israël. Nous exigeons leur libération immédiate.
Nous poursuivons notre lutte contre notre gouvernement, contre l’union européenne et l’Otan qui sont complices des guerres qui ont lieu dans le monde. Camarades, nous ne sommes pas de simples pacifistes. Nous sommes des militants pour la justice et la libération sociale.
Pas un centime, pas une arme, pas une vie pour la guerre. Vive la Palestine libre de la rivière à la mer.
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Source: https://infos-ouvrieres.fr/
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