Starmer et Frederiksen, le pire de la social-démocratie. (NBH – 09/10/25)

UK and Denmark will work together on Greenland security – Danish PM | The  Independent
Mette Frederiksen et Keir Starmer

Face à la montée du courant néofasciste la droite et une fraction de la social-démocratie adoptent une attitude proche sinon similaire.

Elle consiste à faire sienne une partie du programme de l’extrême-droite.

Du côté droit rien d’étonnant. C’est plus une question d’intensité qu’autre chose. Certes c’est important et négliger les formes que prend la domination bourgeoise serait irresponsable pour le moins. Le dosage entre coercition et consentement change beaucoup de choses, on passe par la case prison ou on peut déployer notre politique sans trop de casse.

Reste que le fascisme ou le néofascisme ne parviennent jamais seul au pouvoir mais toujours dans le cadre d’une union des droites. Il n’y a pas d’antagonisme entre les deux courants même si l’on ne doit pas les confondre ce qui fut l’erreur mortelle du bordiguisme.

Du côté gauche on peut tout de même s’étonner que la social-démocratie, un courant issu du mouvement ouvrier, qui conserve dans certains pays du moins des liens étroits avec les syndicats, on pense à la social-démocratie scandinave ou au travaillisme britannique, sombre avec une telle facilité et sans grande résistance dans une politique issue des programmes de l’extrême-droite.

Ainsi le Premier ministre britannique travailliste Keir Starmer et son gouvernement ont décidé d’emprunter le chemin tracé par le néofascisme britannique. Starmer présente un plan afin de mettre fin au mécanisme du regroupement familial qui permet aux étrangers vivant au Royaume-Uni de faire venir leur famille.

Sur un an seulement 21 000 visas ont été attribués pour l’essentiel à des femmes et des enfants. 

Starmer justifie les choses ainsi: « le chemin vers la régularisation devrait être plus long et mérité grâce à une contribution au pays ». Le fait de vivre et travailler en Grande-Bretagne n’est sans doute pas « une contribution au pays ». Que vient faire ici la notion de « mérite »? Et pourquoi lé régularisation devrait être « plus longue »?  Ce sont en fait que des reprises des antiennes de l’extrême-droite.

Même les personnes ayant obtenu le statut de réfugié ne bénéficieront plus automatiquement du regroupement familial, Starmer a même osé déclarer: « Il n’y aura pas de ticket gagnant pour s’établir au Royaume-Uni, les gens devront le mériter ». On se demande qui ne perçoit pas l’absurdité d’une telle phrase: comment « mériter » de se réfugier (en Grande-Bretagne ou ailleurs) et y faire venir sa famille? Imbécile et odieux.

Starmer en arrive à dire comme un vulgaire Zemmour: « Nous risquons de devenir une île peuplée de personnes étrangères les unes aux autres » 

Mais en Grande-Bretagne, comme dans les anciennes métropoles coloniales, règne un profond racisme systémique. Les émeutes menées par l’extrême-droite cet été en sont la démonstration. Comme la progression spectaculaire du parti d’extrême droite anti-immigration Reform UK dirigé par Nigel Farage qui dépasse le Parti travailliste d’environ 10 points dans les sondages. 

Starmer a donc choisi la tactique suivante : au Congrès du Labour il s’écrit pour définir la lutte contre l’extrême-droite raciste « C’est un combat pour l’âme du pays ». Mais sa politique, les mesures qu’il annonce sont celles que Reform UK propose. Lâcheté? Hypocrisie? Sans doute les deux.

Combattre le néofascisme en appliquant sa politique, c’est la formule de Starmer.

Mais il n’est pas le seul. La Première ministre social-démocrate du Danemark, Mette Frederiksen, a adopté exactement le même positionnement, inquiète de voir monter l’extrême-droite (Parti populaire danois) dans les sondages et pour enrayer cette progression. Elle a désigné un nouveau ministre de l’immigration Rasmus Stoklund qui incarne la ligne dure du parti social-démocrate danois sur l’immigration et l’intégration. En mai 2021, il comparait les migrants condamnés par la justice danoise à « de mauvaises herbes ». Depuis, il s’est prononcé en faveur de leur incarcération, jusqu’à ce qu’ils repartent d’eux-mêmes vers leur pays d’origine, même s’ils y risquent la peine de mort. 

Mette Frederiksen déclarait en mai dernier que « l’immigration était la plus grande menace contre l’Europe du Nord ». La dirigeante danoise, comme ailleurs en Europe, est sous la pression de l’extrême droite. Pour gagner les élections, elle a effectué un virage stratégique sur l’immigration, pensant ainsi récupérer les voix des racistes et des néofascistes. 

En Europe sa meilleure alliée est la néo-mussolinienne Giorgia Meloni et Frederiksen reçoit les félicitations des groupes parlementaires des extrêmes-droites.

Combattre le néofascisme en appliquant sa politique, c’est la formule de Frederiksen.

Voire des partis sociaux-démocrates non seulement adopter le discours raciste des néofascistes mais appliquer leur politique est une catastrophe pour le mouvement populaire. Le racisme se voit légitimé et les partis d’extrême-droite loin d’être affaiblis sont au contraire renforcés par ces politicards médiocres, sans éthique ni convictions que sont Starmer ou Frederiksen.

Le pire de la social-démocratie se révèle à travers eux faisant surgir les fantômes des assassins de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht et des acteurs des pires aventures colonialistes. La tentation à laquelle nous devons résister est de qualifier ces politiques de social-fascistes. Mais résister jusqu’à quand et jusqu’où ?

AM 

Source : https://nbh-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com/2025/10/starmer-et-frederiksen-le-pire-de-la-social-democratie.html

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