À l’occasion du 8-Mai et des commémorations de la Victoire de 1945, nous retraçons l’histoire de quelques grandes figures de la résistance en Cornouaille. De Quimper à Douarnenez, en passant par Concarneau jusqu’à Pont-l’Abbé, voici les destins de trois femmes et d’un homme lors de la Seconde Guerre mondiale. Pour ne pas les oublier.
1-À Quimper, Alice Richard, alias Armen, la caissière d’hôtel cheffe des renseignements
Dans le dos de l’occupant, elle organise la confection de faux papiers pour soustraire des jeunes au Service du travail obligatoire (STO), leur ravitaillement, leur hébergement puis leur évasion avec des aviateurs alliés vers l’Espagne. En mars 1944, un résistant torturé la trahit et livre son nom. Les Allemands n’en reviennent pas : Alice est Armen, elle était là, sous leur nez. Elle est arrêtée le 17 mars 1944, et déportée à Ravensbrück. Elle survit et est rapatriée en avril 1945, en échange de prisonnières allemandes. De retour à Quimper, elle organise le comité des œuvres sociales de la Résistance, et se tient aux côtés des familles de déportés et fusillés finistériens. Elle meurt en 1947. Elle n’aura jamais ouvert sa librairie.
Alice Richard a été décorée de la Croix de guerre, de la médaille de la Résistance, d’un diplôme du gouvernement britannique pour l’aide apportée aux aviateurs alliés. Une rue de Quimper porte son nom.

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2-À Concarneau, Louise Montfort, celle qui a remis la lettre de reddition aux Allemands
« Pour la France… », lance ce 20 août 1944 le capitaine Mercier, chef des FFI (Forces françaises de l’intérieur), à son agent de liaison. « Pas besoin de discours ! », lui répond alors la jeune femme de 23 ans lui faisant face, prenant la lettre de reddition à remettre en mains propres au chef des forces allemandes à Concarneau. « Je suis partie décontractée. Je n’ai pas eu peur. J’étais calme. J’étais persuadée d’être tuée », racontait Louise Montfort 70 ans plus tard dans un livre. Elle ne faillit pas à sa mission de diplomate, et le commandant de la place de Concarneau accepte, et demande à ses troupes de partir, saluant la jeune femme. Concarneau est libérée des Allemands. Engagée depuis 1943 avec le Front national de lutte pour l’indépendance et la Libération de la France, elle effectue plusieurs missions de liaison. À la Libération officielle de Concarneau, le 25 août 1944, le chef des FFI la met à l’honneur, seule, devant les troupes. Elle a ensuite participé au siège de Lorient, jusqu’à la Victoire de 1945. Morte en 2020, à 99 ans, Louise Montfort a été décorée de la Croix de guerre.

3-À Pont-l’Abbé, Louis Lagadic, le saboteur fusillé au Mont-Valérien
En ce début d’après-midi du 5 avril 1944, à la forteresse du Mont-Valérien, à Suresne, un prisonnier s’approche. Il va être passé aux armes par les autorités allemandes. Peut-être repense-t-il aux mots de sa dernière lettre à sa mère. « Toi chère maman à qui je n’ai jamais fait beaucoup plaisir, toi qui toujours t’es tant privée pour moi, tu auras quand même la consolation d’avoir eu un fils qui aura fait son devoir… »
Communiste au début de la guerre, il s’engage en janvier 1942 au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP). Pont-l’Abbiste, il est coresponsable de l’Organisation spéciale, structure clandestine du PCF, dans ce secteur. Avec son équipe, il réalise diverses opérations de sabotage : explosions de ponts de la voie ferrée entre Tréguennec, Pont-l’Abbé et Tréméoc ; plasticages de transformateurs électriques ; incendies des usines de Plonéour-Lanvern.
Arrêté le 19 octobre 1942 par les gendarmes français et les renseignements généraux, au joug de l’Occupant, il est emprisonné, puis condamné à mort.
Louis Lagadic est « Mort pour la France ». Il n’avait pas 22 ans.
Une rue de Pont-l’Abbé porte son nom, où est affichée une plaque commémorative.

4-À Douarnenez, Antoinette Bondu, ou “Mademoiselle X” pour les Anglais
Elle est nantaise, mais c’est à Douarnenez que son histoire a vraiment basculé. Antoinette Bondu n’a même pas 17 ans quand elle s’engage dès 1940 dans le réseau nantais Bocq-Adam, lié à celui des Résistants du musée de l’Homme, en tant qu’agent de liaison. Ses missions : aider à l’organisation des évasions de membres des Forces françaises libres (FFL) vers l’Angleterre et le général de Gaulle, notamment depuis Douarnenez. Mais alors qu’elle doit embarquer le 4 janvier 1941 sur La Monique depuis le port de la cité penn-sardin assiégée, elle est arrêtée, tout comme les autres membres du réseau, lors d’une descente de la Gestapo dans les hôtels de la ville au petit matin. Elle arrive toutefois à s’enfuir avec trois compagnons vers le sud et Marseille, d’où elle embarque pour Gibraltar. Le bateau en difficulté dans une tempête, elle est recueillie par un navire britannique, qui la rapatrie en Angleterre en août 1941. Son arrivée est très relayée par la presse locale, qui la surnomme “Mademoiselle X”.
Encore mineure, elle s’engage dans le Corps des Volontaires Françaises (CVF). Elle devient ambulancière sur des fronts au Maghreb, en Italie et en France jusqu’à la fin de la guerre. Sans repasser par Douarnenez. Elle a été faite chevalier de l’Ordre national du Mérite et décorée de la médaille de la Résistance et de la Croix de guerre. Antoinette Bondu a terminé ses jours à Nice, en 1993.

Sources Internet et données libres : francaislibres.net ; france-libre.net ; museedelaresistanceenligne.org ; memoiredeguerre.free.fr ; lesamisdelaresistancedufinistere.com ; bigouden1944.wordpress.com ; lesresistances.france3.fr ; et le compte X (ex-Twitter) Paroles de Combattants de la Libération (@paroles_la), tenu par l’écrivain Jean-Christophe Notin.
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