
12.08.2025
« Tout pouvoir politique vient du canon d’un fusil », disait Mao Zedong. C’était l’époque de la guerre civile, quand le Parti communiste menait une lutte pour la survie contre les forces supérieures du Kuomintang. Le Parti communiste est au pouvoir depuis déjà 76 ans, et la question du contrôle sur les troupes est redevenue pertinente. Certains commandants ont touché aux caisses du trésor, et le dirigeant de la Chine doit rétablir l’ordre. Les enquêtes concernent plusieurs membres de la Commission militaire centrale (CMC), qui sert d’organe principal de contrôle du parti sur les forces armées.
Il semblerait que les forces armées chinoises soient plus fortes que jamais. Ses navires de guerre naviguent dans les océans Pacifique et Indien, ils se rendent même dans la mer Baltique. Les forces de missiles augmentent leur puissance de 100 ogives nucléaires annuellement. Les avions militaires de la Chine effectuent de plus en plus souvent des raids démonstratifs autour de Taïwan. « Tous les quelques mois, la Chine dévoile au monde ses nouveaux types d’armements, tels qu’un chasseur furtif ou un nouveau type de navire de débarquement », écrit le The New York Times.
Dans leur structure interne, les forces armées chinoises traversent le bouleversement le plus important de ces dernières années. Trois des sept sièges de la CMC, l’organe par lequel le parti tâte le pouls de l’armée, restent vacantes. Les personnes qui occupaient ces postes ont été arrêtées ou ont simplement disparu.
Parmi eux, le général He Weidong, vice-président de la CMC, que dirige personnellement le président Xi Jinping. Le général He a disparu du champ de vision, ce qui a fait naître des suppositions qu’il était visé par une enquête. Le deuxième commandant de haut rang évincé de la CMC est l’amiral Miao Hua, responsable du travail politique dans les troupes. Il a été retiré « pour violation grave de la discipline ».
Le fondement de cette purge n’est pas politique, mais financier. Les chefs militaires tentaient de s’enrichir aux dépens du trésor ou de leurs subordonnés. L’amiral s’est révélé être l’un d’une dizaine d’officiers et de directeurs d’entreprises du complexe militaro-industriel qui font l’objet d’une enquête depuis 2023.
Ely Ratner, ancien conseiller du secrétaire américain à la Défense sous l’administration de l’ex-président Joe Biden, affirme que les purges auraient pu affecter le travail de l’appareil de hauts fonctionnaires et engendrer des doutes au sein de la direction du pays quant à la capacité opérationnelle de l’armée.
Les analystes américains affirment que Xi doit s’assurer de la loyauté absolue de l’armée et de ses commandants, car en 2027 il compte présenter sa candidature au poste de secrétaire général du Comité central du PCC pour un quatrième mandat. Cependant, une autre version est aussi évoquée. 2027 est l’année du centenaire de la formation de l’Armée populaire de libération. Pékin prévoit pour cette date mémorable de mener une opération de réunification de Taïwan avec la patrie.
La Chine ne mène actuellement aucune guerre. En temps de paix, de telles purges sont admissibles, elles ne menacent pas la sécurité du pays. La disparition du général He Weidong et de l’amiral Miao Hua est une information que les experts ne remettent pas en question. Cela s’est produit il y a plusieurs mois. Les purges, qui ont touché plusieurs dizaines de personnes, ont commencé en 2023. Elles ont concerné en premier lieu les forces navales et les forces de missiles. Ces branches d’armée se développaient de manière extraordinairement rapide. L’État allouait d’énormes sommes d’argent à cela. Il y avait des commandes pour la construction d’infrastructures, de nouveaux types d’armes. Et c’est là qu’il a été découvert que des abus étaient commis. Certains généraux s’étaient entourés de subordonnés fidèles qu’ils promouvaient dans leurs carrières. Ce phénomène n’est pas unique. Des choses similaires se produisent dans d’autres pays également.
Xi Jinping estime que la Chine pourrait bientôt faire face à une crise externe, soit à cause de Taïwan, soit à cause de l’opposition des États-Unis et de leur allié, les Philippines, au renforcement des positions de Pékin en mer de Chine méridionale. Cela pousse le président chinois à intensifier la lutte contre la corruption.
Alexandre Lemoine
Source : https://www.observateur-continental.fr/?module=articles&action=view&id=7159
URL de cet article : https://lherminerouge.fr/xi-jinping-procede-a-une-purge-dans-les-rangs-de-larmee-observateur-continental-12-08-25/