
Après les agressions qui ont eu lieu dans un bus, à Brest (Finistère), le vendredi 27 décembre 2024, une réunion de crise a eu lieu ce lundi 30 décembre… sans le syndicat CFDT qui l’a réclamée. Les représentants du personnel sont furieux. La direction maintient le service : les bus et tramway circuleront normalement ce soir et au réveillon du Nouvel an.
Par Lucile VANWEYDEVELDT.
Bus et tramway circuleront dans tous les quartiers de Brest (Finistère) jusqu’à minuit quarante, dès ce lundi soir, y compris au réveillon du Nouvel an. C’est la décision prise par la direction du réseau de transport brestois, Bibus, après la réunion de crise qui a eu lieu ce lundi 30 décembre 2024.
« Une décision hors sol », tempête le syndicat CFDT, qui réclamait une poursuite des mesures de protection pour les conducteurs, à savoir un arrêt du trafic à 22 h.
« Scène de panique »
Vendredi 27 décembre 2024, sur l’avenue Victor-Le-Gorgeu, une bagarre a fait quatre blessés, dont deux graves. Elle a également laissé des traces au sein du personnel. Deux bandes d’adolescents se sont affrontées sur le site de la fête foraine du Luna Park, à Guilers. Les violences se sont poursuivies vers 20 h 30, à l’arrêt de bus, non loin du pont Robert-Schuman, au Bergot, quartier de Bellevue. Certains seraient montés dans un bus et y auraient frappé d’autres jeunes. Des vitres du véhicule ont volé en éclats.
« Il y a eu une scène de panique à bord du bus, obligé de s’arrêter, indique Sébastien Pellennec, représentant du personnel. Le chauffeur, en arrêt de travail, est traumatisé. Les conséquences de ce genre d’incident sur le personnel sont graves. Par deux fois, dans le passé, cela a abouti à une démission et à une inaptitude à travailler. Un protocole existe en cas de violences, pourquoi n’est-il pas appliqué ? » Samedi et dimanche, les trajets de certains bus ont été modifiés et le service a été arrêté à 22 h.
Le syndicat CFDT, majoritaire au sein du réseau de transports, est furieux d’avoir été écarté des discussions entre la direction de Bibus, Brest métropole et les forces de l’ordre.
« La parole des salariés a été ignorée, constate Sébastien Pellennec. On cherche à minimiser les faits d’agression. Les bus ne peuvent circuler comme si de rien n’était le 31 décembre, alors que Bibus est souvent pris pour cible la nuit du réveillon. »
Ce soir-là, 40 salariés seront sur le pont et derrière le volant. « Dès demain, nous allons leur écrire afin de leur rappeler leur droit de retrait en cas d’incident sur le réseau. À chacun ensuite de prendre sa décision. »
Deux agents de sécurité en renfort
Une mesure est mise en place par la RATP-Dev qui gère le réseau : la présence de deux agents de sécurité, en voiture, dans les quartiers de Bellevue et de Pontanézen. « Un renfort permet de renforcer le sentiment de sécurité », témoigne Fabienne, une conductrice.
« C’est insuffisant », estime le syndicat qui regrette l’absence de déviation et d’ajustements horaires. « Il y a deux ans, un bus avait été pris pour cible et un véhicule incendié, rappelle Luc Daniel, représentant du syndicat national des transports urbains. Ce sont des traumatismes qui marquent une vie chez un conducteur. Nous regrettons que l’entreprise ne place pas l’humain au sein de ses préoccupations. »
Contactée, la direction n’a pas souhaité s’exprimer au moment de la publication de cet article. Le réseau Bibus compte actuellement 530 salariés, dont 370 chauffeurs. L’enquête sur les faits d’agressions est toujours en cours, sous l’autorité de parquet de Brest. Dimanche soir, les gardes à vue de quatre personnes soupçonnées d’être impliquées avaient été levées.
°°°
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/trois-jours-apres-des-violences-dans-un-bus-a-brest-le-service-reprend-normalement-of-fr-30-12-24/