L’association France Palestine solidarité et le collectif Lorient la combative relatent plusieurs faits de contrôles de police sur des personnes arborant le drapeau palestinien lors du dernier Festival Interceltique de Lorient (Morbihan). Ni la police, ni la préfecture n’ont souhaité répondre à nos questions.
Par Pierre WADOUX.
Il y a 20 ans exactement, la Palestine était au cœur du Festival interceltique de Lorient (Morbihan). D’aucuns se souviendront peut-être du Bagad Guirab, composé de réfugiés palestiniens invité au festival, défilant notamment à la Grande Parade. Ils avaient été chaleureusement accueillis et applaudis.
Deux décennies plus tard, des festivaliers arborant les couleurs de la Palestine sur un drapeau ont fait l’objet de contrôles d’identité. C’est ce qu’a dénoncé l’association France Palestine Solidarité (AFPS), dans un courrier envoyé à la direction du Festival le 10 août. Elle relève deux incidents. « Le jeudi 7 août, alors qu’une trentaine d’adhérents du collectif distribuent des tracts à proximité du Palais des Congrès, l’un d’eux porte un drapeau palestinien. Des policiers interviennent, procédant au relevé de son identité ». Le même jour, un Italien aurait, selon l’association, « été contrôlé à plusieurs reprises, les policiers lui intimant l’ordre d’enlever le drapeau qu’il porte autour du cou ».
Jean-Philippe Mauras, directeur artistique du FiL, avait aussitôt assuré que l’organisation de l’Interceltique « n’a donné aucune instruction concernant le port du drapeau palestinien, encore moins une interdiction ».
« Au moins une dizaine de contrôles »
« Ces Palestiniens invités en 2005 et 2007 à Lorient étaient expulsés de leur terre, entassés dans des camps en Cisjordanie, ou réfugiés au Liban, rappelle le collectif militant Lorient la combative. Le message de solidarité et de tolérance ne saurait être oublié aujourd’hui : arborer un drapeau palestinien n’est pas un délit ».
Le collectif relate, à son tour, « plus d’une dizaine de contrôles d’identité » qui auraient été effectués sur le festival pour ce motif.C’est lecas de Grégoire et Erwann, le 3 août, dans le public de la Grande Parade. « Nous avions déployé une banderole de soutien au peuple palestinien, victime d’un génocide, témoigne à Ouest-France Grégoire, 25 ans. Mais des gens ont appelé les forces de l’ordre. Les policiers nous ont mis à part, nous ont fouillé puis nous ont conduits au commissariat pour un contrôle d’identité. On nous a questionnés pour savoir si nous faisions partie d’une organisation. Ça a duré deux heures… »
Erwann, 23 ans, a été à nouveau contrôlé, drapeau sur les épaules, le 7 août. « Vers 23 h, par trois CRS, Quai de la Bretagne, décrit le jeune festivalier. Ils m’ont donné l’ordre de retirer mon drapeau et contrôlé mon identité. Un peu plus tard, devant le Kleub, 5 CRS m’ont entraîné à part et, là encore, m’ont demandé d’ôter mon drapeau. Ils m’ont assuré avoir un arrêté. Pour moi c’était un prétexte ».
Un tel arrêté existe-t-il ? Nous n’en avons pas trouvé trace sur le site de la préfecture, qui n’a pas souhaité répondre à nos questions. Pas plus d’arrêté sur le site de la mairie. Le commissariat de Lorient n’a pas, non plus, voulu faire de commentaires.
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