
Créée dans les années 1970 et implantée à Val d’Oust (Morbihan) entre le canal de Nantes à Brest et la départementale 766, Armor Panneaux est une usine de fabrication de panneaux agglomérés qui emploie 80 salariés. Malgré les efforts consentis par la direction, des riverains se plaignent de désagréments quotidiens.
Située au cœur d’une zone pavillonnaire, entre le canal de Nantes à Brest et la départementale 766, la situation est inévitablement compliquée. À Val d’Oust (Morbihan), la haute cheminée rouge qui domine le complexe de l’usine Armor Panneaux dégage chaque jour des panaches de fumées et les riverains se plaignent des retombées de poussières. La direction d’Armor Panneaux est consciente de la situation et Olivier Brochard, son nouveau directeur depuis octobre 2022, a souhaité rétablir le dialogue en faisant parvenir une invitation à tous les riverains.
Une trentaine de personnes se sont déplacées au rendez-vous, mardi 25 mars 2025. Le sujet est sensible mais les personnes présentes ont globalement apprécié cette rencontre. Avec l’ancienne direction, il n’y avait aucun contact, donc ça ne peut qu’être mieux mais il reste trop de questions sans réponses pour que nous soyons pleinement satisfaits de notre rencontre »,
réagit, à l’issue de la réunion, Philippe Pasquier l’un des riverains.
Des nuages de poussière qui se répandent dans les jardins
Ouvert à la discussion, Olivier Brochard a tout d’abord présenté les méthodes de fabrication des différents produits de la société. Pour ce faire, nous utilisons du bois de classe B (déchets de bois non dangereux, faiblement traités, peints ou vernis…) récupéré en déchetteries mais avec beaucoup d’impuretés, des cailloux, du verre, du métal… Il doit donc subir un tri afin de le rendre utilisable.
Chaque jour l’usine reçoit environ 300 tonnes de bois livrées par camions. Ce bois est déchargé et dégage de gros nuages de poussière
, se plaint un riverain. Pour nous c’est une nuisance quotidienne.
Des particules qui viennent se déposer dans les jardins, sur les voitures, les toitures… Le directeur rappelle les efforts faits par l’entreprise : On a fait installer des brumisateurs afin de capter un maximum de poussières. Ils sont actifs lors de chaque déchargement.
Mais les riverains ne semblent pas convaincus par ce procédé.
« Les retombées de particules nous inquiètent beaucoup »
Les particules qui retombent semblent un problème encore plus préoccupant et les interrogations sont légitimes. De nombreuses personnes ont apporté des échantillons. Car ces particules ne retombent pas au pied de l’usine mais à 200 ou 300 m, sur les maisons, les potagers… Hier, il faisait grand soleil, et impossible de sortir dans le jardin. Et surtout, que contiennent ces substances ? Quel impact sur notre santé et celle de nos enfants ?
Le directeur s’est appuyé sur des données scientifiques récentes produites par un organisme indépendant. Elles ne révèlent aucune toxicité. On est même très loin des seuils préconisés : par exemple pour le formaldéhyde capté près du canal, on est à 3 µg/m3, bien en deçà du seuil de tolérance qui est de 120 µg/m3. Pour le Nox, on est à 8 pour un seuil de 200 µg/m3…
Malgré ces chiffres plutôt rassurants, les riverains semblent douter de la fiabilité de ces études. Une question fuse dans la salle « Êtes-vous avertis des dates de ces prélèvements ?
La réponse du directeur est claire : Oui, mais on ne change pas nos process de fabrication ces jours-là. On n’a rien à cacher.
Quelles actions ? Quelle suite ?
« On ne fera de miracles, mais je ne peux pas laisser dire qu’Armor Panneaux ne fait rien », renchérit Olivier Brochard. Outre les filtres, les brumisateurs, les analyses… Les riverains en demandent plus et réclament des prises d’échantillons chez eux. Il faut élargir le périmètre des prélèvements. Car les fumées, en fonction des vents, se dispersent largement au-delà de l’usine.
Le directeur reconnaît que les cyclo filtres ne captent pas tout.
Ils sont vérifiés toutes les semaines. Nous avons un cahier des charges très contraignant et loin de nous l’intention de mettre ces problèmes sous le tapis.
L’entreprise travaille également sur la composition chimique des produits utilisés. Nous réduisons les taux d’urée-formol dans notre colle. Nous allons vers des produits bio-sourcés à 100 %. Chaque année, nous investissons plus de 400 000 € pour des renouvellements d’équipements.
Une réunion où chaque camp a pu s’écouter et exposer ses problèmes et ses contraintes et même si la plupart des riverains sont repartis sans les réponses attendues, le directeur de l’usine créée dans les années 1970 a rappelé que nous ne sommes pas là pour gâcher votre quotidien. Mon bureau est ouvert tous les jours et nous cherchons vraiment des solutions pour améliorer la situation ».
« Merci pour cette rencontre. Je comprends l’inquiétude des riverains et je connais aussi les contraintes de fabrication de l’entreprise. C’est une zone compliquée où habitations et usine sont imbriquées depuis toujours et si les doutes ne sont pas entièrement levés, au moins les portes de la discussion sont entrouvertes », a conclu la maire, Florence Prunet.
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